-Harry

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(If You Want Love_NF)

Je soupire une nouvelle fois dans l'obscurité de la chambre qui m'angoisse encore plus. Je pense à demain. A l'arrivée de monsieur le maire que j'appelais autre fois mon père. A son futur discours dans cet amphithéâtre où je vais devoir m'assoir.

Et ça me ronge de l'intérieur. Ça me donne envie de sortir d'ici et d'aller supplier de l'alcool dans un bar. Ça me donne envie d'être ivre, de ne plus savoir dissocier l'imaginaire de la réalité.

Ma respiration se fait plus lourde et je regarde en direction de mon armoire que je peux à peine apercevoir dans le noir. Je sais ce qu'il y a à l'intérieur. Je sais ce qu'il y a dans la poche du dernier jean de la pile. Ce petit sachet que je n'ai pas eu le courage de rajouter dans les poubelles que Louis est allé jeter.

C'est seulement parce que je sens le corps de Louis contre moi que je tourne à nouveau la tête, essayant de la vider alors qu'elle ne fait rien d'autre que surchauffer. Je me pince les lèvres et le silence dans la chambre devient soudainement assourdissant. Je commence à avoir chaud et j'attrape rapidement mon téléphone.

Je baisse le son puis clique sur une musique. Je regarde Louis contre moi. Il ne bouge pas, il dort beaucoup trop bien pour se réveiller. Et je culpabilise soudainement en réalisant qu'il n'a dû beaucoup dormir cette semaine à cause de moi.

J'ai simplement besoins de temps, d'essayer de me résonner
J'ai simplement besoins d'un moment dans mon havre de paix
Demande-moi comment je vais, je te dirais "OK", ouais
Mais n'est-ce pas ce que nous disons tous?
Parfois je ressasse le passé
Les conversations inutiles avec mon ancien moi
Ouais, lorsque ma mère avait l'habitude de m'enlacer

Les paroles me percutent. Les paroles me traversent. Non, me transpercent. Beaucoup trop de scènes se jouent dans ma tête. Gemma, Edward et moi petits, riant avec maman sur le canapé devant un film ou riant dans l'immense salle de jeux que notre père nous avait fait construire. Combler le vide de son absence par une grande salle aussi vide. Nous n'en avions rien à faire de cette salle, nous préférions encore être tous collés dans le canapé.

Mon coeur se pince et, instinctivement, je resserre Louis contre moi. Toujours endormi, il lâche un petit souffle puis se colle un peu plus à moi, calant son visage entre mon épaule et le creux de mon cou.

J'aurais souhaité que quelqu'un me dise
Si tu désires l'amour, tu devras outrepasser la peine
Si tu désires l'amour, tu devras apprendre à changer
Si tu désires la confiance, tu devras en donner en retour

Les mots qu'il m'a lâché plus tôt tournent en boucle dans ma tête. Qu'il tient à moi. Qu'il a peur pour moi. Qu'il veut prendre soins de moi. Qu'il ne veut pas me lâcher même lorsque je le blesse. Et, il ne le sait pas, mais si j'ai envoyé ce mail, c'est autant pour moi que pour lui. Parce que je sais que je continuerai de le blesser tant que je n'irai pas mieux.

Alors je veux aller mieux pour arrêter de le blesser.

Ecoute, petit je pensais que la vie
Avançait tellement doucement, je la voyais défiler
Regardant par la fenêtre lors de mes trajets en bus
Je trouvais que le monde était si petit, à travers mes yeux fermés
J'ai toujours tenté de contrôler les choses
Au final c'est ce qui me contrôle

Le temps est suspendu depuis que tu es mort, Edward. Et tout va soudainement s'accélérer lorsqu'on va enfin rétablir la vérité. Alors j'essaie de respirer pour me préparer à ce sprint final sans même Savoie où est-ce qu'il va nous mener. Ce serait mentir de dire que je ne suis pas effrayé.

Mais aucune peur n'est pire que celle de réaliser qu'avec toi, je ne grandirai plus jamais.

Plus je vieillis, plus je me rends compte que j'essaie de gagner du temps
Parlant aux voix dans ma tête, elles me font y repenser deux fois
Me disant que cela n'est pas forcément faux parce que cela fait du bien
J'ai peur qu'un jour je me réveille et me demande où est passé le temps
Parlant du passé comme si c'était le présent pendant que je bascule lentement

Je ne sais plus à quel temps conjuguer ma vie sans toi.

Le passé me fait pleurer, le présent me fait hurler et le futur m'effraie.

OVERDOSE [L.S] ✓ AUTOEDITÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant