-Harry

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Je ne sais pas vraiment comment je me sens. Je suis heureux et triste à la fois. Confiant et apeuré. Soulagé mais le coeur serré. Je peux encore sentir ma main trembler. Ça y est, je l'ai fait. J'ai lâché notre secret. J'ai fait exploser la vérité.

Bientôt tu pourras t'envoler.

J'ose enfin relever la tête. Et tout ce que je vois, ce sont ces étudiants , ces gens aux regards choqués autour de moi. Leurs regards passent de l'écran de leur téléphone à mes yeux. J'y lis de la surprise, de la peine pour certains, peut-être même de l'amusement pour les moins emphatique.

Mais je sens surtout cette main qui glisse jusqu'à la mienne.

Mon coeur, malgré qu'il soit perdu, sait très bien retrouver son chemin lorsqu'il s'agit de la main de Louis.

Ce dernier tourne la tête vers moi, un sourire sincère et désolé sur les lèvres. Je crois que lui non plus ne sait pas vraiment comment agir ou ne sait pas ce que je ressens à l'instant. C'est comme si tout s'accélérait autour de nous mais que nos mains enlacées et nos corps marchant l'un contre l'autre restaient au ralenti.

Je me sentais prêt à lâcher cette vérité. Mais suis-je maintenant prêt à voir la mort de mon frère devenir une plus grosse réalité? La cacher, c'était aussi essayer de faire comme si ça n'avait jamais existé. Comme si sa mort n'en était pas vraiment une. Mais c'est le cas et plus personne ne pourra la cacher aujourd'hui.

Mon frère est parti.

Je prends une plus grande inspiration avant de serrer la main de Louis dans la mienne. Je sens son regard se poser sur moi. Il fait tellement attention à moi que je réalise à nouveau que ce sentiment de solitude que je ressentais au passé n'existera plus au futur.

-« Je ne veux pas rester ici. » Je murmure à Louis sans pouvoir le contrôler.

Il me regarde tristement, comprenant directement ce que je sous-entend. Je ne peux pas rester sur le campus lorsque tous les étudiants se retrouvent à lire cet article que je ressens comme une délivrance et une souffrance en même temps.

C'est comme être affronté à la mort d'Edward une seconde fois.

-« Alors suis-moi. » Me répond Louis avant d'accélérer le pas.

Je fronce légèrement les sourcils, surpris, mais je suis beaucoup trop absent à cet instant pour répondre quoi que ce soit. Alors, c'est ce que je fais. Je le suis jusqu'aux dortoirs où il nous mène avant de d'abord se diriger vers ma chambre. Mais même en sortant les clefs de cette dernière, je ne me sens toujours pas assez loin.

Louis nous fait entrer dans ma chambre et, une fois la porte fermée, il vient déposer un long baiser sur ma joue. Je soupire à ce contact, passant mes bras autour de sa taille pour l'avoir toujours plus proche de moi.

Lorsqu'on s'est rencontré, au début de notre histoire, je fuyais ce que je suis en train de faire. M'accrocher à lui. Accepter de me laisser aider. Accepter que lorsque mes jambes sont trop lourdes à porter, les bras de Louis sont là pour prendre le relais.

Ses lèvres laissent de long et doux baisers sur ma joue, passant par ma mâchoire, et glissant enfin jusqu'à mes lèvres. Et j'aime tellement l'idée de revenir sur Terre grâce à ses baisers. Mais c'est plus fort que moi. J'ai cette impression d'étouffer à moitié avec ce qui est en train de se passer et je sais que Louis le comprends lorsque mes lèvres arrivent à peine à répondre à ce baiser. C'est comme si j'étais épuisé.

J'ai toujours tout refoulé depuis que Edward est parti. Refoulé dans la colère, dans les drogues, dans l'alcool, dans le sexe, dans la haine, dans la solitude.

Rare sont les fois où je me suis laissé être à terre. Où j'ai laissé la tristesse prendre le dessus. Et c'est comme si ce moment arrivait enfin. Dans les bras de Louis, je laisse une première larme s'échapper sans que je ne puisse le contrôler.

Louis se pince tristement les lèvres, passant son pouce sur ma larme avant de déposer un dernier baiser sur mes lèvres et de s'éloigner.

Maintenant dos à moi, je le vois se diriger vers le placard de ma chambre pour en sortir le sac que j'avais emmené pour les vacances chez lui.

-« Qu'est-ce que tu fais? » Je trouve la force de demander tout bas.

Louis tourne la tête vers moi en souriant tristement avant de s'avancer pour retrouver ma main et me murmurer:

-« Et si on partait en week-end à Bristol plus tôt que prévu? »

OVERDOSE [L.S] ✓ AUTOEDITÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant