Lorsque je me réveillai, je ne sais combien de temps plus tard, la première chose que je vis fut le ciel. Un magnifique ciel bleu pastel, parsemé de tâches blanches cotonneuses. Je passai doucement la main par terre. De l'herbe, recouverte de minuscules gouttelettes d'eau.
J'avais, très rarement, eu l'occasion d'en voir, jamais d'en toucher, à travers la vitre d'un patio réservé aux sentinelles.
Soudain, me souvenant de ma situation, très critique, je me redressai. Un mal de crâne épouvantable me fit me recoucher. Des tas de questions m'assaillirent. Que s'était-il passé, après que le traître m'ait assommée ? Où était-il maintenant ? Et surtout, pourquoi ? Pourquoi m'avait-il aidé ? On ne se connaissait pas.
Je me redressai à nouveau, plus lentement, cette fois-ci. Un sac noir, rempli de la nourriture infâme servie à Kelazann, était posé à mes pieds, ainsi qu'un pantalon, un sweat à capuche, et une veste en cuir, noirs eux aussi. Enfin, il y avait un bout de miroir cassé.
- "Change-toi."
Ces deux mots me firent sursauter, je n'avais pas vu qu'il était toujours là.
- "Moi, c'est Owen", ajouta-t-il.
Il ramassa un bout de pain rassis dans le sac, le rompit en deux, enfourna une moitié dans sa bouche, et me tendit l'autre.
- " Ils pourraient faire mieux, niveau bouffe, dans leur trou à rat", railla-t-il, avec un haussement d'épaules.
Ici, sous les rayons du soleil, il paraissait tellement plus vivant que sous la lumière blafarde de la prison. J'enlevai le vieux tee-shirt sale et râpé de la prison pour enfiler les nouveaux tissus.
Cette tenue était beaucoup plus confortable que celle que je portais à Kelazann. Ils sentaient le vieux et le renfermé.
- "D'où proviennent-ils ?", lui demandai-je en tirant sur le cordon du sweat.
Il me regarda, gêné. Il me tourna alors le dos, faisant mine de regarder le paysage tout de vert vêtu qui s'étendait sur des kilomètres.
- "T'occupe."
Je sus qu'il ne fallait pas insister plus. Je me relevai et me plaçai à son côté. Au bout de l'étendue herbeuse, on pouvait voir d'immenses choses d'acier. Des arbres à l'allure menaçante se dressaient de chaque côté de la plaine, comme pour nous encercler et nous empêcher de fuir. Je m'interrogeais sur l'utilité de leur existence quand Owen surprit mon regard.
- "Là-bas, c'est la ville. Il pivota et me montra le point opposé. Et là, c'est Kelazann. Nous allons donc partir... Il pointa du doigt ma gauche. Par là !
- "Et où va-t-on ? lui répondis-je du tac au tac.
- Aucune idée. Il haussa les épaules. Je n'ai pas de famille, ni d'amis. Nous allons devoir nous débrouiller par nous-mêmes.
J'acquiesçai silencieusement. Il attrapa le sac et me lança une miche de pain que j'attrapai au vol, et me mit à enfourner goulument dans ma bouche. Une fois que j'eus fini de manger, il me fit signe de le suivre, et nous commençâmes notre périple.
Je ne savais toujours que penser de ce garçon. Il appartenait aux sentinelles de Kelazann, il m'avait assommée, et s'était enfui avec moi, ruinant ainsi mes chances de voir le directeur.
D'un autre côté, il m'avait sortie de ma case infâme. Mais ce n'était pas de liberté dont j'avais besoin. C'était de réponses.
- "Ramène-moi à Kelazann."
Je m'étais arrêtée. Il se retourna et me regarda, les yeux ronds.
- "Comment ça, tu veux que je te ramène ?
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fugitifs
FantasyDepuis combien de temps suis je ici ? Je ne saurai le dire... Ma vie ne peut pas être résumée à cette cellule. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi suis je ici ?