- Cette grande ville -

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Je m'arrêtai aux abords des premières habitations. Elles ressemblaient à ma case, mais avec des fenêtres. Et en plus grand. Et sans barreaux. Elles semblaient tristes et froides, du même béton que le sol de Kelazann, pour finir. Toutes les maisons se ressemblaient. Mais surtout, elles étaient entourées d'une muraille transparente.

C'est alors que je la vis. Une route, bien plus importante que tous les chemins que j'avais empruntés jusque là. Dessus, des voitures avançaient à une vitesse fulgurante, des voitures en métal gris, plus ou moins foncé.

D'instinct, je pensai à cacher ma chevelure qui ne passait pas inaperçue, contrastant avec la couleur morne du ciel. Je rabattis alors ma capuche sur mon visage, et m'approchai des grandes portes en acier blindé, flanquées de quatre sentinelles en armure noire, et armées jusqu'aux dents.

Je m'avançai d'un pas décidé vers cette porte, plaquant ma capuche sur mon crâne. Arrivée à la hauteur des deux mastodontes, j'élevai la voix et dis :

-" Auriez-vous la gentillesse de m'ouvrir la porte, s'il vous plaît ?"

Le premier, qui avait l'air franchement con, se mit à rire.

-" Tu entends ça, Marius ?! Elle pense qu'elle peut entrer comme ça !

- Avez-vous un E-pass ? demanda ledit Marius."

Fait chier. C'est quoi ce truc ?

-" J'ai du le perdre en chemin, désolée.

- Tu te fous de nous, gamine ? C'est quand même vachement compliqué de perdre une puce électronique implantée dans la main !

- Ne te fâche pas enfin, Julien. Je suis sûr qu'on peut trouver un arrangement." Ses lèvres s'étirèrent dans un rictus pervers.

J'eus un mouvement de recul. Je réussi à contenir mon dégout afin qu'il ne paraisse pas sur mon visage. Julien me regarda de haut en bas, comme pour juger de ma valeur. Puis il ricana en regardant mon compagnon.

-" Tu commences ?"

Répugnant. Je n'entrerai pas dans cette ville, et, en plus de cela, des hommes abjects abuseraient, encore une fois, de mon corps.

Ils commençaient à s'approcher de moi, leur regard se posant sur mes formes. Je reculai, terrifiée. Le dénommé Marius commençait à me retirer ma veste, tandis que l'autre me maintenait les poignets.

Julien approcha son visage de moi, assez près pour que je puisse sentir son haleine. Je détournai la tête brusquement, faisant, par la même occasion, tomber ma capuche.

Marius me regarda alors avec de grands yeux. D'une voix terrifiée, il s'exclama alors :

-" T'as vu ça, Julien ? Elle a les cheveux bl... " Il n'eut même pas le temps de terminer sa phrase. Ses yeux devinrent vitreux, un filet de sang s'écoula sur son menton. Il s'affaissa sur le sol, dans un nuage de poussière. Puis la tête du second garde se renversa en arrière dans un craquement sinistre.

Je tombai à genoux. Je regardai les deux cadavres qui gisaient à mes pieds, sans comprendre comment ils étaient morts. Soudain, des rangers noirs apparurent dans mon champ de vision. Je détaillai alors le corps de ce garçon de bas en haut, jusqu'à arriver à son visage. Une cicatrice, souvenir de nombreux combats menés, barrait sa joue gauche. Ses cheveux bruns ébouriffés entouraient son visage au port altier. Je remarquai un tatouage sur son épaule droite, sans comprendre sa signification : un croissant de lune orné de trois points, comme déposés à la pointe d'une plume.
Il me regarda de ses grands yeux marrons, une lueur féroce les traversant. Puis, d'un signe de tête, il m'invita à le suivre dans cette grande ville.

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