Je retirai en douceur le bandage, à présent imbibé de sang. Je grimaçai. La blessure n'était vraiment pas belle à voir. Les marques laissées par les crocs du chien étaient profondes.
- "C'est moche, n'est-ce-pas ? Je l'ai vu à ton expression."
Je l'observais. Son visage était pâle, de la sueur collait ses cheveux bruns. Ses dents et ses poings étaient serrés, et ses yeux se fermaient sous le coup de la douleur.
Je posai ma main sur son front, qui se révéla brûlant. Il ne survivrai pas plus de plusieurs heures, s'il n'était pas soigné correctement.
Mes connaissances en médecine étaient bien trop minimes pour soigner une blessure d'une telle gravité.
Le sang ne coagulait pas, et continuait de s'écouler par la plaie béante.
-" Il faut que j'aille te chercher des médicaments, ou des pansements, tu... Je commençais à paniquer, la tension montait en moi. Owen m'interrompit, la voix mal assurée :
- Tu ferais mieux de partir sans moi. Je ne tiendrai pas 3 kilomètres." Il était épuisé de ces quelques mots, à peine audibles.
-" Il est hors de question que je t'abandonne, les chiens pourraient revenir, et... et..." Un noeud commençait à se former au fond de ma gorge, et les larmes embuaient mes yeux.
-" Je te dis de me laisser, et même si je survivais je te ralentirais." Chaque mot, chaque phrase était un véritable supplice, et sa poitrine se soulevait par à-coups, de plus en plus lentement.
-" Alors je partirai, vers la ville, prendrai tout ce qu'il te faut, et je te le ramènerai aussi vite que je le pourrai. Tu t'en sortiras, j'en suis sûre. Il le faut."
Cette fois je pleurais vraiment. Je ne pouvais retenir les larmes qui, maintenant, s'écoulaient le long de mes joues creuses.
Je me rendis alors compte que jamais auparavant je n'avais pleuré pour quelqu'un. J'avais peur qu'Owen parte, qu'il m'abandonne. Je ne voulais pas qu'il s'en aille. J'avais besoin de lui. Je sentis alors une main chaude sur mon épaule. J'ouvris les yeux, et regardai ceux, brillants de fièvre, d'Owen.
-" Ne t'inquiète pas. Ces mots n'étaient plus que des souffles rauques. Je m'approchai. J'ai quelque chose à te dire. Il toussa. Je... je ... "
Je ne sus jamais la fin de sa phrase. Il s'était évanoui.
Mon hésitation ne fut que très brève. Je pris le sac, lui laissai la couverture et de l'eau et partis vers la ville.
J'arrivai près d'un chemin en terre. J'avais le choix entre deux intersections : l'une partait vers la droite et vers la forêt, l'autre, vers la gauche et cet amoncellement de bâtiments que l'on distinguait au loin.
Je me dirigeai, sûre de moi, vers cette ville.
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fugitifs
FantasyDepuis combien de temps suis je ici ? Je ne saurai le dire... Ma vie ne peut pas être résumée à cette cellule. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi suis je ici ?