Cette nuit ne s'était pas mieux passée que la précédente, elle fut plus courte. Ce qui n'était pas le cas du séjour de notre invité qu'il ne cesse de prolonger encouragé par Charly et toute la clique.
Je le croise rarement, le plus clair de mon temps se partage entre mon minable travail et le trajet aller-retour qui me faut parcourir. Et bizarrement, tout cela n'est pas plus mal.
Je ne peux plus me le voir. Qu'est-ce qu'ils peuvent bien lui trouver, tous ? Hum, Anders, par-ci, Anders, par-là. À tous les écouter, on dirait qu'il s'agit d'un être exceptionnel qui nous fait l'honneur de sa présence. Charly est indéniablement le pire, plus à ses petits soins qu'aux miens. Ah ! Au moins, je mange ce que je veux sans qu'il ne le traque. Merci, qui ? Plutôt mourir que de le dire.
En garant mon vieux taco sur le banc de terre face à le petite immeuble de rapport, je remarque une silhouette proche de celle d'Anders sur le petit balcon de notre atelier qui disparait puis réapparait par l'intermédiaire de sauts.
En plissant les yeux, je remarque que le corps aux lignes dessinées ne peut correspondre à celui de Charly. De toute façon, aujourd'hui nous fêtons son jour de naissance.
Il n'aime ni me croiser au matin ni de la journée entière, c'est son rituel de disparaître loin de la ville. Son père proche du préfet de Wellingsburg leur dégotte toujours un laisser-passer valable quelques heures pour visiter une autre partie de Patlin sans qu'ils ne soient inquiétés par les Gardiens.
J'ai vécu une bonne partie de mon enfance dans un centre pour jeunes en détention dans le comté de Blur dit le « comté flou » au nord-est de Patlin.
Si Patlin a été déclaré zone sinistrée par la violence et la misère depuis sa création, le comté de Blur a été spécialement imaginer pour parquer les cas les plus extrêmes dès l'enfance.
Si il y avait un conte à partager dans ses endroits vides de tout espoir, ça serait celui de Nora L'enchanteresse.
Au centre, ils l'appelaient tous comme ça, non pas qu'elle fût faiseuse de miracles pour tous mais parce que son sourire avait un don. Celui de faire passer des jours meilleurs aux détenus. Je ne les croyais pas jusqu'au jour où je me suis enfuie, je l'ai rencontré sur la route de la fuite à seulement 12 ans.
Avant cela, j'étais placée au « carré VIP » du centre, la seule lumière capturée était celle échappée du bas de la porte de ma cellule. Cette période aurait pu être plus sombre si je n'avais pas d'alliés, ma première amie depuis la naissance, Sam. On n'était pas enfermées pour les mêmes chefs d'accusation mais on avait un seul sujet de conversation à chaque fois que les bâtonniers nous laisser nous retrouver, la Baie. Elle et moi sommes nées dans le comté de KennyRodgers, le havre de paix de la zone 3. Le seul endroit que je n'ai jamais rêvé de quitter où l'existence de la Baie et de Morphéepolis ne m'atteignaient pas.
KennyRodgers représentait un long moment l'image d'une enfance paisible passée aux côtés uniquement de ma mère. C'était l'unique comté où seul les femmes vivent seules avec leurs progénitures. Car aucun père n'est admis dans leurs vies. Je suis le fruit génétiquement naturel de ma mère et de vingt-trois autres paires de chromosomes masculins crées de toute pièce par le Ministère de l'Intérêt Général*. S'il se décrit comme celui qui nous veut du bien, je ne m'étalerai pas sur les commentaires qui sont coincés au travers de ma gorge à ce sujet depuis ses nombreuses années.
Pourtant, KennyRodgers est restée à mes yeux la terre foulée pour la dernière fois par ma mère avant qu'elle ne disparaisse. La nouvelle m'avait été apportée en soirée la veille de mon douzième anniversaire. Cette journée-ci, ses visites se faisant de plus en plus rares, je m'étais coiffée soigneusement comme elle l'aimait, tout avait été rangé dans ma cellule pour qu'elle ne me refasse plus aucune remontrance.
On m'avait remis son collier où était gravé son nom Sofia en m'expliquant que lors d'une récolte, elle avait pris un détour hasardeux sans que la suite n'ait jamais été identifié. Je ne me suis jamais séparée de la gravure de son prénom si bien que Charly l'avait transformé en bracelet lorsque je lui avais confié mon histoire pour qu'elle ne me quitte jamais.
KennyRodgers est le poumon de Morphéepolis, tout ce que la nature avait de plus pur et que le M.I.G** avait transformé se trouvait dans ce comté.
C'est le seul endroit où l'on trouve la paeonia, fleur symbole de la famille royale de l'Êta. Il paraît que partout à Morphée, on en trouve aux balcons de maisons. Elle considérée comme la fleur porte-bonheur et reste l'unique cultivée, démultipliée et déclinée en plusieurs couleurs étincelantes.
La mère de Samantha et la mienne faisaient parties de l'armée de petites mains les plus méticuleuses des ateliers où les pétales de la pivoine peu importe sa couleur est chérie comme un enfant tant attendu. C'est aussi une de raisons pour lesquelles le genre masculin avait été proscrit, ces femmes n'ont pas le droit à l'amour pour ne pas s'éloigner du bien commun.
Mes pensées furent interrompues par la silhouette bien portante de notre invité, dégoulinant de sueur.
*Ministère qui vous veut du bien est considéré comme le plus puissant puisqu'il régit l'identité nationale par les naissances et leurs contrôles mais aussi le grand test d'aptitude passé par tous élèves âgés de huit ans
**Abréviation pour Ministère de l'Intérêt Général
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Extra Baby Tome I: Siders
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