Chapitre 8

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Alors que je m'apprêtais à insérer les clefs dans la serrure de ma porte, je m'aperçus qu'elle était ouverte. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que c'était Eléana. Maintenant que je n'étais plus célibataire, il allait falloir penser à changer de serrure. La seule pensée de devoir lui parler altéra mon humeur. Je n'avais pas envie de la voir, je voulais penser à Aelina et à rien d'autre. Je ne voulais pas non plus qu'elle entache ce qu'il me restait de bonne humeur. La journée pourrie du boulot en avait déjà fait disparaître une bonne partie. J'entrai et retirai mon manteau en tentant de l'ignorer, mais ma supercherie ne prit pas. Eléana s'approcha de moi (trop près) d'une démarche beaucoup trop féline. Le ton de sa voix hérissa les poils de ma nuque. C'était suffisant pour comprendre qu'il fallait que je me méfie, quel'ombre d'un danger planait au-dessus de moi.

- Bonsoir, me susurra-t-elle. 

J'en ressentis un frisson de dégoût. Instinctivement je me reculai et répondis sur un ton monocorde :

-Bonsoir, Eléana. Que me vaut cette visite nocturne ? Mon ton était plus cassant que je ne le voulais, ce qui n'échappa pas à Eléana.

-Ça ne va pas ? Tu as l'air encore plus distant que d'habitude. Demanda-t-elle en insistant sur chaque mot.

-Si, si ça va. Sifflai-je.

 Malgré ma réticence, je me dirigeai vers la cuisine et lui proposait à boire :

-Tu veux boire quelque chose ?

Elle s'avança vers moi et prit une bouteille de champagne qui se trouvait sur la table et l'agita devant moi à la manière d'une amante.

- Pas la peine, regarde ce que j'ai ramené. Tu en veux un peu ? Ça te détendra. Tu sembles stressé ce soir. 

- Nous avons un événement à fêter ? (ma nouvelle relation amoureuse peut-être)

- Non, rien de particulier. Je veux juste passer un peu de temps avec toi autour d'une coupe.

- Vraiment ? Si c'est ce que tu souhaites alors...

Quelque chose dans son attitude m'indiquait qu'elle mentait. Elle n'était pas là par hasard. Elle nous avait peut-être vu Aelina et moi. Sic'était le cas, j'étais dans de beaux draps. Eléana était bien la dernière personne à qui je voudrais le dire. Je savais depuis très longtemps qu'elle était amoureuse de moi. Après tout, nous nous connaissions depuis l'enfance. Je soupirai et me frottai le visage.

- Très bien je veux bien partager une coupe avec toi.

Elle passa sa langue sur ses lèvres, ce qui me fit frémir.

- Génial. On le prend où ce toast ? Dans le salon ?

-Soit. Je vais ramener les coupes. Mais je t'en prie assieds-toi.

Eléana s'assit dans le fauteuil d'en face en veillant à croiser ses jambes, de manière à ce que je puisse voir la jarretière de ses bas. Cette position lascive et lourde de sens me rebutait et me donnait envie de fuir. Je fis mine de ne rien voir et apportai les coupes vides. Elle me tendit la bouteille pour que je la débouche. Je versai le champagne rosé dans les deux coupes et en donnai une à Eluana. Elle m'effleura la main en la prenant. Je m'empressai de la retirer et pris mon verre.

- Alors quoi de neuf ? Questionna-t-elle.

Je haussai les épaules

-Rien de particulier. Mon enquête piétine et mon boss n'est pas content. La réunion de ce soir ne nous a servi à rien car les preuves sont encore insuffisantes et le procureur nous a passé un savon, comme d'habitude.

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