Loup-Garou 2

Chapitre 15 : Jodie

Je ferme les yeux et serre les poings.

J'ai mal. Mal partout.

Tout d'abord au cœur, pour avoir vu Émeric dans ce lieu si malsain.

Il y a dix minutes, j'étais caché dans ce mini ascenseur, j'essayais de trouver le bon moment pour sortir et m'enfuir quand j'ai entendu la voix d'Émeric supplier un garde de ne pas faire du mal à quelqu'un. Là, je n'ai su me retenir et j'ai bondi hors de ce mini ascenseur pour foncer vers ce garde qui fouettait un garçon de mon âge.

S'il était le seul, j'aurais pu réussir à le battre. Le problème, c'est qu'ils étaient six.

Ils m'ont donc maintenu en me ligotant pour que je ne puisse plus bouger. J'étais devenue une vraie furie. Emeric... le dessous de ses yeux étaient noirs, il avait des bleus presque partout sur son corps, à vue d'œil, il a dû perdre au moins cinq kilos... qui peut oser s'en prendre à lui de la sorte ?! Et puis cette salle... elle ne ferait pas froid dans le dos si elle n'était pas remplie de personnes avec la peau sur les os, un chiffon à la place de vêtements, et plus aucune lueur dans leurs yeux.

Je hurlais tellement fort qu'ils ont dû aussi me mettre du scotch sur la bouche. Emeric, quant à, lui me tournait le dos, surement qu'il contenait pour ne pas venir m'aider... j'imagine que ça lui coûterait la vie de faire ça...

L'idée qu'il puisse être contenu dans un lieu si lugubre me révoltait. Pire, quand j'ai croisé le regard d'Emeric j'ai cru que je'allais tout détruire autour de moi, j'avais envie d'étrangler ces foutus gardes avec leurs fouets. Je n'ai jamais été dans un état pareil.

Ensuite, j'ai mal aux poignets.

Après avoir réussi à me maîtriser, le MDJ est arrivé, a choppé la corde qui entourait mes poignets et est reparti, me traînant à terre, et ce depuis une plusieurs de minutes.

J'ai eu le temps de me calmer, d'essayer de rassembler mes esprits et de commencer à formuler des arguments qui convaincront Bryan de libérer Emeric.

Et maintenant, tout le reste de mon corps me fait mal.

Il me traîne depuis tout ce temps dans la forêt. Le sol sableux est aussi jonché de petites pierres qui viennent me tailler au fur et à mesure la peau.

Je fronce les sourcils. Où m'emmène-t-il ? je n'ai pas l'impression que nous nous dirigeons vers le village depuis que nous sommes sorti du souterrain.

Soudain, il sort une phrase qui me glace le sang.

- Je m'apprête à dépasser la limite, dit-il, ne tirez pas sans mon autorisation.

Mon cœur s'emballe. M'emmène-t-il dans un endroit assez loin des caméras pour me tuer ? j'ouvre les yeux et aperçois certains gardes camouflés entre les branches des arbres me fixer à travers leurs jumelles. Prise de panique, je tente de me débattre, j'ai peur, oui. Je sais très bien qu'il m'emmène là-bas pour me faire du mal. Je ne veux pas, non, je ne veux pas mourir !

Je plante mes ongles dans ses avant-bras et continue de me débattre. Il râle et accélère la cadence. De mon côté, je lui lacère la peau en espérant qu'il me lâche.

Certainement exaspéré par mon comportement, il me soulève et me pose sur son épaule. J'essaye de lui donner des coups de pied mais il m'attrape les chevilles et m'empêche de les bouger. Je commence alors à lui donner des coups dans le dos à l'aide de mes poings, il n'a pas l'air de réagir.

Je ne peux pas mourir, il faut que j'aide Emeric à sortir de cet enfer... mourir maintenant serai l'abandonner... surtout que, si mon père ne m'a pas menti, à la fin du jeu, tous les assistants vont mourir...