II - Mollo Sur Le Destroy

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J'ai touché pour la première fois à la cocaïne à l'âge de 14 ans. C'était le soir du 31 décembre 2010, chez une amie de mon père. J'étais déjà bien attaqué, à cette époque-là, portant les cheveux très longs, des colliers en cuir clouté et prônant la trash life à qui voulait bien que je la lui prône. Je me collais déjà un paquet de dérivés de morphine, de méthaqualone et de joints de mauvais shit dans la gueule, à l'époque. Je n'avais pas encore compris que la fumette ne me convenait absolument pas, si bien que j'étais juste assez au ralenti pour incarner la caricature de l'ado attardé. Mais avec quelques micro-grammes de poudre blanche, j'allais accélérer ma vie et mon vieillissement cellulaire, donner du pep's à mes rencontres et accompagner à merveille mes redescentes d'MDMA. C'était la dope rêvée.

Sept ans plus tard, allongé nu sur mon futon vieux de 20 ans, je tentais péniblement de réveiller mon sexe endormi, sous l'œil attendri de la splendide jeune femme qui avait bien voulu se dénuder, elle aussi, pour que nous entamions la danse couchée dont parlait Oxmo Puccino. Impossible. J'avais bousillé mon système sensoriel quelques mois plus tôt à coups de cachetons d'ecstasy et de coke en guise de pousse-café. Par tristesse. Coucher avec d'anciennes conquêtes et même avec une jeune femme trans* n'avait rien changé à mon humeur. Alors, croyant arranger les choses, j'ai voulu ouvrir mon shawarma avec les drogues, jusqu'à devenir une éponge et ne plus vivre qu'à travers mon chagrin. Ma nana m'avait quitté en août de cette année-là. Elle honnissait les drogues dures et ceux qui en consommaient. Elle n'aurait rien perdu à me voir dans cet état-là. Je n'avais même pas pu dire au revoir aux enfants. Ça s'était fait par textos, froidement, un dimanche soir. En attendant, mes excès passés allaient me pourrir la vie et flinguer ma libido pour un moment encore, mais ça, je refusai de le voir, pensant avoir affaire ce soir à une 'petite panne".

*Oui, j'avais besoin d'exotisme. Dans un autre contexte, ç'aurait été divin !

C'est impressionnant de voir à quel point, nous les mecs, pouvons être primaires sur ce plan-là comme sur bien d'autres. L'humeur et la contenance d'un homme sont dues à 95% à sa virilité, et lorsque celle-ci commence à partir en week-end, là, il y a danger ! Vous n'imaginez pas le temps que l'on peut perdre à prendre conscience qu'il y a quelque chose qui cloche, à se trouver des excuses, à sortir des "mais non, bébé, c'est juste une petite panne, je dois être fatigué", à se demander si ce n'est pas l'autre qui a un problème, pour finalement se rendre compte que tout vient de soi, uniquement de soi. Une fois que l'on a compris ça, il se passe encore un certain temps avant que l'on ne songe à l'idée d'aller - peut-être - consulter un spécialiste. Le délai d'attente pour une consultation avec le pape de la sexologie à Toulouse est de trois mois. 50 euros et une ordonnance plus tard, on se retrouve à gober des cachetons, encore ! On solutionne le problème avec des médicaments réparateurs au même format que ceux qui vous détruisent, pour des érections instantanées, pour retrouver un semblant de vie sexuelle, pour passer un été de folie. Ah ça, j'ai passé un été de folie, cet été-là ! J'ai redécouvert mon corps tous les jours !

Seulement voilà, une fois les trois mois de traitement écoulés, plus de médocs ! Et sans médocs, plus personne à la ferme ! Alors on se paye de nouveau la honte en décevant une pauvre petite nana de plus. Puis on se décide à rappeler ce même pape de la sexologie qui nous prélève 50 euros de plus et nous voilà repartis pour six mois de traitement aux dérivés de Viagra. Accepte ça, connard. Incapable de bander correctement à cause de ta putain de coke. Mange-toi ça ! À seulement 21 ans...

Aujourd'hui, je m'efforce de limiter ma consommation de dope, quelle qu'elle soit. Mais putain, c'est dur ! Il faut se pincer pour résister. Le seul truc que l'on ne vous dira jamais à propos des drogues, c'est que c'est bon, cette saleté. Loin de moi l'idée de vous faire la morale, mais à tous les freaks en devenir, je vous souhaite que cette consommation ne soit que passagère ou, au pire, occasionnelle. Prenez soin de vous et, comme le dit si bien Alain le punk à chien, mollo sur le destroy !

J'aime mes copains, ma mobylette et le métal (surtout !)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant