Chapitre 4

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En compagnie de mon oncle, nous nous rendîmes à la morgue. C'était en fin de semaine. Je tenais à voir le corps de ma grand-mère car j'avais encore beaucoup de mal à croire à sa disparition. Je n'avais jamais vu de corps inanimé. Je dis donc l'armée davantage de courage et surtout prières pour ne pas m'éffondrer. Dès l'entrée de la morgue, des dépouilles mortelles ensanglantées étaient déposées çà et là, à même le sol. Certaines avaient les bras sectionnés quand d'autres avaient de larges entailles sur le crâne. Ces corps n'étaient pas couverts. On nous fit savoir que c'étaient des victimes d'un accident de la circulation qui venait à peine de se produire. Devant ce spectacle éffrayant et les odeurs qui s'exhalaient, j'eus du mal à avancer, mais grâce à la bienveillance de mon oncle qui me tenait par la main, je réussis à parvenir au casier frigorifique contenant le corps de la défunte. Dès employés des pompes funèbres le sortirent de là et le posèrent sur une paillasse afin de lui faire une toilette. Je comtemplai longuement son visage. Comme il était intact! On aurait pensé qu'elle dormait de son plus beau sommeil, si paisiblement. Sur son corps, il n'y avait aucune tache capable d'altérer son charme éblouissant. Elle avait mené une vie sobre comme un chameau et tenait, m'avait on dit, à des funérailles sans fleurs ni couronnes. Aussi avait elle recommandé à ses enfants de me remettre une bonne partie de ses biens, fussent-ils insignifiants, sans oublier sa fille adoptive, la jumelle Ima. Puis ses cheveux. Elle semblait me dire de tenir bon. À ce moment, je m'attardai sur cette partie de son corps. Elle qui admirait tant les cheveux et prenait grand plaisir à les brosser et à les câliner. C'était à mon tour de caresser les siens. Convaincue que sa place était au paradis, aux côtés des anges, je lui demandai de veiller sur moi. Maintenant qu'elle n'était plus de ce monde, je la priai donc de m'aider à trouver mon père ou à défaut de me confier à quelqu'un qui m'aiderait comme elle. Mon oncle qui était juste à mes côtés entendit ma prière et promit de jouer ce rôle désormais.

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À l'Université, je bénéficiais d'une pleine liberté. Boursière, j'avais obtenu une superbe chambre sur le campus grâce à la providence. J'y avais certes droit par la qualité de mes résultats scolaires mais cela ne suffisait pas. Il fallait de l'entregent. L'Université, la plus grande du pays d'ailleurs, avait étê construite pour six milles étudiants. À présent, elle en accueillait le quintuple. Seuls devaient être privilégiés les meilleurs.

Concernant les études proprement dites, je fis un parcours sans faute. Côté toilette, j'étais toujours coquette et élégante. Côté cœur, je n'avais jamais eu petit ami. Ce qui était d'ailleurs rare à mon âge. Les hommes ne me disait pas grand chose. Je savais d'où je venais et seul de bonnes études polarisant mon attention. Il m'arrivait d'écouter des voisines de palier raconter leurs aventures amoureuses. Ce qui m'écœurait car pour moi, une femme devait respecter son corps et ne l'offrir qu'après le mariage à son bien aimé. Dès étudiants me faisaient parvenir des lettres enflammées mais toujours je les ramenais poliment à la raison. Il leur arrivait de m'inviter par l'entremise de filles pour qui j'avais beaucoup de respect mais jamais je ne prêtais le flanc aux fiéffés flatteurs.
Les garçons de la cité Universitaire avaient fini par me surnommer " la fleur au épines" ils s'étaient paraît il, lancer un défi: le garçon qui réussirait à faire de moi sa petite amie devait porter le pseudonyme « B-G»

Nombreux étaient les étudiants qui nourrissait en mon égard des attention peu avouables. Ce que je trouvais, d'ailleurs bien puéril, de la part de personnes censées être des modèles d'intellectuels distingués.

Après l'obtention d'une maîtrise en mathématiques à l'Université nationale, j'optai pour l'enseignement de cette science parceque tout simplement très peu de femme s'y intéressaient. Elle semblait être réservée aux seuls hommes. Il me fallait donc briser ce mythe. Ainsi je fus admise, après examen minutieux de dossiers, à l'école normale supérieure ou je fus encouragée par une professeure. L'unique femme enseignant dans cette filière qui, du reste, était une expatriée.
Nous étions peu de filles orientées à la faculté des sciences. Celles qui avaient atteint l'année de la maîtrise se comptaient bien malheureusement sur le bout des doigts. Aucune n'était intéressée par l'enseignement, car pour elles, c'était peu valorisant et mal rémunéré. Elles avaient toutes préféré le métier d'ingénieur. Finalement, parmi la cohorte d'étudiante, j'étais là seule à affronter le plus important diplôme de l'enseignement secondaire, le CAPES. Je fus classée major de ma promotion avec la mention honorable.

Ma vie, mon histoire!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant