Chapitre 2 : Bienvenue à Versailles

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L'arrêt de la calèche m'annonça que nous étions arrivés. Un valet de pied m'aida, je regarda aux alentours, des groupes de personne se formaient ici et là, certains me dévisagaient déjà, d'autres chuchotèrent en me regardant. Je commençais à fulminer intérieurement.

Je prêta attention au château de Versailles qui allait à présent être ma future demeure, tout était magnifique, cela n'était pas ce que m'en avait dit mon père. Pour lui Versailles, ne serait jamais à la hauteur des attentes du Roi. Mais tout était vraisemblablement magnifique, le château était certes en travaux, mais le final ne serait là que pure merveille. Ma dame de compagnie m'avait racontée que le Roi voulait un jardin immense deux fois ou trois fois le jardin du Château de Chantilly, hors elle avait entendu ça via les pamphlets qui étaient partis pris contre le Roi, et qui avaient été distribués au peuple. Enfin bon, j'allais voir ça de mes propres yeux.

Un homme vînt à moi :

- Princesse, je me présente Jean-Baptiste Colbert  ministre d'Etat de sa majesté, dit-il en s'inclinant et en me prenant la main.

- Enchantée Monsieur Colbert, le suivis-je.

- Je vais vous présenter à la cour, dit-il. Malheureusement le Roi ne sera là que plus tard dans la journée. J'eu vent également Mademoiselle que aujourd'hui était le jour de votre anniversaire, alors je vous souhaite un heureux anniversaire Mademoiselle de Bourbon-Condé.

Le rouge me monta aux joues, on allait me présenter à la cour. Cela me faisait un petit peu peur, la cour de mon père n'était rien comparée à celle du Roi, bien heureusement je savais maintenant me contrôler. Plusieurs moments de ma jeunesse revinrent à moi, ceux où je pleurais quand je subissais le courroux de mon père, cela me procura des frissons, j'avais l'impression de revivre ces moments.

- NE MONTRE POINT TES ÉMOTIONS ROSALIE, me criait mon père.

Je secoua ma tête :

- Merci, Monsieur le Ministre. Combien de temps allons nous rester à Versailles ? demandai-je.

- Nous retournerons au Louvre dans une semaine, il est vrai que le Roi s'y plaît, mais toutes les chambres ne sont pas prêtes pour recevoir toute sa cour. Ne vous inquiétez pas, vous allez bénéficier d'une très belle chambre, dit-il en me rassurant.

On se stoppa net devant une porte.

- Veuillez annoncer Mademoiselle Rosalie Princesse de Bourbon-Condé, dit Monsieur Colbert en s'adressant à l'homme qui allait nous annoncer.

Ce qu'il fît sans plus tarder après que les portes s'ouvrirent sur une salle immense où courtisanes et courtisans parlaient entre eux.

- MADEMOISELLE ROSALIE PRINCESSE DE BOURBON CONDÉ, j'entra dans la salle en compagnie de mon accompagnateur et guide du jour, les regards se posèrent sur moi, tous s'inclinèrent légèrement, puis tout reprit son cours. Monsieur Colbert m'introduit auprès des courtisans, mon regard s'arrêta sur une femme assise sur un banc, seule.

- Je vous prie de m'excuser, Monsieur Colbert, Messieurs Dames.

J'avança prudemment vers la personne qui attirait toutes mes pensées, sans éviter certains regards, certains hommes me regardaient avec envie... Les femmes bien-sûr avec jalousie. Ma condition, tout ce que je représentai jouait contre moi à la cour. La fille du Prince de Condé rien que ça. Cette personne c'était la Duchesse d'Orléans, elle avait le regard dans le vide évitant soigneusement d'engager une conversation qu'elle ne souhaitait guère, ses dames de compagnie ne lui servaient qu'à l'escorter d'une destination à une autre, ou lui apporter ce qu'elle désirait sur le moment.

- Votre Altesse, dis-je en m'inclinant.

- Princesse... dit-elle en inclinant la tête.

- Puis-je ?

Je désignai le banc sur lequel elle était assise.

- Bien-sûr.

Je m'assis à ses côtés en regardant le monde autour de moi, tous ces groupes qui cancanaient, d'autres buvaient allègrement.

- Vous vous y ferez.

La duchesse me regarda alors et reprit :

- Vous vous ferez à cette vie, de toute façon vous y serez obligée, soupira t-elle.

Son regard exprimait une certaine tristesse, elle qui avait dû se marier contre son gré au frère du Roi, elle qui subissait la cour et ses moqueries quant aux aventures de son mari qui virevoltait un peu partout. J'étais à la cour depuis aujourd'hui mais mon père m'avait tiré les grands portraits de ses occupants. Monsieur et ses vices concernant ses mignons, sa façon de se mettre en scène...Cette façon qui dérangeait le Roi et le mettait mal à l'aise. Mais que pouvait-il faire, c'était son frère.

Un valet arriva vers moi :

- Princesse, je vais vous montrer votre chambre, dit-il en s'inclinant.

- Nous allons avoir l'occasion de nous revoir, me dit la Duchesse.

- Ce sera avec joie.

Je suivis bon train le valet qui me faisait naviguer dans le château, des dorures absolument partout, des couloirs immenses. J'allais m'y perdre pour sûr,  le valet ouvra une porte :

- Ceci est votre suite, vos effets ont déjà été déposés, je vous laisse vous installer, ce soir après que le Roi ai prit son dîner, vous pourrez vous détendre aux tables de jeux.

Je le remercia, il referma la porte de chambre derrière lui, ma chambre était grande, bien plus grande qu'à Chantilly, je m'y avança prudemment resserrant la main sur mon collier, la disposition était la même, un grand lit à baldaquin trônait contre un mur, une gigantesque armoire était entre les fenêtres, la coiffeuse à côté. Je marqua un temps d'arrêt sur une arche qui donnait sur une salle de bain une grande baignoire à forme octogonale atteignable grâce à des marches qui étaient de marbre. Je haussa les sourcils, j'allais peut-être m'y faire plus rapidement que prévu. Je m'avança vers la fenêtre il faisait doux pour un mois de juillet, le soleil commençait à se dissimuler à l'horizon.

Prise d'une soudaine envie, je descendis les escaliers pour aller me promener dans les allées du Jardin. L'air était agréable, je m'éventais légèrement pour me donner une certaine contenance devant le regard des courtisans. Ma contemplation était telle que je me perdis rapidement, je m'arrêta devant un bosquet de rosiers, une fontaine prenait place au milieu je me rapprocha pour admirer les sculptures qui étaient en son centre, quand soudain l'eau de la fontaine jaillit.

J'émis un cri de surprise puis je riogla j'étais mouillée ...

- Eh bien, au moins l'eau ne vous fait pas peur.

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Le joyau de VersaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant