Chapitre 7 : Regain

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9 juillet 1666

Cela faisait deux jours que je demeurais dans ma chambre, tout m'ennuyait, la broderie, les prières en compagnie de Monsieur Bossuet, les jeux de la Comtesse de Créhange... rien ne me donnait envie et tout cela se voyait sur mon visage. Je devais encore subir les nombreux entretiens des médecins du Roi alors que je me sentais mieux, je voulu protester à ces agissements mais on m'avait répondu que c'était sur ordre du Roi.

J'écrivis aussi à mon père, je lui racontai que j'adorais Versailles et le Roi était un être exceptionnel, je ne lui raconta pas que j'avais été malade dû à un empoisonnement bien-sûr...

Je me sentais mieux en cette fin de matinée et je voulais me promener, n'ayant que faire d'une autorisation quelconque, je décida de filer en douce pendant que ma dame de compagnie était parti demander quelques mets aux servantes. Je me regarda un instant dans le miroir de ma coiffeuse, je ne ressemblais plus à ce quoi j'étais il y a trois jours, j'avais retrouvé mon teint de pêche disant au revoir à ce teint maladif et cireux...

J'entendis des pas se rapprocher de la porte de mes appartements et je fila plus rapidement que je l'aurai crû, je décida d'emprunter les couloirs de service, ce château était un vrai labyrinthe. Des chandelles par ci par là me réconfortèrent dans l'idée qu'une sortie n'était pas loin. Je poussa une porte et j'arriva dans un grand couloir, je tourna ma tête de droite à gauche : la voie était libre. Les tapis atténuèrent mes pas, et je fus contente de ne point me faire remarquer, je pris mon éventail en espérant éviter de futurs regards. Je me hâta d'aller dans les jardins : il faisait bon pour un mois de juillet, pas trop chaud... Je vis un groupe de cavaliers partirent vers la grande porte, oh comme cela me manquait de monter à cheval. Je me dirigea vers les écuries il y avait au moins vingt chevaux présents dans les écuries, la plupart des stalles étaient vides.  Je vis plusieurs panneaux avec divers inscriptions telles que : chevaux de carrosse, chevaux de selle etc.

Mon regard se détacha sur un magnifique cheval de race lusitanien cremelle : un cheval blanc avec des yeux clairs et la crinière de couleur crème, celui-ci pencha sa tête au dessus de la porte de sa stalle et me regarda, je lui caressa la tête celui-ci ne bougea pas, un écriteau m'annonça son nom :

- Splendidis, dis-je en souriant.

Il bougea rapidement sa tête. Je caressa son encolure, il tendit encore plus son cou. Mon regard  s'attarda sur sa robe crème magnifique, il méritait son nom.

- Belle bête, n'est ce pas ?

Je chercha l'origine de cette voix, et vit un homme au bout de l'écurie, il devait avoir la vingtaine d'années, il possédait un veston anthracite, son pantalon blanc d'origine était maintenant parsemé de boue par ci par là, avec de la paille collée à certaines endroits, sans doute était-ce lui qui s'occupait des chevaux...

- Il est magnifique, dis-je  en regardant l'animal et l'homme tour à tour.

Il s'avança vers moi, je remarqua alors qu'il avait des yeux marrons en amande, il devait être jeune mais malgré cela, son visage semblait marqué. Il n'en demeurait pas moins plaisant à regarder.

- Puis- je vous demander Madame, la raison de votre venue ici ?

- Eh bien, je me promenais dans les jardins lorsque j'ai vu un groupe de cavaliers partirent et croyez le ou non mais cela m'a rappelé que j'adorais monter à cheval, dévoilai-je avec un demi sourire.

- Vous êtes nouvelle venue ici ?

- Oui moins d'une semaine. Je vous prie Monsieur de bien vouloir excuser mon intrusion, je n'avais point l'intention de vous déranger.

Le joyau de VersaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant