Dors !
L'orage de tes jours a passé sur ma vie ;
J'ai plié sous ton sort, j'ai pleuré de tes pleurs ;
Où ton âme a monté mon âme l'a suivie ;
Pour aider tes chagrins, j'en ai fait mes douleurs.C'est l'orage grondant au-dessus de sa tête qui arrache Law à son demi-sommeil. Il se redresse dans son lit, prenant garde à ne pas réveiller Luffy, qui dort encore contre son aine. Le regard chaud du chirurgien glisse sur son épaule dénudée, embrasse des yeux le corps qu'il sent nu sous le drap. De sa grande main froide, il vient caresser la nuque de son compagnon, qui gémit sous l'attention. Ça lui tire un sourire alors que le petit brun, toujours assoupi, cherche plus de contact, cachant son visage dans le creux contre son ventre.
Law sait qu'il a rêvé ; il a cette impression désagréable qui fourmille au fond de son crâne, de bribes qui s'échappent et qu'il ne peut retenir. Mais il ne s'en plaint pas : souvent, il préfère ne pas savoir ce que ses songes ont à lui offrir.
La petite bougie sur la table de chevet éclaire encore la pièce de sa lueur vacillante. La chambre, aménagée depuis peu dans la cale, est petite mais chaleureuse (les garçons craignaient de plus en plus d'entrer dans le dortoir, même si les activités des deux pirates n'avaient pas évolué depuis leur dernier tête-à-tête dans le bain ; malgré tout, Franky s'est empressé de leur offrir ce petit coin douillet, dans les entrailles du navire). Le roulement des vagues contre la coque du bateau a ce son apaisant que Law affectionne, qui lui rappelle ses nuits blanches sur le Polar Tang. Et si le tonnerre gronde quasi sans discontinuer, l'ambiance n'a rien d'angoissante, dans la chaleur de leur antre.
Ils ont couché ensemble, tout à l'heure, et le souvenir de son plaisir euphorique rampe encore sous sa peau brune. C'était bon. Vraiment bon. Un sentiment d'impatience, de pouvoir goûter encore à la saveur sucrée dans le cou pâle et à la moiteur entre ses jambes, lui serre les entrailles et son cœur palpite. Il se concentre sur la frimousse de Luffy, qui dort du sommeil du juste, pour rendormir un désir qu'il n'a plus sa place pour le moment.
Près de la tête de Luffy repose le carnet noir, qu'il feuilletait plus tôt. C'est un petit morceau de l'âme du chirurgien, que le capitaine a parcouru avec une curiosité à peine contenue ; Law est étonné de l'avoir laissé faire, tout à l'heure :
Il vient de sortir de la douche et ses cheveux gouttent encore sur son torse nu. Luffy y est allé plus tôt et l'a attendu dans un calme approximatif, aussi vêtu qu'au premier jour de sa vie. Il est allongé sur le ventre et s'agite joyeusement devant le livre de contes que lui a offert Robin. Loin d'être un grand lecteur (personne sur le navire ne sait vraiment évaluer sa compréhension écrite), il préfère largement que l'archéologue lui lise ces petites fables (elle a ce ton, dans sa voix, cette manière toute particulière d'amener ses histoires à leur terme, de tenir en haleine, de poser le mot juste, et tout le monde sur le bateau est un jour tombé sous le charme d'un de ses récits, Law y compris). Mais les soirs de tempête, quand il n'y a pas grand-chose à faire, c'est un moyen comme un autre de distraire le capitaine, au moins pour quelques poignées de minutes.
« Qu'est-ce que tu lis ? »
Le chirurgien frotte vivement ses cheveux dans sa serviette, avant de l'abandonner pour le rejoindre. Lui-même n'est vêtu que d'un short ample et noir, qui lui arrive à mi-cuisse. Ils ont progressivement laissé tomber leurs vêtements, les nuits passants. Law s'était toujours abstenu de trop se dévêtir dans le dortoir des garçons ; non par pudeur, mais parce qu'il craignait toujours le moindre imprévu, qui aurait requis sa présence rapide sur le pont. Luffy, quant à lui, n'a tout simplement aucune notion de décence, ou d'embarras. Et puis, parait-il qu'il fait trop chaud dans la cale.
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Valsons, valsons sans fin
Fanfic"Law est un observateur neutre et se contente de faire le récit de sa vie à bord du Sunny, à s'abreuver de l'amour qui transcende le petit équipage. C'est son baume, contre la misère qui l'accable et qu'il dissimule, si mal." C'est une thérapie, ça...