Sois tranquille

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TW : consommation d'alcool, deuil, réflexion sur la mort.

Disclaimer : à Eiichiro Oda ; titre tiré de la chanson éponyme d'Emmanuel Moire et à nouveau une petite apparition de la mystérieuse chanson.

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Le soleil est mort ce soir.

Law a envie de rire.

Alcools.

Divagations moites dans le silence du dehors, vacarme incessant au-dedans.

Effluves musqués aux relents d'ailleurs. Partir loin d'ici. Oublier. S'embrouiller l'âme et le corps pour ne plus rien ressentir. Se remplir de non-être.

La pièce se fond dans le néant de la nuit. Il n'y a plus ni temps, ni espace, ni matière ; il n'y a que Law, sa bouteille de rhum et ses souvenirs.

La main tendue au-dessus de lui, son corps se noyant dans les draps épars, il observe se dessiner dans le clair-obscur les lettres morbides qu'il a peintes sur ses phalanges il y a si longtemps déjà. Il a fait de la mort sa partenaire. C'est une obsession de longue date : pour la sienne et aussi pour celle des autres. Cette idée fixe, elle se manifeste jusqu'à sa nature de médecin ; sauver ou laisser périr. Vieux délire mégalomane.

Il y a un rire sur le bout de ses lèvres.

Son dealeur, cet enfoiré, va encore lui poser un lapin ce soir. S'il avait pu, il lui aurait bien fichu son poing dans la gueule. Le sable tombe de ses paupières tant l'insomnie le crève. Peut-être que sa tête va éclater comme un ballon de baudruche s'il ne se dépêche pas de trouver le sommeil. De quoi repeindre le monde du rouge de son sang.

Ricanements.

La ferme, Law. Tu dis n'importe quoi.

Il ne sait plus trop si c'est du rhum, dans sa bouteille. L'engourdissement l'empêche de sentir le liquide trouer sa gorge et son ventre. Il se souvient de la tête de Roronoa, quand il l'a vu quitter le pont la carafe encore pleine, après leur compétition de vieux pochtrons. Il s'en fout, de ce qu'il peut bien penser de lui. Il se contre-fiche de tout, ce soir.

Son rire voudrait éclater très fort ; il y a tant de choses dont il veut se moquer, lui le premier. De la pluie qui tombe, du jour qui se lève, du monde qui se délite et des imbéciles qui tentent de le faire tenir à bout de bras. Ils ont les mains qui tremblent et le château va s'écrouler. Tout cet espoir qui les anime, ce n'est rien d'autre qu'une belle farce.

Mais le soleil est mort ce soir, alors il se retient.

Et puis, il y a Lami qui pleure contre lui. Il ne doit pas faire de bruit.

Son petit corps est pris de soubresauts ; elle a les épaules qui tressautent et ses larmes la font presque suffoquer. Il l'écoute geindre dans le silence, à demi-tourné vers elle, la main serrée sur les draps entre leurs deux corps. Ses cheveux sont poisseux de sueur, alors il n'a pas très envie de la toucher. Et puis, chacun de ses sanglots vient lacérer son cœur ; la sensation est entêtante, addictive, obsédante, et il ne veut pas la faire cesser. Ça l'écorche, ça l'anéantit autant que ça le vivifie. Ça fait dissiper l'illusion et affleurer le réel.

C'est leur chambre, sur le Sunny.

« Ace... »

Et ce n'est pas Lami qui pleure.

Le corps recroquevillé, les mains étroitement serrées sur le coussin, Luffy s'étouffe dans son désespoir. Il n'a pas l'air d'être éveillé, perdu comme il est dans le rêve qui le dépèce.

Valsons, valsons sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant