Fille du Vent

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C'était un beau jour. Le genre de jour où les parcs sont bondés, où les tourtereaux se promènent sur les quais avec une glace. Le genre de jours où on se retrouve entre amis, qu'on se balade en short et débardeur dans les rues ensoleillées. Le genre de jours rêvés pour tout les autres. Ces autres, qui dansent et qui rient, le jour comme la nuit, toujours ensemble, dans la fièvre de la jeunesse. Ils sont pathétiques. Ils sont tous dépendants de leur troupe. Ils la suivent. Ils pensent pareil. Ils s'habillent pareil. Il y a t-il un une once de réflexion là-dedans ? Incapables de vivre sans leurs autres. Toujours en troupe. Comme une montagne. Ces montagnes, grande, indestructibles. Ces montagnes qui coupent le vent.

Elle regarde à sa fenêtre. Celle-ci est fermée, pour ne pas laisser entrer la chaleur. Les rues sont bondées dans un brouhaha continuel. De sourires illuminent les visages, les gens rient, ensemble. Ils sont beaux, ensemble. Soudés. La jeune fille se détache de cette vision qui semblerais idyllique, et repose sa tête dans l'oreiller, lasse. Elle ne veut pas sortir, elle ne peux pas.

- Chérie ? Sors un peu, il fait tellement beau ! »

La voix la fait émerger quelques instants de son état, puis elle soupire et se saisit d'écouteurs. Elle veut partir, un peu. Elle ne veut pas faire partie de ce monde où les gens dépendent des autres. Ce monde où même s'ils se font enfoncer, ils veulent rester ainsi. Quelle importance, tant qu'ils sont ensemble, hein ? Pathétiques.

Elle, elle ne veut pas sortir. Elle n'aime pas ce genre de jour. Les jours au soleil de plomb, les jours sans vent, ces jours soi-disant si beaux. Ces jours où les autres ne forment qu'un grand tout de monde. Elle, c'est une fille du vent.

On l'oublie si vite. Elle passe dans votre vie, puis, au moindre coup de vent, elle se laisse porter et disparaît. Comme une petite brise. Comme un fantôme. Elle n'a jamais aimé être coincée. Dès qu'elle s'intéresse à quelque chose d'autre, elle se détache de son petit groupe et prend son envol. Et, ils l'oublient. Vous ne vous souvenez pas de toutes les brises de votre vie. Ça vient, vous aimez ou vous n'aimez pas, ça part. Elle a toujours aimé être une fille du vent. Elle a toujours aimé vivre sans chaînes.

Elle aime être dans le vent. Elle aime cette sensation d'envol, lorsque qu'elle court dedans, les cheveux dansant tout autour d'elle. Elle aime aussi s'assoir, et simplement sentir le vent contre sa peau. Elle aime regarder des vagues s'écraser contre les pics acérés. Elle aime regarder l'herbe des champs onduler. Et même, s'il fait froid, rester dans le vent.

Parfois, c'est dur. Parfois, elle aurait besoin des autres. De soutient. Mais ils l'ont déjà oubliée. Ils ont déjà oublié leur petite brise. Elle n'est plus qu'un fantôme dans leurs vies. C'est dommage, elle les aimait bien. Mais elle tient trop à sa liberté. Elle aime trop danser dans la tempête. Elle aime trop être une fille du vent.

Et, ce jour, la tempête lui manque. Il y a dans son cœur un vide prenant. Un vide qui enfle, enfle, jusqu'à la priver de son souffle intérieur. Elle a besoin de sentir le vent dans ses cheveux. Elle a besoin de voler, de se libérer de cette journée lourde, trop lourde. Alors, elle est partie. Elle est partie dans le vent, comme un souffle d'été. Elle est partie dans le vent, comme elle l'avait toujours rêvé.

[27.03.20]-mirag3lle

Bon, ça faisait longtemps que je l'avais écrit mais flemme de le recopier ici.. sinon, c'est le texte qui va avec mon poème, et je l'ai écrit avant.

Éclats [recueil abandonné]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant