Chapitre 6

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      Une semaine était passée depuis la soirée de sa mère. Rose faisait tout pour l’éviter : le soir lorsqu’elle rentrait elle allait à la patinoire ou passait son temps dans sa chambre à faire ses devoirs, et elle ne dînait pas. Elles se voyaient que le matin, lorsque May l’amenai au lycée.
      Rose était sur son lit, elle venait de finir ses devoirs quand son téléphone vibra.

      Hélène : Ca te dit une sortie ce soir ?

      Rose : May n’acceptera pas...

      Hélène : Ok c’était pas une question en fait ;) Je t’attends dans une heure devant le bar à côté de la patinoire ! <3

      Rose souffla. Elle était un peu fatiguée. Mais d’un côté, ça lui ferait du bien de sortir un peu. Et puis, sa mère ne serait même pas au courant de sa sortie nocturne. Elle descendit de son lit et ouvrit son armoire. Rose était habituée à s’habiller avec des habits larges, mais pour Hélène, ce soir, elle serait une autre. Elle attrapa avec nostalgie sa robe évasée blanche à pois noirs. Voilà bien longtemps qu’elle ne l’avait pas portée. C’était son père qui lui avait offerte l’année dernière. Elle l’enfila, et à sa grande surprise, elle lui alla encore. Elle se dirigea vers la salle de bain et sortit de sa trousse de toilette un mascara violet qu’elle ne mettait que rarement, et un crayon jaune qu’elle alla appliquer sous les yeux. Un coup de doré sur les lèvres et elle était prête. Elle observa son reflet, mais ce qu’elle vit ne fut pas elle. Elle était différente de Rose, presque méconnaissable. Mais au moins, elle était jolie. Elle descendit les escaliers sans faire de bruit, enfila ses bottines et sortit de chez elle, pour partir rejoindre Hélène.
      - Rose !
      La jolie rousse se jeta dans les bras de son amie lorsqu’elle la rejoignit, et l’embrassa langoureusement. Rose s’écarta après l’étreinte étouffante d’Hélène, avec un petit sourire.
      - Ca te va bien les robes, tu sais ? Tu devrais en mettre plus souvent. Même si ça me fait un peu peur…
      Rose fronça les sourcils. Peur ?
      - Je ne voudrais pas qu’on te vole à moi… elle ajouta, en caressant la joue de son amie.
      Elles rentrèrent enfin dans le bar. La musique était forte et les gens dansaient sur la piste. Le bar était plein, mais Hélène entraîna Rose entre les gens.
      - Je connais le barman, elle chuchota.
      Arrivées à la hauteur du bar, l’homme s’avança vers les deux jeunes filles, alors que d’autres personnes étaient arrivées avant elles.
      - Hélène ! Tu me ramènes une jolie fille ! Je vous sers quoi ? Il cria par dessus la musique avec un sourire charmeur.
      - Sers-nous deux coktails alcoolisés, de quoi bien commencer la soirée !
      Rose regarda son amie, intriguée. De l’alcool ? Est-ce qu’il savait quel âge elles avaient ? Hélène lui répondit d’un clin d’oeil.  « T’inquiètes pas », elle semblait dire.
      La soirée fut arrosée. Hélène et Rose dansaient au milieu de la foule, détendue, après cinq ou six verres. Au bout d’une bonne demi-heure, la rousse prit la main de Rose et l’entraîna hors de la foule. Elles se dirigèrent vers une grande cage tenue par une corde qui tenait au plafond.
      - Fais-moi confiance ! On va s’éclater !
      « On l’est déjà... » pensa Rose.
      Hélène s’adressa à l’homme appuyé contre le mur, à côté de la cage. Rose n’entendit pas, mais la cage s’ouvrit et Hélène, surexcitée, entraîna son amie à l’intérieur. La grille se referma derrière elle, et la cage monta, proche du plafond. La foule criait, sautait, tous les regards étaient braqués sur les deux jeunes filles.
      Rose regarda son amie, complètement paniquée. Elle allait vomir, elle le sentait.
      - Danse Rose ! Ils attendent que ça !
      Hélène bougea son bassin et la foule s’excita, la musique était douce, lente, sensuelle. Hélène dansait bien, vraiment bien, et tout le monde le savait maintenant. Rose parcourut la foule du regard, jusqu’à ce que ses yeux tombent sur un visage bien trop familier. Bien trop beau. Deux yeux bien trop intenses. Elle ne su pas vraiment ce qu’elle faisait, sous l’effet de l’alcool, mais elle se mit à danser, sans la quitter du regard.
Emilie ne pouvait plus se défaire de cet échange. Elle ne bougeait plus, subjuguée par son élève. Elle était belle dans sa robe et sous son maquillage. Elle bougeait sensuellement son corps, sans la quitter des yeux. Son bassin allait de droite à gauche, ses bras étaient levés et ses mains se croisaient au-dessus de sa tête. Elle tournait, frottait son bassin à Hélène et une vague de chaleur enivra Emilie. Elle préféra ne pas y prêter attention, mais les frissons le long de son échine, et les tremblements dans ses jambes ne voulaient plus la quitter. Elle n’avait pas le droit. Pas le droit de danser comme ça devant elle, pas le droit de lui faire cet effet. C’était Emilie l’adulte, et elle ne pouvait pas se laisser aller avec une adolescente âgée de seize ans tout au plus. Pourtant… elle ne les faisait pas, tout aussi physiquement que dans son comportement. C’était presque à croire que son élève était née à la mauvaise génération.
      La cage descendait, et Emilie le regretta. Elle se dirigea vers le bar et bu cul sec son shot de vodka. Un souffle dans son cou la fit se retourner en sursaut. Rose était devant elle, à à peine quelques centimètres.
      - May sait que tu es ici ? elle réussit à articuler, sans même s’entendre.
      Rose rigola silencieusement. Emilie comprit la réponse, mais elle ne s’y attarda pas. Rose semblait de plus en plus proche, elle puait la cigarette et l’alcool, mais elle restait toujours jolie, même les yeux bouffies. Le coeur d’Emilie allait la lâcher d’un moment à l’autre, son souffle était saccadé et Rose ne cessait de fixer ses lèvres. Merde ! Elle prit la main de son élève et l’entraîna dans les toilettes. Elle la poussa contre le mur, et Rose se jeta sur les lèvres de son enseignante. Elles ne savaient pas ce qu’elles faisaient, mais  elles s’en fichaient, elles se plaisaient l’une contre l’autre.
      - Qu’est-ce qu’on fait Rose ? lâcha Emilie contre la bouche de son élève.
      Rose mordit la lèvre inférieure de son professeur pour la faire taire. Elles étaient toutes les deux trop peu consciente, alors elle préférait attendre demain pour réfléchir.

Rose [ProfxElève / ♀️x♀️]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant