En se réveillant, Rose avait très mal à la tête. Elle s’imaginait mal aller en cours aujourd’hui, alors elle préféra sécher pour aller à la patinoire. Arrivée dans le bâtiment elle enfila comme à son habitude ses patins, puis partie glisser sur la glace. Ca lui permettait souvent de réfléchir. Elle repensa à hier soir, lorsqu’elle avait croisé Emilie. Ses souvenirs étaient flou, mais elle se revoyait avec elle dans les toilettes. Elle ne savait plus si elle l’avait rêvé ou si c’était réel, mais ce qui l’inquiétait le plus, c’était qu’elle ne se souvenait plus de la suite de la soirée. Pourtant, elle s’était bien réveillée dans son lit alors… tout avait dû bien se passer, non ? Rose alluma l’enceinte que Hélène avait laissé, et dansa sur la musique. Elle s’était beaucoup améliorée depuis. Elle avait l’impression qu’elle dansait même mieux qu’avant, lorsqu’elle faisait de la danse étant petite. Tout en glissant, Rose s’accroupit sur la glace et se mit à tourner. Elle alla vite, et tomba sur le côté. Elle préféra alors se réserver les figures quand elle serait plus en forme.
Quand elle arriva devant chez elle, la maison sembla à Rose, bruyante. Elle jeta un œil par la fenêtre et ses pensées se confirmèrent. Sa mère faisait encore une fête. Il était 22h, au moins Rose ne se ferait pas gronder, puisque sa mère serait probablement dans un état pitoyable. Son ventre se serra quand elle posa sa main sur la poignée.
- Viens chez moi.
Rose se retourna en sursaut. Emilie était assise sur les marches, sous le porche de sa maison, une cigarette à la main. L’élève s’approcha de son enseignante, avec un sourire qui semblait la remercier. Emilie se leva et la fit entrer dans sa maison.
- Je te sers quelque chose ?
Rose fit non de la tête.
La femme se servit un verre d’eau et s’assit en tailleur sur son canapé. Elle tapota la place à côté d’elle, pour y inviter son élève.
- Pourquoi tu rentres si tard ?
Rose chercha dans son sac, son carnet. Puis répondit « J’étais à la patinoire ». Emilie haussa les sourcils. Quand son élève fut à côté d’elle, sur le canapé, elle se tourna de son côté.
- Ecoute, pour ce qu’il s’est passé hier soir, c’était une erreur, d’accord ?
Rose hocha la tête. Elle était d’accord, c’était son enseignante et..- mince, ses lèvres étaient vraiment jolies. Elle n’arrêtait pas de les mordiller, elle stressait ? Elle était nerveuse ? Elle...-
- Tout ça pour dire que ça ne se reproduira plus.
Rose renversa Emilie en arrière et écrasa ses lèvres contre les siennes. La femme se laissa faire, prise soudainement par une vague de chaleur.
- Rose… elle murmura contre ses lèvres.
L’élève s’éloigna de son enseignante, sans pour autant se relever, mais fut prise de court lorsqu’elle la vit : sa tête était renversée contre l’accoudoir du canapé, ses cheveux lui tombaient sur le visage, sa bouche était entre-ouverte et son regard était voilé. Sous l’enivrement, Emilie était encore plus magnifique qu’à son habitude.
- On ne peut pas… elle lâcha finalement d’une voix rauque.
« Si… on peut. » sembla répondre Rose. Emilie poussa doucement son élève et descendit du canapé. Elle alla poser son verre dans le lavabo, puis se dirigea vers une fenêtre, qu’elle ouvrit un peu pour laisser passer l’air frais de la nuit. Rose se leva à son tour et la rejoignit. Elle posa ses mains sur les hanches de la femme et la tourna face à elle. Ce soir, l’élève était sensible. Emilie pressa doucereusement sa main contre sa joue et chassa l’unique larme qui coulait sur le visage de la jeune fille. Elle posa un baiser sur son front.
- J’ai trente ans. Dans dix ans je commencerai déjà à être vieille.
« C’est quand tu dis ça que tu le deviens » écrivit Rose sur son carnet. Le coeur d’Emilie sembla louper un battement. C’était une réplique du film Noce Blanche, une tragique histoire sentimentale entre un professeur et son élève.
- Rose…
L’élève se cramponna au t-shirt de son professeur. Elle semblait dire « Ne me laisse pas ». L’enseignante prit la jeune fille dans ses bras et déposa un nouveau baiser sur son front.
- C’est le week-end demain. Viens avec moi au lac, on y pique-niquera.Midi arriva, et Rose mentit à sa mère en disant qu’elle allait chez Hélène. Elle toqua à la porte d’Emilie, qui ne tarda pas à lui ouvrir. Elle portait un léger t-shirt blanc et une longue veste. Rose se sentit bête avec son t-shirt qui lui arrivait aux hanches et son pantalon large. C’était début printemps et il commençait déjà à faire chaud.
- Entre, je fini de tout mettre dans le panier et on y va.Vingts minutes plus tard, elles étaient assise dans l’herbe, au bord du lac. Elles mangeaient dans le silence, regardaient le ciel bleu et se souriaient de temps en temps. Emilie trempa ses pieds dans le lac.
- L’eau est glacée !
Rose enleva ses vêtements et sans réfléchir, sauta dans l’eau. Emilie éclata de rire et la rejoignit.
- Et moi je te suis en plus…
L’élève attrapa les mains de son enseignante et les dirigea vers ses hanches. Emilie caressa le dos de Rose, lisse, doux, pur, parfait.
Sorties de l’eau, les deux jeunes femmes s’enveloppèrent dans la serviette qu’elles avaient apporté, frigorifiées. Rose alluma son téléphone pour vérifier ses messages.Hélène : On se voit cet aprem ? <3
Hélène : T’es là ?
Hélène : Rooooose ?
Hélène : Bon j’arrive chez toi.
Hélène : Personne chez toi, t’es où ?
Hélène : Bon, rejoins-moi à la patinoire.
Hélène : Pourquoi tu réponds pas ? Je m’inquiète…
Rose verrouilla son téléphone. Elle avait complètement oublié Hélène.
- Quitte-la.
La voix d’Emilie paraissait douce, mais son regard était tranchant.
« Je lui ferai mal » écrivit Rose sur son carnet.
Emilie se leva et balança la serviette sur le côté. Sans un mot, elle se rhabilla, ramassa le panier et s’en alla, laissant Rose, seule, dans l’herbe. L’élève enfouit sa tête contre ses genoux. Elle ne savait plus quoi faire.
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Rose [ProfxElève / ♀️x♀️]
Short StoryRose ne parle plus depuis toute petite. Après la séparation de ses parents, la jeune fille va vivre chez son père, qui n'a jamais vraiment su s'occuper d'elle. Un jour, son père, envahi par le travail, décide d'envoyer Rose chez sa mère. Rose va alo...