Chapitre II

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— Qui êtes-vous ? j'articule sur un ton méfiant.

Je me redresse et tout mon corps est alerte, de mon cœur dont les palpitations sont saccadées à ma gorge serrée et mes mains moites. Son silence me donne une sorte de réponse.

— Pourquoi avoir envoyé ces clichés ?

Le silence demeure de l'autre côté du combiné et, d'ores et déjà impatiente, je carre la mâchoire. J'entends sa présence, je sais qu'il est là et qu'il m'écoute : son souffle heurte le téléphone, sa chaise grince, sa chemise se froisse... ceci me provoque une vague de frissons. Nous restons comme ça dix bonnes minutes, assis dans le silence le plus complet, à écouter l'autre respirer.

— Qu'est-ce qui vous motive ? me connaissez-vous ? nous sommes-nous déjà rencontrés ne serait-ce qu'une fois ? vous ai-je fait quelque chose ?

Toujours le même silence déconcertant. Je me pince l'arête du nez en sentant la patience me quitter peu à peu, puis expire lourdement. J'en ai marre des questions sans réponse et des silences sans fondement, ça me fait perdre mon temps. Dix minutes plus tard, elle ne parait toujours pas décidée à me répondre alors je décide de raccrocher. Cet appel ne mène nulle part. Cependant, elle prend (enfin) la parole :

— Je veux te rencontrer.

Ma respiration se bloque dans ma gorge, les yeux fixés sur le téléphone actuellement en haut-parleur : sa demande me scotche sur place. Je me penche en avant et pose les coudes sur le bureau, l'entendre respirer me hérisse les poils comme jamais auparavant.

— Écoutez bien ce que je vais vous dire car je ne le répéterai pas deux fois : à partir de maintenant, vous m'oubliez.

J'inspire lentement dans l'espoir de calmer mes nerfs ainsi que les battements effrénés de mon cœur, mais sa rigidité ne fait qu'empirer le phénomène.

— Vous n'êtes qu'une personne dérangée. Je crache alors que mes pupilles se rétractent.

Elle maintient son silence et cela me rend clairement instable.

— Je n'en peux plus de votre jeu malsain ! laissez-moi tranquille maintenant !

Ma patience est en train de chuter tout autant que ma raison. Je me lève brusquement de ma chaise, l'adrénaline fait son chemin en moi et je ne tiens plus en place. Je me rends compte à ce moment-là que les larmes coulent le long de mes joues et que mon souffle est erratique.

À mesure que j'énumère les soi-disant cadeaux que cette personne m'a envoyés, je me sens soudainement nauséeuse et me retrouve dans l'obligation de m'asseoir. Des points blancs dansent devant mes yeux. Je l'entends expirer bruyamment et je souris, je l'embête peut-être autant qu'il m'embête.

— As-tu regardé au fond de l'enveloppe ?

J'ai déjà entendu cette voix, je crois. Elle m'est en quelque sorte familière.

— Nous connaissons-nous ?

Il n'eut le temps de répondre que mes yeux s'écarquillent.

— Vous... Je lâche soudainement sans désignation particulière.

Une larme roule le long de ma joue tandis que j'amène violemment la main à ma bouche, tout son est étouffé et je me retrouve à pleurer en silence.

— Vous... Je bafouille, la respiration coupée, en comprenant qui est de l'autre côté du fil.

Il demeure silencieux jusqu'à ce que je raccroche. Ma main heurte violemment le combiné tandis que mon regard se plante sur l'horizon, mon esprit tourbillonnant à droite et à gauche tandis que mes pensées deviennent obsédantes. Les coudes en appui sur la surface en bois, je reste figée sur mon siège de bureau. Je suis en état de choc. Je n'arrive plus à réfléchir, j'ai la tête qui va exploser. Les larmes forment un fort sanglot et je hoquette.

Every Girl Needs Romantism -HSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant