8. La confrontation

186 20 20
                                    

Poussant la porte des toilettes, je mis la main sur mon front. Il était humide et brûlant. J'avais mal à la tête et je sentais que ça n'allait pas aller en s'arrangeant.

Je marchai à travers la pièce relativement grande et actionnai l'eau d'un des deux trois robinets installés. Mes doigts y plongèrent avant devenir humidifier mon visage. J'avais terriblement chaud et je me sentais transpirer. Je n'avais plus les idées claires. J'en avais marre de tout ce cirque. J'en avais marre qu'on prenne pour une idiote. J'en avais marre qu'on cherche à m'effrayer.

Soudainement, je ne me sentis plus aussi à l'aise dans la robe que je l'étais tout à l'heure. Elle me serrait de trop. J'avais peine à inspirer. La main droite à plat sur ma poitrine, j'essayai de prendre une respiration normale. Je ne m'étais même pas rendue compte que je respirais de manière erratique depuis que j'avais quitté Hélène. Je me pensais plonger en pleine crise de panique, seulement je compris que je n'avais pas encore atteint ce stade. Ce dernier me heurta le visage lorsque après avoir poussé la porte de la même façon dont je l'avais fait, ma plus grande angoisse se posta derrière moi.

Les larmes montèrent et je ne pus les empêcher de couler le long de mes joues, ruinant à coup sûr mon maquillage. Je le regardai à travers le miroir. Son visage était impassible. Aucune émotion y était inscrite. Depuis quand, voir quelqu'un pleurait laisse indifférent ?

Depuis qu'il a sûrement une personnalité antisociale, pensais-je en soupirant.

- Que me voulez-vous ? Demandais-je en pleurant, les mains placées sur les rebords du robinet. Je ne vous connais pas. (Mes mains se crispent sur le bord ; il continue de me regarder.) Je ne vous ai rien fait. Nous ne nous étions même pas croisés une seule fois dans ma vie avant que j'arrive à New-York.

Je me tus face à son silence. Ses yeux étaient fixés sur moi mais aucun mot ne sortait de sa bouche rosée et pulpeuse. Que diable se passait-il dans sa tête ? Ne trouvait-il rien à redire car j'avais raison ? Ou me maudissait-il de trop parler ?

Il y avait de quoi, en même temps !

- Jamais nous nous étions parlé. Jamais nous avons été conviés aux mêmes soirées. Jamais nous avons gravité autour des mêmes centres d'intérêt.

Je baissai la tête, la secouant. Je me sentais devenir folle à mesure que je prenais la parole. J'avais la sensation de parler à quelqu'un de vide. M'écoutait-il, même ? Était-il présent dans la pièce autre que physiquement ?

- A quoi pensez-vous ? Lâchais-je en levant le regard vers lui, mais il ne dit rien.

Je fus saisie d'un drôle de rire, que je qualifierai de nerveux, et agrippai fermement le bord du robinet. J'avais envie de casser quelque chose. J'avais envie de le taper en pleine figure. J'avais envie qu'il prononce ne serait-ce qu'un mot. Seulement, je savais qu'il n'en ferait rien.

- Si un jour, on m'avait dit que je parlerais à une plante verte aussi séduisante, j'aurai rigolé bien fort. Lâchais-je en secouant la tête.

J'avais besoin de détendre l'atmosphère. De me détendre en réalité. J'avais les nerfs sur le point d'exploser, ma tête sur le point de faire un « out », ma gorge sur le point de créer un nœud et mes yeux sur le point de pleurer une nouvelle fois. Je me sentais complètement dépassée et le fait qu'il ne m'aide pas à y voir clair, m'enrageait. Il était l'investigateur de tout ça ! Je pense mériter une explication.

- Vous êtes un drôle de salaud, quand même. Dis-je en me tournant vers lui et je vis une émotion passée dans ses iris, de la colère. Vous êtes celui qui me dérange. Vous êtes celui qui bouleverse mon quotidien. Vous êtes celui qui me stalke. Et vous vous pensez en position de me refuser des réponses ! m'exclamais-je en tapant du pied par terre. Je sais que vous êtes un grand PDG, qui voit son entreprise prospérer, ses investissements s'accroître, les femmes s'intéresser... mais sachez une chose, (Je m'approche de lui ; il me détaille du regard.) vous êtes comme tout le monde.

Ma respiration devint plus intense à mesure que l'énervement prenait possession de moi. Je savais pertinemment que je parlais à quelqu'un de haut placé et qu'il pourrait très bien réduire mes chances de réussite dans le milieu du scandale. Mais je connaissais mes limites et ne pouvais pas vivre ainsi. Harcelée et pleine de questions.

- Vous avez été un enfant, pauvre ou riche, un adolescent, caractériel ou calme, un jeune homme, tête en l'air ou sérieux. (Mon corps n'est plus très loin du sien ; il ne recule pas.) Vous êtes passé par les mêmes étapes que chaque être humain sur Terre. (Mon visage s'avance vers le sien ; son regard me troue la peau.) Ce n'est que votre statut financier qui vous différencie d'une personne dite lambda, comme moi. Sinon, rentrez vous bien dans la tête que nous sommes à égalité.

Il maintenait une expression impassible qui me donnait envie de le gifler. Même en l'attaquant sur son identité, il ne bronchait pas. Que lui fallait-il pour ne serait-ce me dire de me taire ? N'en avait-il pas marre que je lui parle de la sorte, comme l'avait dit Hélène ?

Je ne comprendrais jamais cet homme, et je pense sincèrement que je ne voudrais jamais le comprendre. Il était un tel hypocrite et manipulateur, que personne ne voudrait être à moins de cinq mètres de lui.

Les dix centimètres sur lesquels j'étais perchée me permettaient d'être pratiquement à sa hauteur ; il en manquait encore dix pour que nos yeux soient alignés. Je ne détournai aucunement le regard. Je n'étais pas le genre de personnes à baisser les yeux, surtout lorsque l'autre personne faisait un affront aussi culotté. Où est-ce qu'il a appris ses manières ?

- Vous n'êtes pas au-dessus de la Loi. Vous n'êtes au-dessus de rien, à part de votre chaise. Lui lançais-je froidement. Vous êtes ridiculement petit comparé à la société. Vous êtes une fourmi dans une fourmilière de personnes fausses et intéressées. Vous n'êtes rien de plus.

Il ne laissa pas démonter et continua à m'observer. Etonnée, je ne pus empêcher mes sourcils de se hausser. Il ne disait strictement rien. C'était à peine si je le voyais cligner des yeux. Respirait-il, même ?

Il était d'une froideur incomparable. Jamais de ma vie entière – vingt-trois ans à mon pédigrée – je n'avais rencontré quelqu'un comme ça. Ce qu'on lisait de lui était donc vrai, il était très différent de la normale. Enfin, l'a-t-il un jour approchée ?

- Je m'appelle Harry Styles, se présenta-t-il et je pris trois pas en arrière de surprise.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il sache parler après son si long silence. Je ne pensais même pas qu'il m'adresserait un mot.

- Je le sais ça, idiot ! criais-je en tapant dans la première chose qui fut à ma portée.

L'étagère sur laquelle étaient disposées des serviettes blanches sèches et des gants, vola et tomba à la renverse. Tout ce qui la composait tomba au sol et je regardai le désastre sans bouger. J'étais comme en transe. Mes nerfs venaient de lâcher. J'étais furieuse qu'il se comporte ainsi envers moi, quelqu'un qui ne lui avait jamais rien fait. J'étais furieuse qu'il ne sache rien d'autre que des choses que je savais déjà. J'étais furieuse contre moi-même pour le peu de self-control que je possédais actuellement.

Je sentais le feu se répandre en moi tel un incendie.

- Les clichés t'ont-ils plu ?

Every Girl Needs Romantism -HSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant