10. Un bouquet particulier

228 20 6
                                    

- Quel toupet avez-vous... fis-je, éberluée, la main droite devant la bouche. C'est étonnant de voir autant de défauts réunis en une seule et même personne.

Assis sur l'un des sièges en face de mon bureau, il était de nouveau impassible. Il ne montrait aucune émotion. Il ne réagissait même pas aux mots que je venais d'employer. Pourtant, ils n'étaient pas doux.

- Self-contrôle incroyable, monsieur Styles, ajoutais-je en prenant appui des coudes.

- Indiscipline incroyable, mademoiselle Parker, rétorqua-t-il en croisant la cheville sur son genou.

Je me sentis bouillir de l'intérieur. Comment pouvait-il réussir à autant provoquer dans la vie de tous les jours sans que personne n'ait envie de l'étriper ? Je n'arrivais pas à me contrôler correctement, il était si horripilant... alors je n'osais imaginer les personnes travaillant avec lui.

En somme, ils ne pouvaient rien dire sous menace d'être licencié et voir leur vie basculé dans l'incertitude et l'instabilité. Cet homme, assis en face de moi, était une énergumène. Il faisait trembler les plus grands et en tenait certains avec de sales affaires. On ne savait même pas d'où il les sortait, mais il arrivait à trouver de vieilles histoires pouvant compromettre leur carrière tout entière. Leur vie de famille aussi, parfois.

Il les maintenait sous sa prise et les utilisait autant qu'il le pouvait. Définition de base de l'égoïste capitaliste.

- Veuillez croire en mon entière honnêteté lorsque je vous dis être heureuse d'être votre opposé.

Pour la première fois depuis que j'avais croisé sa route, un sourire se dessina sur son visage. Seulement, ce n'était pas le type de sourire auquel on s'attend lorsqu'il est communicatif. Celui-ci était moqueur et empreint d'un certain côté effrayant. Je frissonnai et détournai le regard. Il me mettait vraiment mal à l'aise avec ses étranges manières.

- Être mon opposé n'a rien d'émerveillant, mademoiselle Parker. (Je hausse un sourcil ; il s'avance vers moi.) car cela représente l'échec d'une vie.

Je me reculai dans mon siège, comme si ses mots m'avaient heurtée au sens propre. Ma bouche s'ouvrit sous le choc et je posai la main sur ma poitrine. J'étais sur le cul. Comment était-ce possible d'avoir une attitude pareille ? Comment était-ce possible qu'une telle mentalité soit ancrée dans la tête de quelqu'un ? J'étais de nouveau éberluée et ne trouvais plus rien à dire.

- Comment une femme peut tomber amoureuse de vous ? lâchais-je en me souvenant des clichés qu'on m'avait envoyés et des articles qui avaient soudainement apparus sur la toile. Comment vouloir être si proche d'une personne comme vous ? interrogeais-je de manière rhétorique, le dégoût dans ma voix. On a plutôt envie de courir loin de vous plutôt que ne serait-ce converser avec vous.

- Sortez votre haine envers vous-même. Dit-il et je plissai les yeux. Vous vous sentirez mieux après.

La colère me dépassa et je tapai du poing sur la table. Mais pour qui se prenait-il, bon sang ? Je n'étais pas énervée contre moi-même mais plutôt contre lui, d'avoir envahi ma vie d'une manière si malsaine. Il semblait me suivre au doigt et à l'œil. J'avais comme la sensation qu'il ne me lâcherait jamais, mais au sens négatif du terme.

- C'est vous qui me faites sortir de mes gonds, pas l'inverse, crachais-je, le regard noir. C'est vous, qui êtes entré dans ma vie sans que je ne le demande ! (Je tape une nouvelle fois contre mon bureau ; il me regarde.) C'est vous, qui me harcelez avec des cadeaux dont je n'en ai strictement rien à faire ! (Mon ton n'est que venin ; il plisse les yeux.) C'est vous, qui parlez d'une façon si hautaine et mauvaise, que ça m'en donne l'envie de vous faire avaler chaque mot que vous prononcez ! (Je me penche un peu plus au-dessus de la surface en bois ; ses yeux descendent.) C'est votre faute, et uniquement de la vôtre ! hurlais-je, et il resta mur de glace.

Every Girl Needs Romantism -HSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant