16. Maquillage express

204 17 5
                                    

- Assieds-toi, Flo. C'est une longue histoire...

Elle suivit mon conseil et prit place sur la cuvette des toilettes, endroit privilégié par les personnes soit ivre mortes soit en pleine réflexion sur leur vie. Exceptionnellement, mon amie était en train de trôner pour écouter mes problèmes – l'exception qui confirme la règle.

- Tu te souviens que je me plaignais de recevoir des colis étranges ? Qui ne comportaient aucune adresse ni expéditeur ? (Elle hoche la tête ; j'avale ma salive.) La semaine dernière, Alice m'a appelée pour m'en signaler un autre. (Ses yeux s'écarquillent ; je soupire.) J'ai pété un câble et je suis allée le chercher. Devine quoi ? (Elle hausse un sourcil ; je mets les poings sur les hanches.) C'était une robe. Je l'ai fichue à la poubelle et je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Et je m'en fiche.

Il est vrai que je n'avais pas cherché à connaitre son sort. Je ne m'en étais pas préoccupée car cela n'était qu'un colis de plus, et donc un élément anxiogène supplémentaire.

- Mais quel rapport avec Harry Styles ?

- J'y viens, répondis-je en bougeant la tête. Complètement perdue, j'ai trifouillé dans mon cerveau. Je ne voyais pas me dépêtrer de cette situation. Seulement la réponse s'est imposée presque d'elle-même, en fait. Adèle m'a transféré un appel ce même jour et la voix qui a répondu m'a glacé sur place.

Ses sourcils se haussèrent et elle était très attentive. Je pouvais constater sur son visage qu'elle ne comprenait toujours pas. Je soupirai et me pinçai l'arête du nez.

- Je pense que je me souviendrai toute ma vie de ce qu'elle a dit...

- Alors ? s'impatienta-t-elle en tapant des mains alors que je faisais les cent pas dans la pièce.

- Je cite : « Les clichés t'ont plu ? ». (Ses yeux s'écarquillent et elle retient sa respiration.) Et c'est à partir de ce moment-là que j'ai su que j'avais déjà croisé cet homme.

- Mais, quand ? m'interrogea-t-elle, les sourcils froncés, et je lui fis signe de se taire.

- Le matin où je t'ai évitée – désolée d'ailleurs – j'ai attendu un moment l'ascenseur, et j'ai bien cru que j'allais rater la première montée, mais il l'a retenu pour moi. (Elle hausse un sourcil et un sourire se dessine sur ses lèvres ; je l'interroge du regard.) Du coup, on était côte à côte.

- Mais comment as-tu su que c'était lui ? Vous vous êtes parlé ?

- Plus tard dans l'après-midi, après avoir quitté la cafétéria, on s'est encore croisé dans l'ascenseur. Et on s'est échangé deux mots.

Elle hocha la tête et son expression refléta de la tristesse. Je savais qu'elle avait de la peine pour moi. Et actuellement, j'en avais aussi pour moi-même.

- Après ça, je suis allée dans mon bureau et je me suis enfermée. Seulement, Lucas ne l'a pas entendu de cette oreille et m'a rejointe. Il était au courant de ce qu'il se passait et possédait la même envie que moi que tout cela se règle, lui racontais-je en bougeant la tête. Du coup, on a discuté et réfléchi pendant un petit moment. On ne voyait pas comment avoir son identité, continuais-je en me rongeant les petites peaux autour des ongles, les yeux sur ses chaussures, pensive, puis je me suis souvenue que le bâtiment était blindé de caméras.

Elle agrandit les yeux et me tendit les bras. Haussant un sourcil, je m'avançai vers elle. Je lui donnai mes mains et elle les serra, un petit sourire sur les lèvres. Ce geste me donna un petit boost au cœur et je repris mon monologue.

- J'ai alors couru chez Thomas...

- Le gars sexy de l'informatique ? me coupa-t-elle en se mordant la lèvre inférieure, et je rigolai.

Every Girl Needs Romantism -HSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant