Every Girl Needs Romantism -HS

12. Tenez-moi compagnie

Cela faisait trois jours que je m'étais réveillée du malaise. Trois jours où je n'avais reçu aucun colis. Trois jours où j'avais (enfin) pu souffler.

Mes heures de travail n'ont rien donné. J'avais beau me retourner le cerveau, aucune inspiration ne venait. Les clichés qu'il m'avait envoyés ne m'étaient en aucun cas utiles. D'après ses dires, ils avaient purement été mis en scène pour me donner des éléments sur lesquels m'appuyer. Quelle idiote idée pour m'aider... Sa technique m'a juste ralentie.

J'ai dû reprendre intégralement les pages que j'avais rédigées, m'assurant qu'aucune diffamation n'était présente. On nous apprenait à l'école de journalisme que propager des rumeurs fausses n'était bon que pour les éditeurs renommés car ils ne seraient que peu attaqués. Il fallait s'assurer d'avoir fait carrière dans le milieu pour ne pas voir notre poste ainsi que notre vie détruits. Ce qui n'était pas mon cas. Je me devais alors d'avoir un travail irréprochable.

Seulement, cela a pratiquement supprimé toute la rédaction. J'ai vite abandonné l'idée d'écrire sur lui et me suis focalisée sur une autre star connue : Megan Fox. Avec elle, j'aurai à coup sûr des photos et des informations sur lesquelles travailler. J'ai alors tapé dans la barre de recherches et suis tombée sur pleins de clichés d'elle proche de bars, sortant de boîte, au restaurant avec un jeune homme... les articles fusaient sur les différentes hypothèses. Le sourire m'est revenu après l'avoir perdu pendant deux semaines.

- Nora ? fit une voix en ouvrant la porte, et je levai les yeux de l'ordinateur pour la regarder.

- Madame De Hills, retournais-je et elle hocha la tête, s'avançant dans la pièce.

- Comment avance votre dossier ?

- J'ai décidé de changer de célébrité. Il me donnait trop de fils à retordre, puis Megan Fox est plus sexy, lui répondis-je et elle écarquilla les yeux.

- Vous ne... hum... (Elle baisse la tête et je fronce des sourcils.) pouvez pas travailler sur une autre star.

- Pourquoi ? l'interrogeais-je en posant sur le bureau les lunettes qui étaient auparavant sur mon nez.

- Parce que je ne l'y autorise pas, répondit une voix froide et rauque.

Un frisson me saisit mais je l'ignorai. La personne entra dans la pièce et je levai les yeux au ciel. Ne me lâchera-t-il jamais ? N'avait-il pas compris que je souhaitais être le plus loin possible de lui ? Qui pensait-il être pour investir mon lieu de travail et empêcher ma supérieure de jouer son rôle ? Les décisions qui impactaient mon dossier ne venaient que de Hélène. Il n'était personne ici.

- Seulement, c'est elle qui supervise mes recherches. Rétorquais-je en me levant, les yeux de ma cheffe grossirent. Si elle décide que ce que je veux faire est correct, alors vous me voyez dans le regret de vous dire de prendre la porte.

Je croisai les bras sur ma poitrine et haussai un sourcil en ne le voyant esquisser aucun mouvement. Ne parlait-il plus français pendant quelques secondes ? Avait-il besoin qu'on lui répète les choses plusieurs fois pour être sûr de les comprendre ? Je ne pensais pas mal m'exprimer, pourtant.

- Que choisis-tu alors, Hélène ? lui demanda-t-il en fermant la porte et en se plaçant derrière elle.

Son menton était relevé, lui donnant un air supérieur. Ce type méritait des gifles qui, malheureusement, se perdaient. Il possédait un toupet incroyable. Il croyait profondément que c'est lui qui prenait les décisions même lorsqu'il n'était pas dans son entreprise. Personne n'avait une telle emprise. Pas même les personnes installées dans le circuit depuis plus longtemps que lui. Elles jouaient de leur relation, mais jamais elles n'arrivaient à avoir un tel contrôle en personne.