CHAPITRE DIX

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Mon esprit revient sur Terre après m'être rappelé de la fameuse rencontre entre Mathieu et moi, son sourire ne le quittait pas jusqu'à ce qu'on arrive dans son quartier que j'avais tant squatté à une époque. On sort de la voiture et il me propose de monter chez lui pour qu'on puisse discuter tranquillement de ce à quoi j'ai pensé pour le clip quand j'ai écouté la musique qu'il m'a envoyé ce matin.

- C'est fou comme ces escaliers interminables ne m'ont pas manqué.

- Allez arrête un peu de faire ta râleuse on y est bientôt.

A l'époque quand on se fréquentait lui et moi, il n'aimait pas trop que je passe dans son quartier sans lui, même si les rares personnes que je croisais savaient très bien avec qui j'étais et qu'il ne fallait pas m'emmerder. Je souris en me rappelant la première fois qu'il m'avait demandé de le rejoindre ici et qu'on avait commencé à m'emmerder, heureusement pour moi il était sur son balcon et il avait vu la scène. Malheureusement pour les petits cons qui avaient tenté de me draguer et de me forcer à leur donner mon numéro, Mathieu était arrivé en trombe en lâchant un simple « Vous voulez que je vous aide ? » Les jeunes m'avaient couvert d'excuses pendant des semaines après cette histoire, alors que je ne leur avait pas tenu rigueur. Apparemment Mathieu était très respecté depuis longtemps dans son quartier et tout le monde le connaissait sous le surnom Polak, qui est à l'origine de son nom de scène PLK.

Mathieu m'invite à entrer dans son appartement, et comme à mon habitude je tilt de suite sur les mêmes choses qu'avant, je sens qu'il n'a pas ouvert sa chambre depuis ce matin, qu'il n'a pas vidé ainsi que nettoyé le salon depuis quelques jours car le cendrier est plein à rebord, il y a même du tabac de partout sur la table basse. Il me regarde en souriant car il sait très bien que je déteste quand c'est pourri ici, mais après je n'ai plus mon mot à dire car nous nous sommes séparés il y a bien longtemps. Je m'assois sur son canapé et le regarde nettoyer la table de basse tout en continuant à sourire de voir que je lui fou encore un peu les jetons.

- Bon allez dis moi en plus !

- Ta musique est très claire pour moi j'imagine un clip qui inverserait le rôle des flics avec le votre. Je vois quelque chose d'assez drôle, comme toi qui donne des gifles à des flics en plein interrogatoire, ou encore une arrestation des flics par toi et des potes.

- Je vois ouais. Ça a l'air vraiment cool, je vois exactement ce que tu as dans la tête.

Mathieu se rapprochait dangereusement tout en me regardant droit dans les yeux comme il faisait à l'époque quand il me montrait qu'il voulait que ça dérape. Son regard était assez insistant ce qui me mit mal à l'aise, mais ce qui me mit le plus mal à l'aise c'était de savoir comment Ken pouvait le prendre s'il apprenait que pour discuter travail, Mathieu m'avait fait venir chez lui.

Je rassemble mes affaires assez rapidement en demandant à Mathieu de me ramener chez moi car il faut que je mette sur papier les idées que je lui enverrais dans un mail avec les quelques endroits que j'aurais cherché pour tourner son clip, voulant secrètement me débarrasser de cette histoire. Ne comprenant pas trop ma réaction, et comme à son habitude quand on ne fait pas ce qu'il a envie, le jeune polonais se braque et se lève du canapé en se dirigeant vers la cuisine.

- T'as qu'à appeler un taxi flemme de te ramener.

- T'es sérieux là ? Je viens jusqu'ici pour parler de ton clip et t'es même pas capable de me ramener. Super merci le polak.

Je sors de l'appartement toujours en me demandant pourquoi j'avais accepté sa demande pour faire son foutu clip, et décide de marcher jusqu'à la première station de métro que j'avais tant connue pendant un long moment. La nuit était sombre ce soir, mes AirPods étaient vissés dans mes oreilles une musique du S-Crew me motivait à braver les horreurs du métro nocturne. Je décide de m'arrêter une station avant la mienne car j'avais envie de me promener sur les quais comme à mon habitude depuis que je suis monté vivre à Paris. Bizarrement cela me rappelle les ballades que je faisais avant sur notre fameuse Promenade des Anglais à Nice, cette promenade était tellement agréable à faire de tout temps, que ce soit le matin, la journée ou le soir.

Nos coeurs vagabondsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant