[Règle n°29 - Se servir de sa haine]

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Étant donné le suspens, je n'épilogue pas, et vous souhaite bonne lecture !

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« Si je n'ai plus de bras, je le tuerai avec mes pieds. Si je n'ai plus de jambes, je le mordrai...
S'il me coupe la tête, je le tuerai de mon regard. Si je n'ai plus d'yeux, je le tuerai d'un maléfice...
Même s'il doit me laisser à moitié mort... »

***

Mais il n'eut le temps de parcourir que quelques mètres avant de voir surgir, au croisement qui se dévoilait devant eux, une voiture qui l'aveugla de ses phares. Les bras de Naruto se crispèrent autour de sa taille tandis qu'il tentait vainement de chercher une solution. Où était donc passée la chance insolente qui ne leur avait pourtant que rarement fait défaut jusque-là ?

Elle semblait les avoir laissés en plan, lui et le blond qui, crispé contre son dos, grinçait des dents pour contenir la douleur qui torturait sa cheville. Sasuke eut soudain un éclair d'une lucidité dangereuse qui lui traversa l'esprit. Avec l'énergie du désespoir, il accéléra en ligne droite, se rapprochant dangereusement de la voiture, qui lui envoyait quelques appels de phare. Un coup d'œil à gauche – il n'avait pas la place. Un à droite – il avait une chance, minime, mais tout de même. Le trottoir s'inclinait en pente douce pour faciliter l'accès à une maison bordée d'un muret de briques.

La voiture s'approchait toujours, et l'uns des portières s'ouvrait – pour laisser sortir qui ? Un homme armé, peut-être ? Il ne fallait pas y penser. C'était maintenant ou jamais. Il serra l'une des mains de Naruto dans la sienne pour lui signifier de se cramponner, puis changea brutalement de trajectoire pour monter sur le trottoir juste au moment où l'homme, sorti de la voiture, récupérait son arme dans son étui.

Sasuke se concentra sur l'horizon de bâtiments qui s'ouvrait au loin. Par prudence, il décida de rester un temps sur le trottoir pour être moins facile à viser, derrière les arbres qui le bordaient. Mais il changea rapidement d'avis lorsqu'un coup de feu siffla à son oreille malgré son casque, pour finir sa course dans la clôture d'un jardin à quelques mètres d'eux. Il se rabattit sur la route, esquissant des virages hasardeux pour ne surtout pas suivre de ligne droite, et donna un nouveau coup d'accélérateur en espérant que la descente suffirait à les rendre hors de portée.

C'était sans compter sur l'insistance des hommes de Baki – ou étaient-ce ceux de Fugaku ? Sasuke n'en avait pas la moindre idée. Tout ce qu'il savait était que les phares d'une voiture lancée à vive allure les poursuivaient, lui et Naruto. Au moins, le blond était-il toujours cramponné à lui. Mais et s'ils décidaient de tirer dans son dos ? Ou dans les pneus de la moto, pour les éjecter tous les deux ?

Un rapide coup d'œil au compteur indiqua à Sasuke qu'il avait déjà largement dépassé la vitesse limite, et qu'il ne donnait pas cher de leur peau s'il devait amorcer un virage.

En observant vivement les alentours, il fronça les sourcils. Il avait eu une nouvelle idée, mais n'était pas sûr de son issue. Il se mordit la lèvre. Avait-il le choix ? Clairement, non. Encore une fois, il s'assura que Naruto tenait toujours, et freina soudainement pour s'engouffrer dans une rue perpendiculaire.

La voiture n'eut visiblement aucun mal à les suivre. Sasuke continua de malmener sa lèvre tandis qu'il regardait tout autour de lui pour savoir où il pouvait tourner sans pour autant les envoyer dans le décor. Il était rongé par l'impression désagréable que chaque ombre qui se profilait autour de lui pouvait à tout moment leur sauter dessus. Il fit semblant de prendre à droite avant de s'engouffrer dans une rue opposée, où leur course affola un vieillard tremblant qui promenait un petit sac en plastique rempli.

[Not Friends - Tome II] Then, what are we ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant