Chapitre 19

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Le vent s'engouffre dans les branches des grands chênes et percute leurs feuilles qui retombent délicatement sur le sol de la piste rouge.
Je cours comme si ma vie en dépendait. Je me défoule en repoussant mes limites au maximum. Mes poumons me brûlent. Ma gorge est sèche.
Je ne lâche rien. Je vais jusqu'au bout. Je ne suis pas du genre à baisser les bras à la vue d'un obstacle. Je suis plutôt comparable à un bélier qui fonce dans le tas et constate les dégâts que longtemps après.
En ce moment mon constat est simple. Je ne sais plus où j'en suis. Je souffre et quelques minutes après je jubile en me rappelant de sa tête ahuri.

Je suis encore plus à fleur de peau depuis que j'ai reçu cette invitation de Loïc. Elle est apparue dans mon casier en début de semaine. Elle indiquait les détails de la fête de nouvel an qu'il organise dans une immense villa avec piscine vue mer. Au dos de ce papier cartonné, j'y ai trouvé un mot et un numéro de téléphone. Il était écrit « repartons sur de bonnes bases ». J'avais envie de tout déchirer. J'en suis restée perturbée toute la journée et je me débrouille encore pour ne pas croiser son chemin dans les couloirs. Je ne l'aime pas, je ne peux rien y faire.

- Parfait Cadillon ! crie ma professeur de sport en me voyant dépasser la ligne d'arrivée en première. Tu peux aller te changer, on a terminé la séance.

Elle tape dans ses mains et me donne mon temps. Je l'oublie rapidement mais je suis consciente d'en avoir été fière.
Tous mes amis de natation applaudissent et Nolan s'empresse de venir me voir.

- Tu passes ton éval ? me demande-t-il alors que je me laisse tomber au sol pour m'allonger.

Je lui montre un pousse levé, étant incapable de lui répondre avec un essoufflement si prononcé.

- Tu.. tu l'as déjà passée ? articulé-je, étonné qu'il est changé aussi rapidement de sport.

- Yes, on est au deuxième trimestre, mon conseil de classe était hier. On fait hand ball avant de reprendre la natation en force, explique-t-il en me souriant d'un air moqueur.

- C'est mon état qui te fait rire ? lancé-je en ricanant quelque peu.

Je dois être de la couleur d'une tomate. L'effort que j'ai produit m'a fait transpirer massivement et mes cheveux doivent être plaqués par la sueur. En résumé, à coup sûr j'ai une tête affreuse.

- On peut dire ça, avoue-t-il en élargissant son sourire.

Kiara arrive en trottinant et s'assoie à côté de nous. Son attitude joyeuse me met du baume au cœur. Mais ce qu'elle s'apprête à révéler retirera rapidement le pansement permanant qu'elle me procure pour laisser ma peau à vif.

- Il paraît qu'Éthan s'est battu avec Loïc dans les vestiaires ! lâche-t-elle en me fixant.

Mon meilleur ami soupire de désespoir.

- Ce sont des abrutis. Une histoire de meuf d'après un de mes potes, affirme-t-il en me lançant un vague regard entendu.

Je fais mine de ne pas m'intéresser à cette discussion malgré mon cœur tassé par un remord insensé.
Il me sourit avec compassion et me réconforte en me frottant l'épaule.

- En parlant du loup, déclare Kiara.

Je me redresse brusquement, pensant faire face à Éthan. Mon cœur a faillit s'échapper de ma poitrine.
Mais c'est tout simplement Loïc qui passe devant nous pour rejoindre les vestiaires. Il a la tête baissée et un air fermement contrarié qui se dégage de ses mimiques.
Son visage est défiguré. Il a un coquard impressionnant sur l'œil droit et des bleus sur les joues.
Mes yeux sont ronds de stupeur. Je ne peux imaginer la puissance qu'Éthan a dû mettre dans ses uppercuts.

On en rêveraitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant