On en rêverait

Chapitre 22

J'arrive dans le salon avec l'impression qu'une éternité s'est écoulé. Je commence à fouiller la pièce du regard mais ma sœur me repère avant moi et fonce dans ma direction. Elle a une attitude furax qui ne présage rien de bon.

- Tu étais où ? interroge-t-elle avec sa tête de petit tirant.

-   Là où tu n'étais pas, soupiré-je dans un fin sourire hautain.

-   Ben pendant ce temps Nolan s'est senti tellement mal qu'il a dû rentrer chez lui ! gronde-t-elle comme si c'était de ma faute.

-   Et qu'est-ce que j'aurais pu y faire moi !?

- Au moins être présente pour ton meilleur ami !

Je ne comprends pas ce soudain élan de reproches. Elle a toujours été plus proche de Nolan que moi. C'est son rôle de le coller comme un petit chien et de discerner quand ça ne va pas pour ensuite le consoler.

- Quelque chose me dit que tu le considère comme un peu plus que ton meilleur pote pour ta part.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Je ne t'embête pas avec Éthan, moi. Ou Liam, que sais-je ? Pendant que tu faisais ta princesse au balcon, Nolan commençait déjà à avoir mal à la tête. Heureusement que j'étais là !

- Arrête de me soûler avec lui, rétorqué-je sèchement. Il sait se gérer, c'est un grand garçon. Et je peux t'assurer qu'il n'a même pas besoin de toi pour vivre.

- Fais gaffe, tu sais de quoi je suis capable, déclare-t-elle avec insolence.

Je ferme les yeux sous la rudesse du choc et pince mes lèvres pour me contenir. Une violente montée d'adrénaline me torture d'envie de lui mettre une baffe devant tout le monde.

- Je ne sais pas pourquoi je ne me suis pas déjà vengée de ta connerie, avoué-je rageusement.

- Peut-être parce que je n'ai pas fais exprès ! me répète-t-elle encore une fois.

-  Parfois j'en doute, lâché-je amèrement.

Je me décale et continue mon chemin sans lui prêter plus d'attention. Je vais dans la cuisine pour me servir un grand verre d'eau mais Laure me suis de près.

- Je vais devoir m'excuser combien de fois de t'avoir pourri ton année de première ? interroge-t-elle les larmes aux yeux.

- Vas t'assoir avec tes amis Laure, ordonné-je en restant impassible. T'as trop bu et ça te rend à fleure de peau. Je ne veux pas discuter avec toi quand t'es dans cet état.

À ma grande surprise, ma sœur repart en reniflant misérablement.
Je m'appuie au lavabo et souffle tout l'air de mes poumons. Cette soirée est une épreuve à laquelle je dois lutter chaque minute pour ne pas me laisser emporter par des sanglots menaçants.

Je prends mon verre d'eau et je me retourne pour quitter la cuisine. Je percute soudainement quelqu'un qui lâche un juron.

- Merde quoi ! C'est quoi votre problème à tous avec l'alcool ? grondé-je en sentant un liquide bleu couler sur mon avant bras.

- Vraiment désolé, déclare-t-il en s'empressant de prendre un rouleau de sopalin.

J'accepte finalement la feuille qu'il me tend et je découvre avec stupéfaction la bouille navrée de Loïc.
Et mince.
Je m'empresse d'essuyer la boisson sucrée avant qu'elle me colle à la peau.

- Je t'ai pas reconnue de dos...

- Je ne suis pas dupe, répliqué-je avec un air désespéré.