4- La vendeuse de piment.

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OUIIIIIIIIIIIIIIIIIN! Ouin ouin ouin ouiiiiiin!

Aaron est un vrai pleurnichard. Je sais ce que diront les gens. Les bébés ont naturellement tendance à pleurer. Mais j'ai souvent l'impression que ce petit diable sait parfaitement ce qu'il fait. J'ignore pourquoi il essaie de me rendre sourde. Mais à bien y réfléchir, je commence à me douter de celui qui pourrait être son père.

Kylan et Makélélé se plaignaient constamment. Seulement, Kylan se calmait toujours quand je l'amadouais un peu. Contrairement à Makélélé, une vraie tête de nœud. Et ce profil correspond tout à fait à Aaron.

Chaque fois que je me redemande comment je faisais pour supporter de sortir avec trois mecs à la fois, je me rappelle qu'ils étaient des Mokonzi(hommes influants), plein aux as jusqu'à l'ADN. Dieu seul sait comment j'ai fait pour tomber enceinte de l'un d'eux. Je pensais pourtant prendre toutes mes précautions.

Dans tous les cas, peu importe. J'ai eu du mal à accepter cette grossesse. Non seulement je n'avais pas de relation sérieuse, mais en plus, elle constituait un frein à la vendeuse de piment que j'étais. Certains aiment bien nous nommer croqueuses de dimants, d'autres tchizambengue(maîtresse), ou bien même voleuses de mari. Mais personnellement, je préfère encore vendeuse de piment. Parce que oui, on sait piquer là où il faut!

Malgré toutes mes préméditations, je n'ai jamais eu le courage d'avorter. Je décidai donc de le donner à un orphelinat après sa naissance. Mais son vagissement, ses petits yeux m'ont fait changer d'avis à la naissance. Et pour nous protéger tous les deux, j'ai choisi de l'élever toute seule.

J'ignore encore qui en est le père. Et d'ailleurs je n'ai jamais cherché à le savoir. Il était hors de question que je brise un foyer ou que je devienne la deuxième épouse. Légitime ou pas, mon enfant allait avoir une vie décente, avec ou sans père. Je ne sais toujours pas l'excuse que je vais lui servir pour expliquer l'absence de son papa. Mais cela devrait venir avec le temps. Après tout, j'ai passé ma vie entourée de mensonges, avec ces mɔgɔ puissants(hommes influants) qui sortaient les histoires les plus grotesques. Et pourquoi? Afin d'échapper aux bras de leurs femmes et s'évader dans les miens.

Puis, j'ai mis fin à toutes mes activités, histoire de me consacrer à mon ange.
Tous les diamants que j'avais déjà gagnés auraient suffi à nous faire vivre aisément pendant au moins vingt ans, voire plus. Mais pour faire grandir nos chances, j'ai investi dans une gigantesque entreprise de lingerie sexy. Eh oui. Même la nuit, le lait est blanc ! Et devinez quoi, 99% de mes clients sont des hommes prêts à dépenser des sommes de malade dans mes produits. Dieu même sait que les bénéficiaires de leurs cadeaux ne sont pas leurs épouses. Du moins, pas que. D'ailleurs, sans aucune surprise, bon nombre d'entre eux ont essayé de me mettre dans leurs lits. Après tout, j'ai de quoi rendre n'importe quel homme infidèle. Autrefois, j'aurais accepté sans hésiter. Mais la donne a changé. Je suis devenue maman. Et désormais, je ne vis que pour mon bébé.

- Bébééé, s'il te plaît, maman est au volant là. Tu vois pas? Hum?

Mais c'est maintenant que mon petit bonhomme continue de plus bel. Comment se fait-il que je n'aie pas encore étranglé cette petite chose? J'y arriverais pourtant avec seulement deux doigts, ou même un.

- HEY! MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE OU QUOI?

Je freine d'un coup sec. Et on dirait bien que ce coup de frein cloue le bec à mon bébé. Je jette un coup d'œil à l'arrière du véhicule. Heureusement qu'il est protégé par son dispositif de sécurité.

- Oups bébé, j'espère que tu n'as pas eu mal.

Son rire me fait croire que non. C'est à imaginer que ce bout de chou se fout parfois de la gueule de sa mère.

La Première FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant