Deux jours s'étaient écoulés depuis notre prouesse d'avoir repoussé le vote matinal. Peu après, quelques villageois étaient même venus me confier leurs doutes concernant telle ou telle personne. La plupart m'avait l'air de ragots sans grands fondements mais je gardais tout de même les accusés dans une liste de suspects. Avec Erian, Merinya et Erik, nous continuons de rôder la nuit, sans grand succès. Le jour en revanche, Erian et moi nous concentrions sur les pistes que m'avaient offert les villageois.Aujourd'hui mon réveil s'était fait sous le couvert du lever du jour, non pas pour me rendre au procès des loups-garous mais pour aller travailler. J'avais postulé hier auprès des paysans du village pour obtenir un boulot dans les champs. Ils étaient toujours heureux de recevoir un peu d'aide, surtout à partir du printemps, et puis j'avais besoin d'argent.
Je sortis du village pour atterir au beau milieu des étendus de terres où certains se demenaient déjà. Mes pas m'emmenèrent jusqu'aux maisons des fermiers. Un homme ne tarda pas à m'interpeller. Il s'agissait de Roger, celui auprès de qui j'avais postulé et chez qui je travaillais toujours à chaque fois que l'argent venait à me manquer. Il me salua chaleureusement. Le cinquantenaire rondouillard avait toujours un sourire accueillant aux lèvres. Sa présence avait le don de me mettre en confiance et de bonne humeur.
- Tu travailles jusqu'au dix-huitième cycle lunaire c'est bien ça ?
J'hochai la tête.
- Avant de t'emmener aux champs, j'aurais besoin de toi pour réparer une barrière. Suis-moi.
Je me laissai guider jusqu'à un grand enclos qui protégeait une étendue d'herbes de pâturage. Un pan de la clôture s'y était affaissé. L'homme m'intima de ne pas bouger et revint peu après avec des outils. Il m'indiqua ce que je devais faire et je l'imitai du mieux que je le pus. Je n'avais jamais été très habile de mes doigts comme pouvait en témoigner mes mains, loins d'être rocailleuses. Roger finit par s'en aller lorsqu'il vit que je saurais me débrouiller seul pour finir.
Le chant des oiseaux me détendit peu à peu. Je martelai le bois. Malgré l'effort physique que je devais fournir, je n'avais pas été aussi relaxé depuis des semaines. Cette tâche me changeait les idées. J'étais plus préoccupé par la perspective de bien faire que de penser une seule seconde à notre guerre contre les lycanthropes.
- Aïe ! m'exclamai-je soudain.
Une écharde venait de s'enfoncer dans mon doigt. Je l'observai en grimaçant. Décidément, j'étais trop distrait en ce moment. Je tentai de chasser cette maladresse momentanée et serrai les dents. La fine aiguille finit par s'extraire en laissant une marque douloureuse derrière elle. Comment une chose si petite pouvait-elle faire si mal ?
Je me remis au travail en faisant un peu plus attention. Je terminai tout juste lorsque la pause de midi vint sonner son glas rédempteur. Je me relevai et étirai mes muscles engourdis. Roger était venu me chercher pour déjeuner. Il me félicita même d'avoir terminé ma tâche.
Les paysans du village travaillaient tous ensemble et se rejoignaient ainsi chaque midi pour partager un repas à la même table. La bonne humeur était de mise et l'on m'accueillit sans mal. Ces gens n'avaient pas l'air de se laisser abattre par la situation du village. C'était plaisant à voir. La nourriture de ces repas était le plus grand privilège de ce travail qui avait au moins le mérite de compenser ma maigre paie.
L'un d'eux finit tout de même par me questionner sur l'avancement de mon enquête. Peut-être pourrais-je récolter des informations auprès d'eux ?
- Oh, je n'ai que quelques pistes pour l'instant, je ne m'avancerai pas à accuser qui que ce soit pour le moment ! N'hésitez d'ailleurs pas à me confier vos doutes.
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À la Merci des Loups [BxB]
WerewolfDu jour au lendemain, le village fut envahi par les Loups-garous. Des mangeurs d'hommes, aux traits humains le jour, que les habitants tentaient d'éradiquer par des votes matinaux dont le désigné était jugé coupable et brûlé au bûcher. Puis je suis...