Chapitre XX ♦️

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Assis au bar du Gemstone, Jay Colins avait le regard plongé dans son whisky et les pensées dans le passé. Il faisait tourner le liquide jaunâtre qui dégageait une forte odeur d'alcool avec un air perdu. Il n'entendait même plus la musique qui emplissait le club tant son esprit était ailleurs. Il ne savait même pas pourquoi il repensait à Elle en ce moment.

Non mais franchement, ça devait faire dix ans qu'il ne l'avait pas revu et pourtant Elle submergeait ses pensées à l'improviste. Son visage jaillissait du passé et son ton railleur retentissait dans ses oreilles comme si elle était assise à ses côtés et lui parlait en riant. Jay secoua la tête en fronçant les sourcils et but d'un seul coup tout son whisky. L'alcool lui monta à la tête pendant un court instant puis le paysage se stabilisa et Jay reposa son verre sur le bar sous le regard inquiet du barman du Gemstone.

— Ça va pas, Colins ?

— Si, si. Je vais bien, t'inquiètes, répondit Jay en pivotant sur son tabouret.

Il se retrouva face à la piste de danse et contempla, avec une indifférence absolue, les danseuses bougeant leur corps fin et élancé au rythme de la musique devant des clients qui se rinçaient l'œil. Elles arboraient toutes un sourire que seul les employeurs pouvaient voir faux, Jay travaillait depuis assez longtemps dans le Gemstone pour savoir que les filles n'étaient absolument pas heureuses ici. Qui pouvait l'être ? Jay détourna les yeux de la piste de danse pour voir arriver Jack, toujours d'une humeur fracassante et qui foutait le bourdon à Jay. Il s'installa à ses côtés en commandant une bière puis lui lança:

— Qu'est-ce que t'as ?

— J'ai rien, merde, s'énerva le grand brun. Pourquoi vous me posez tous la question ?

— Parce que t'as une tête de déterré, rétorqua Jack sur un ton moqueur. Non, sérieux. Qu'est-ce que t'as ?

— Rien, je te dis.

Jay pivota de nouveau sur son tabouret et admira le fond de son verre vide. Est-ce qu'il avait vraiment la tête d'un type nostalgique ? En même temps, vu ce à quoi il pensait, il ne pouvait pas avoir la tête d'un type super joyeux. Tout ça lui donnait la migraine. Il en avait marre de repenser à Elle, de toutes façons, cette dernière était devenue complètement timbrée et devait se trouver normalement en prison. Jay avait vu les infos mais n'en croyait pas un mot. Les policiers de ce bled pourri avaient tendance à tout exagérer pour rendre les nouvelles intéressantes et dire que Crystal Blood était de nouveau en liberté faisait partie de leurs exagérations habituelles. Elle était dans la prison de Monte Béoul. Point barre. Même si elle réussissait à encore obséder Jay.

Ce dernier soupira et demanda un autre verre au barman quand, tout d'un coup, la porte du club à sa gauche s'ouvrit. Un nouveau client ? Jay tourna la tête et vit entrer un grand gringalet dans un costard soigné suivi de deux gardes du corps, un homme qui devait mesurer près des deux mètres et qui intimida tous les gens qui se trouvaient autour de lui et une femme qui semblait scanner toute la pièce du regard même si ses lunettes teintées cachaient ses yeux.

Jay regarda les nouveaux venus un moment en essayant de savoir s'il les avait déjà vu quelques parts mais il finit par comprendre qu'ils n'étaient pas d'ici. L'homme ressemblait à un italien. D'autant plus que c'était Jane en personne qui leur montrait les lieux.

— Hé, tu connais ce mec ? lui demanda Jack.

— Non. Jamais vu.

Les nouveaux clients passèrent devant le bar et Jay dut se retourner pour continuer de les regarder. Quand Jane s'arrêta vers eux pour montrer à l'italien la piste de danse avec un large sourire, les gardes s'arrêtèrent derrière lui. L'homme noir n'arrêtait pas de tourner la tête dans tous les sens comme s'il essayait de capter le moindre son et reniflait étrangement. Soudain, quelqu'un émit un claquement de langue et l'homme grogna. Jay se raidit et jeta un coup d'œil vers Jack qui s'était crispé, lui aussi. Jay se pencha vers son ami et lui chuchota:

Crystal BloodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant