Crystal Blood

Chapitre II ♦️

    Quelques minutes plus tard, ils s'arrêtèrent comme l'avait préconisé Humpty Dumpty, dans un motel assez flippant qui contenta parfaitement Blood. Elle sortit de la berline à la suite de l'homme et marcha dans ses pas en direction de l'entrée de l'hôtel. Alors qu'elle regardait un peu tout d'un œil éveillé, Frédéric John demanda une chambre pour quelques heures en expliquant poliment qu'ils avaient besoin de se laver après un long voyage. Blood ne se formalisa presque pas du regard dégoûté de l'homme de l'accueil qui venait visiblement de sortir d'une grosse sieste nocturne vu la gueule qu'il tirait et lui sourit avec toute l'hypocrisie du monde. Il fit une étrange grimace et tendit à l'avocat une clef. Humpty Dumpty ainsi que les quatre gardes qui les avaient suivi escortèrent Blood jusqu'à l'étage et la chambre voulue.

    On lui avait fait enfiler un pull et un jogging sans forme pour éviter d'éveiller les soupçons. De ce fait, l'homme d'accueil ne savait absolument pas qu'il venait d'héberger l'une des tueuses les plus dangereuses dans son motel. Et il allait le regretter si on en croyait les pensées qui occupaient l'esprit de Blood à son intention.

     Son sourire fou trahissait son bonheur extrêmement terrifiant.

    — Voila vos vêtements, Blood, fit Humpty Dumpty en lui tendant une pile d'habits. Et voilà la salle de bain.

    — Oh, je croyais que c'était une boucherie, déclara-t-elle avec un sourire narquois.

    Elle leva les yeux au ciel et serra ses effets contre elle. Ça faisait longtemps. Elle ne paraissait plus folle à cet instant, elle semblait plus avoir l'apparence d'une petite fille, si heureuse que ses yeux pétillaient. Les gardes du corps de Humpty Dumpty semblaient s'empêcher de se moquer d'elle. Elle rentra dans la salle de bain. Elle déposa ses affaires sur le bord de l'évier miteux avant d'aller faire couler l'eau sur sa peau crasseuse. L'eau brûlante lui fit extrêmement du bien et elle eut l'impression qu'une couche de saleté s'enlevait de sa peau. L'eau qui s'écoulait de son corps était devenue noire et tintait les carreaux déjà très sales. Ses cheveux relâchèrent toutes la saleté accumulée au fil des jours où elle n'avait pu se laver. Des insectes, de la poussière, du sang de ses précédentes blessures quand elle avait dû se battre avec l'une des autres pensionnaires furent éjectés de ses cheveux pour recouvrir le sol des douches.

    Sa chevelure maintenant délaissée de toute cette crasse, lui arrivait à la moitié du dos et commençait à reprendre leur éclat de feu. Elle se savonna longtemps et lorsqu'elle fut convaincue qu'il ne restait plus rien de la saleté de la prison, elle sortit de la douche, trempée. Elle se sécha assez rapidement, peigna sa chevelure rousse et enfila ses vêtements. Étonnement, ils avaient été lavés et sentaient assez bon. Elle se regarda dans le miroir brisé placé au dessus de l'évier et sourit en observant de nouveau ce reflet qu'elle avait l'habitude de voir avant sa capture. Ses cheveux descendaient sur ses épaules en de belles boucles rousses bien définies et dorénavant propres et quelques mèches étaient tressées sur le côté de son crâne dévoilant ses multiples anneaux en argent qui décoraient son oreille droite. Son visage était toujours aussi blanc que la porcelaine, ses taches de rousseur ressortaient toujours autant et ses yeux n'étaient pas maquillés car Crystal considérait ses pupilles comme quelque chose de précieux, à ne pas dissimuler sous du maquillage. Seules ses lèvres étaient tintées d'un rouge mate.

    Elle ajusta sa brassière noir lassée et son blouson en cuir serti de toutes sortes de pierres et resserra sa ceinture pour que son jean déchiré ne foute pas le camp. Encore pieds nus, elle quitta la salle de bain en attachant son collier autour du cou sans le regarder. Elle savait pertinemment que ce qu'elle faisait était dangereux mais ce collier était là pour lui rappeler la haine qu'elle Lui vouait.

    Lorsqu'elle apparut dans la chambre, les gardes du corps ne purent s'empêcher de la mater sans se faire prier, le cristal rouge pendant au bout d'une chaîne en argent brillait sous les faibles lumières et elle avait bien pris soin de ne pas le regarder dans le miroir. Elle avait simplement besoin de le sentir contre sa peau. Elle se dirigea vers la sortie mais sentant que personne ne la suivait, Blood se retourna vers les gardes dont les yeux sortaient de leur orbite et dont la langue pendait presque. Elle sourit, fière qu'elle fasse toujours autant d'effet mais finit vite par être agacée. Même John semblait perturbé.