Chapitre IV ♦️

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    On emmena Crystal Blood et Blind dans leur chambre où avait été préparé tout ce dont ils auraient besoin pour leur Mission. Lorsque Blood arriva dans sa pièce, elle vit avec joie que sur son lit s'étalait une panoplie d'armes toutes plus géniales les unes que les autres. Elle ferma la porte en la verrouillant alors qu'elle entendait un garde s'approcher de sa chambre puis se planta devant son lit. Elle observa en silence les armes puis elle fit glisser ses doigts sur les pistolets, poignards, grenades et il y avait même une petite boîte en argent posé au beau milieu de tout cet aperçu de la violence qui allait suivre. Elle prit la boite et l'ouvrit pour découvrir plusieurs lentilles de la couleur de ses yeux. Comme c'est mignon, pensa-t-elle, ils se souviennent de ça. Elle rit puis reposa la boite sur la table de chevet à côté du lit avant de déplacer toutes les armes sur le sol. Il fallait qu'elle soit prête pour partir et elle avait toute la nuit car elle n'était absolument pas fatiguée. De plus, le rose et le violet des draps lui donnaient la gerbe, il n'était donc pas question qu'elle se couche dans ce lit qui puait l'innocence à plein nez.

    En faisant le tour de la chambre dans laquelle elle allait « dormir » une seule nuit, elle vit qu'une enveloppe reposait sur la commode en bois de chêne de l'autre côté de la pièce. Elle la prit et la déchira avec ses ongles qu'elle devait absolument vernir. Elle déplia la lettre et se rendit compte qu'il s'agissait d'une invitation.

    — Ces bourges, ricana-t-elle, une invitation pour aller bouffer. Je t'en foutrais.

    Elle froissa la lettre la jugeant inutile et la jeta dans la poubelle qui se tenait à côté d'un petit bureau. Elle se laissa ensuite glisser sur le sol contre l'un des murs de sa chambre. Elle s'en était pas mal sortie. Elle avait hâte de faire son retour, si hâte que l'adrénaline courait déjà dans ses veines. Si Dylan Adams croyait qu'elle allait suivre le contrat à la lettre, alors il n'avait vraiment aucun neurone fonctionnel dans son cerveau d'homme blindé aux as. Oui, elle respectait les promesses et les contrats comme tout bon tueur à gages mais que lorsqu'elle les avait vraiment acceptés... Elle ricana toute seule dans sa chambre. Tuer, ce n'était pas un problème mais jouer les super-héros, très peu pour elle.

    Alors qu'elle réfléchissait à la manière qu'elle utiliserait pour faire un come-back terrifiant, quelqu'un frappa à sa porte. Elle grogna en se relevant et alla ouvrir, découvrant l'Aveugle qui huma l'air.

    — Toi aussi, tu as eu des cadeaux, dit-il.

    — Ouais, j'ai hâte de les utiliser. Qu'est-ce que tu fous là, enchaîna-t-elle.

    — On nous demande au rez-de-chaussée, répondit-il, pour la mission.

    Même si Blind ne pouvait la voir, elle dissimula son impatience pour ne pas ressembler à une petite fille de six ans et passa devant lui sans l'attendre. Elle traversa le long couloir des chambres en entendant le bruit des pas de Blind dans son dos. Elle ne l'aimait toujours pas malgré la trêve qu'ils s'étaient accordés. En fait ce qu'elle ne supportait, était le fait qu'elle ne pouvait pas user de la puissance de son regard sur lui et d'une autre part parce qu'elle arrivait moins bien à détecter ses émotions, états d'âme. Elle rejoignit l'avocat et le maître des lieux dans le salon qu'elle avait quitté plusieurs minutes plus tôt et posa son épaule contre l'arche qui délimitait cette pièce de repos avec le couloir de l'entrée. Blind se posta à ses côtés dans sa posture habituelle: deux mains jointes sur l'horrible crâne de sa canne. Blood claqua sa langue contre son palais pour manifester leur présence aux deux hommes qui discutaient dos à eux. Ces derniers se retournèrent et elle ne put s'empêcher de fixer d'un regard suffisant le prénommé Dylan Adams.

    De nom, elle ne le connaissait pas mais son physique lui disait quelque chose. Seulement, elle ne se rappelait pas où elle aurait pu voir cet homme qui puait la lâcheté et qui n'était même pas capable de s'occuper tout seul de ses affaires. Adams croisa son regard qui était en train de le scanner puis détourna les yeux sur Blind qui avait, selon Blood, le malheur de ne pas pouvoir intimider et utiliser les gens grâce à son regard. Elle continua d'observer cet Adams détectant son caractère et tous ses tics. Pour un homme d'affaires, il n'était pas vraiment imposant. Certes, son physique de joli cœur et de séducteur devait jouer en sa faveur mais Crystal le trouvait bien trop peureux pour pouvoir faire sa place dans le business. S'il avait été assez fort d'esprit, il aurait certainement soutenu son regard. Elle eut un rictus narquois tout en voyant que Dylan manifestait sa peur sans s'en rendre compte.

    — Bon, dit-il d'une voix nerveuse qui fit tourner la tête de Blind dans la direction de Blood qui s'amusait encore à le fixer. Voila les hommes que vous devez éliminer.

    Blind donna un coup de canne dans les jambes de la jeune femme qui détourna les yeux, le fusillant du regard. Il secoua la tête avant de se retourner vers Humpty Dumpty et Joli cœur. Voila, elle avait fini par lui trouver un surnom aussi stupide que celui de son avocat. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle reporta son attention sur l'écran qui venait d'apparaître sur le mur vide en face d'eux. Quatre visages munis de leur identité figuraient sur l'écran lumineux. Crystal Blood lut les noms les uns après les autres sans en reconnaître un seul jusqu'à ce qu'elle tombe sur le dernier: Jane Rockwell. Depuis le temps qu'elle voulait la buter. Sa vengeance allait être beaucoup plus facile à mettre en place et aucun des hommes qui se trouvaient ici ne sauraient que cette femme était la principale cible de sa colère ! Le coin de sa lèvre se leva en une moue cruelle tandis que Blind n'affichait aucune émotion. Au bout d'un certain temps, avant que l'Aveugle ne s'agace, Frédéric finit par réagir et lut chaque nom avec une certaine crainte devant la grimace mauvaise qu'arborait Blind.

    — Patrick James, Sullivan Gilardot, Georges Astor et Jane Rockwell.

    — Alors on a besoin d'un liseur ? se moqua Blood en ricanant dans son coin, toujours adossée à l'arche en pierre.

    — Vous n'avez pas besoin de me prévenir quand vous en aurez terminé avec l'un d'eux, la presse s'en chargera pour vous, déclara Dylan en affichant un faux sourire.

    — Dis donc, Joli cœur, tu serais pas en train de nous demander de tuer des célébrités? lança Blood avec un sourcil levé.

    — Euh... Ces gens sont aussi connus que moi mais dans des domaines différents alors c'est exactement ce que je vous demande de faire, répondit-il, visiblement déstabilisé par son nouveau surnom.

    Frédéric sourit et Blood fut amusé de voir à quel point ces deux hommes ressemblaient plus à des enfants qu'à autre chose. Lorsqu'elle comprit que la petite réunion était finie, elle fit craquer ses doigts d'un seul coup ce qui provoqua quelques frissons chez ses interlocuteurs.

    — C'est génial, fit-elle, hein, que c'est génial, Blind?

    — On peut dire ça oui, sourit-il, essayant de cacher le fait qu'il était aussi enjoué qu'elle.

    Blood quitta ensuite le salon mais fut interpelé par Adams.

    — Vous ne mangez pas avec nous?

    La jeune tueuse émit un petit ricanement avant de regarder par dessus son épaule et de lancer:

    — Si je fais ton sale boulot, c'est pas pour toi, Joli cœur, mais pour moi. Ne crois pas qu'on est pote, c'est loin d'être le cas et puis les surnoms, lui dit-elle en se retournant complètement, une lueur folle dans son regard argent, c'est juste pour familiariser avec mes victimes, c'est plus sympa avant de les tuer.

    Elle lui fit un clin d'œil avant de disparaître dans les escaliers, laissant Frédéric John et Dylan Adams tétanisés.

Crystal BloodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant