Chapitre 1

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Je tourne dans mon lit, essayant en vain de m'endormir. Demain, le plus grand jour de ma vie, va avoir lieu. Mon premier tirage au sort, pour les jeux de la faim, tout le monde est persuadé que tout va bien se passer pour moi, mais j'ai un mauvais pressentiment et je n'arrive pas à me l'ôter de la tête. Comment les autres font-ils ? Je me le demande pour la première fois. Mes parents disent que je suis chanceuse, je n'ai pas eu à prendre de tesseraes pour ma famille,comme d'autre doivent le faire. Et pourtant ce soir, je suis plus inquiète que jamais, seule dans ma grande maison vide, j'ai envie de sortir, j'étouffe dedans, mais pour faire quoi ? Aller où ? Aucune idée, mais je prend ma veste et sors de chez moi. Les rues de mon quartier sont désertes, tout le monde dors ou se trouve à une réunion, chez Monsieur le Maire. Mes pas résonnent dans le silence ambiant, et j'avance sans savoir où je vais, le temps s'écoule et je ne saurais dire combien de temps passe avant que je n'arrive sur une partie du port qui m'est inconnu. Une fête bat son plein un peu plus loin, j'entends les rires et les chansons qui se succèdent.Ce bruit me fait prendre conscience que je me suis beaucoup éloignée de ma maison, les seuls endroits où l'on célèbre des choses, c'est le quartier le moins riche du district. Des soirées arrosées y sont faites, où l'on se raconte des histoires de sirène jusqu'au petit matin, les marins le font avant de partir en mer où juste avant les Jeux, comme c'est le cas ce soir. Mon père dit que cela à été inventé pour oublier, oublier les morts à venir, et les malheurs,ne pas penser qu'un être chère va bientôt disparaître. Il dit ne pas les comprendre et encore moins ceux qui laissent faire ce genre de festivités, moi au contraire je compatis, la plupart du temps c'est un de leurs enfants qui est pris par le Capitole. Pire encore,beaucoup d'entre eux vont dans des centres d'entraînements pour devenir des carrières, encourager par le Président Snow ces derniers touchent de l'argent en échange de chaque enfants envoyés là-bas. On raconte même que certaines familles, engendrent des descendants dans le seul but de gagner des bénéfices sur leur dos,en les poussant à devenir des meurtriers. Pour ma part je trouve cela inhumain.
J'approche des réjouissances, et me colle contre une caisse de rhum et des cordages, posés négligemment. Cette partie du district sent très fort, du fait qu'elle se trouve au cœur des poissonneries, et je commence à avoir un mal de tête. A deux cents mètres de moi des poissons décapités sont entassés à même le sol, ce qui me fait vomir. La bile remonte dans ma gorge, et me brûle les narines, je commence à cracher et tousser bruyamment. Une fois que j'ai terminé de rendre mon déjeuner, je remarque que la musique s'est arrêtée et que les gens me dévisagent. Rouge de honte, je débite quelques excuses et je déguerpis en vitesse, dans la direction opposée. J'ai à peine le temps de faire trois pas, que je suis rattrapée par une fille, qui semble avoir mon âge, elle est blonde et à de beaux yeux noisettes.

-Hey ! Où tu te sauves ? me questionne t-elle.
Je devrais sans doute, me détacher et partir en courant, mais elle me fixe et je dois avouer que son regard me détend.
-Je...rentre chez moi. Il est tard et demain c'est la moisson. Je ne devrais pas être ici, j'essaye de la convaincre et moi plus encore.
-Pars pas ! Moi c'est Izzya, demain c'est ma première moisson et je compte bien en profiter avant. Reste, tout le monde s'amuse, viens danser !
Et elle m'entraîne sans plus de procédure, et nous dansons à en avoir mal aux pieds et la tête qui tourne. Je ne rentre chez moi qu'au matin, les yeux rougis de fatigue, mais également apaisée et sereine.

Puis les années passent, aussi vite que cette soirée auprès d'Izzya. Les moissons défilent et je ne suis jamais tirée au sort, je grandis. Ma vie est rythmée par les cours, et les soirées où je me rend en cachette avec ma meilleure amie Izzya. Depuis cette fameuse nuit, elle et moi sommes inséparables, on fait les quatre cents coups ensemble. Et quand elle décide de m'entraîner à un meeting(je ne sais même pas ce que ce mot veut dire) pour entendre parler des gens, je dis oui comme d'habitude.
Je me glisse par la fenêtre de ma chambre, comme je le fais si souvent et je parcours les rues en catimini. J'atteins notre point de rendez-vous en une demi-heure et j'attends mon infatigable amie.J'entends son rire et je reconnais sa démarche avant de la voir elle, son pas sautillant m'a toujours fait beaucoup rire.
-Vieille branche ! Tu viens on caille ici ! rit-elle en arrivant à ma hauteur.
Ses pupilles sont dilatées, comme ceux d'un félin, et son sourire est carnassier. Une vraie panthère.
-Doucement cocotte ! Alors on va où ? je lui demande en la suivant à l'aveugle.
- Oh nulle part, je vais juste te vendre au beau Finnick lance t-elle en ricanant . Ce qui me fait exploser de rire.
Toutes les deux on s'envoie toujours des pics, mais c'est seulement pour se taquiner, c'est notre façon de s'aimer. Et les allusions aux gagnants des 65éme Jeux est souvent un sujet de conversation, Izzya est une des seules filles que je connaisse qui ne le trouve pas à son goût. L'année dernière lors de la moisson, il se tenait devant nous et elle m'a dit à l'oreille "Regarde le, il est difforme une jambe plus courte que l'autre et les yeux pas tout à fait à la même hauteur". Je l'ai frappé après ça, j'aime beaucoup Finnick et je le trouve très bien.
Nous traversons plusieurs ponts (signe que nous changeons de quartier),avant d'arriver à destination. Sur la pancarte au dessus de ma tête,je peux lire "Docks" en gros. Nous sommes dans le pire endroit du district, là où les personnes les plus pauvres vivent,et se regroupent. Autant dire que nous faisons tâche dans le paysage, moi encore plus que mon amie, je viens de la rive nord, le meilleur quartier de tout le district, là où on ne meurt pas de faim, ni de maladie. Mon père est Ingénieur, il insiste toujours pour que je respecte mon rang et le sien par la même occasion, i lfaut donc que je sois toujours présentable, au cas où je croiserai le Maire (un très bon ami à lui). Ce qui fait que ce soir, je porte une robe légère en froufrou rose pâle. La chair de poule me prends quand je réalise réellement où nous nous trouvons.
-Izzya,tu es sûre de ton adresse ? je demande pas rassurée.
-Certaine,Rayke me l'a donné en personne. Il va arriver.
Je prend le bout de papier qu'elle à entre les mains et déchiffre l'écriture tordue de son petit copain. On pourrait croire que nous sommes folles de suivre les indications d'un garçon (surtout quand elle nous conduit ici), mais Izzya le connaît depuis ses cinq ans et nous avons une confiance aveugle en lui.
D'ailleurs il arrive au loin en courant et nous fait signe de le rejoindre, ce que l'on fait. Après qu'il est englouti la bouche de ma meilleure amie, je lui demande s'il n'est pas taré de venir dans un coin pareil.
-C'est qu'elle à peur, notre belle des quartiers nord ! se moque t-il.
-Pas du tout ! je grogne.
-Allez venez, les filles.
Nous le suivons jusque devant un immense hangar gris (comme tous les autres), et il nous arrête, se tournant vers nous il prononce des paroles étranges.
-Quoi que vous voyez ou entendez sachez que tout est faux ! C'est juste un jeu, ce n'est pas la réalité et si on devait vous poser des questions plus tard vous dites que ce n'est pas réel. Compris ?
Izzya répond oui, sans hésitation tandis que moi, je reste sans voix et fixe Rayke. Il me dévisage attendant ma réponse, et je murmure mon consentement du bout des lèvres.
Nous entrons et ce que je découvre à l'intérieur n'est pas ce à quoi je m'attendais, nous sommes très loin des fêtes où nous nous rendons habituellement. L'entrepôt est noir de monde, une estrade est montée (comme pour les moissons), et un micro ce trouve en son centre. Des chaises sont disposées un peu plus loin sur la scène.
Mes amis s'enfoncent dans la foule, pendant que je reste en retrait à observer ce qui se passe devant moi. Des personnes montent,s'installent sur les chaises et une se lève pour parler face au micro. Ce que j'entends me glace le dos, des paroles révolutionnaires, ces gens parlent de rébellion et se réunissent pour en parler. Pire ils échafaudent des plans et recrutent du monde pour entrer dans leur camp. Je me recule pour sortir de là, mais déjà du monde s'est installé dans mon dos, pourtant il faut que je sorte, je ne peux pas rester dans cette salle une seconde de plus !J'étouffe et je sens ma tête tourner, la nausée n'est pas loin.D'ordinaire la foule ne me fait rien, mais aujourd'hui c'est différent, ils complotent contre le Capitole c'est dangereux et même si je n'approuve pas les lois, jamais je ne me rebellerais.
Je me fraye un chemin dans la marée humaine, je dois griffer et pousser pour pouvoir avancer, personne ne prête attention à moi, ils sont tous obnubilés par le porte parole.
Pourtant quand je suis à cinq cents mètres de la porte de sortie, quelqu'un peste contre ma griffure, je lève les yeux et manque tomber à la renverse quand je découvre qui se tient devant moi. Finnick, le Finnick Odair ! Le gagnant des Hunger Games, je pousse un léger cri et il met sa main devant ma bouche pour empêcher que je sois entendue.
-Non, ne crie pas. Je ne veux pas créer une émeute, imagine qu'on sache que je suis là.
Il enlève sa main quand je hoche la tête, et me sourit. Mon cœur rate un battement, plus encore quand il me détaille de haut en bas. Son sourire devient différent, je ne saurais dire de qu'elle manière il me regarde.
-Qu'est ce qu'une fille comme toi, vient faire ici ? me questionne t-il.
-La même chose qu'un gagnant, je suppose. Il se mêle au peuple de temps en temps, pour observer les mœurs de la populace, j'assène méchante.
Je déteste quand on à des a priori sur moi, juste parce que je suis née du bon coté du pont. Et j'espère bien lui faire sentir.
Pourtant il ne réagit pas du tout comme je m'y attendais, il explose de rire(ses yeux brillent et des fossettes se creusent sur ses joues).Décontenancée je ne sais plus comment agir moi même. Je le fixe un peu trop longtemps avant de détourner très vite le regard. Il est encore plus beau en vrai qu'à la télé, l'unique fois où je l'ai vue c'est lors d'une moisson et j'étais loin.
-Tuas quel âge ? Douze ans ? Me demande t-il.
Ce gars se moque de moi, j'en est quatorze ! Et ça se voit même si mes seins ne semblent pas décidés à pointer le bout de leur nez.J'avoue le regretter, surtout quand je vois ceux d'Izzya et encore plus devant Finnick.
-Non! J'ai quatorze ans M. Odair ! je lance fâchée.
-Oh pardon, je ne pensais pas. Enfin c'est quand même bien jeune pour se promener seule dans ce coin de la ville. Mais tu m'appelles par mon nom, alors que je ne sais même pas le tiens, n'est ce pas impoli ?
Je ne le connais pas, et il m'agace déjà ! Je suis bien contente de ne pas avoir à le fréquenter.
-Premièrement,je ne suis pas seule, deuxièmement j'ai l'âge de faire ce qui me plaît et enfin troisièmement, je ne donne pas mon nom aux inconnus.
Encore ce stupide rire !
-Tu me connais, puisque tu sais mon nom. Je veux le tien, pour être à égalité.
Ils'entête comme un gamin capricieux, pourtant je crois savoir, qu'il ne vient pas d'un quartier très riche.
-Je m'appelle Annie Cresta et je dois rejoindre mes amis.
Je pars sur ces mots, et je l'entend encore s'esclaffer.

Du fond de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant