Chapitre 6

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Aujourd'hui annonce mon grand retour. Le retour à une vie encore plus désastreuse qu'elle ne l'est déjà. J'ai passé le reste de ma semaine d'exclusion avec Josiel. J'ai prétendu être indisposé pour ne pas nager avec lui, mais ce soir je vais y avoir droit.
-Comme tu est jolie. Tu ressembles tellement à ta maman me complimente mon père.
-Merci.
Nous avons refait toute ma garde robe hier, on a exigé de moi que je jette tout ce que je possédais, affirmant que cela faisait trop petite fille. J'ai accepté sachant que c'était perdu d'avance, la seule chose que j'ai décidé de garder et pour laquelle je me suis battue, c'est mon gilet que j'ai eu pour trois fois rien au Docks. Mon paternel a cédé à la condition que personne ne le voit jamais.
-Josiel a de quoi être fier. Il a vraiment de la chance d'avoir une fille comme toi.
Intérieurement je frémis mais de dehors je dois passer pour la personne la plus...heureuse du monde. Mon visage est impassible et ne trahit rien.
Le repas du midi n'est pas une partie de plaisir, j'entends par là que de ridiculiser les gens venant des Docks et leur lancer des restes de nourriture est le jeu favori de l'élite du 4.
-Il faut que tu manges Annie. Tu dois être forte pour ce soir, n'oublie pas notre séance de sport.
La voix de Josiel siffle à mon oreille et mon corps se raidit.
-Tu sais j'ai hâte de te voir en maillot, te voir bouger dans l'eau. Et te sentir près de moi, il susurre à mon oreille et bouge sur son siège.
Je m'écarte vivement, peu importe si nous ne somme pas seul, c'est plus fort que moi. Dès qu'il me suggère ce genre de chose je pense à Izzya.
-Annie, tu viens avec moi ? Il faut qu'on se repoudre le nez, l'hôtesse du 12 Effie dit que c'est bon pour la peau et elle sait ce qu'elle dit.
Rosita insiste sur les détails jusqu'à ce que les garçons grognent et nous laissent partir lassés par son discours.
-Est-ce que tu vas bien ? me demande t-elle
-Oui
-Sûr ?
Son visage penché vers le mien me donne le sourire. Elle est différente de l'idée que je me suis faite d'elle. Différente des autres filles de son milieu. Humilier les gens ne l'amuse pas et elle ne parle pas sans cesse du Capitole.
 -Certaine.
-Annie...tu peux mentir à qui tu le souhaites, mais pas à moi. Je...je vois bien que quelque chose cloche et je ne suis pas stupide. Tu te souviens quand je suis passée chez toi l'autre jour et qu'on a parlé ? Et au cas où tu l'aurais oublié, je sais que tu n'aimes pas Josiel.
Je tente de rester de marbre, mais n'y parviens pas. Je craque et m'écroule en sanglots. Si seulement mon futur mariage était le seul de mes soucis...ma meilleure amie, la personne que j'aime le plus au monde se vend au père de la fille qui me console, mon fiancé, mon futur beau-père et qui sais-je d'autre.
Et très bientôt c'est moi que mon propre père aura vendu. 
-Tout va bien aller. Tu vas voir, çà va s'arranger. Josiel est peut-être difficile, mais avec le temps tu l'apprécieras.
Je me recule. La fixe atterrée, comment ai-je pu être aussi bête ?! Cette fille n'est pas mieux que ceux du monde où elle a grandit. Certes son abord est plus doux, mais ses pensées sont les mêmes.Est-ce ce que les gens voient de moi quand je suis dans les Docks ? Une fille parfaite d'extérieur mais aux intentions mauvaises.
Je pars très vite et très loin. Toujours plus loin. Je sais où je vais, dans le seul endroit où je suis bien. Au phare, là-haut mes idées sont claires. Ce vieux bâtiment à connu tous mes chagrins etc'est aussi dans cet endroit que j'ai été la plus heureuse, ma mère mis a emmenée enfant. Là je l'ai est vu rire.
Je fais le tour de la haute bâtisse pour trouver la porte, seulement j'ai beau faire courir mes doigts sur le mur je ne la trouve pas. Je m'y reprends à trois fois pour être certaine. Rien que du béton,pas de bois usé. Alors je m'assois dos à la façade et j'attends.
-Toi ici.
Je lève les yeux sur mon visiteur et reste sans mot. Finnick campé face à moi porte un filet de pêche sur son épaule.
-Il me semble que tu devrais être avec Josiel à l'heure qui l'est. Sans doute en train de vous tenir la main et de vous chuchotez des poèmes.
Je me lève énervée par lui et à bout de tout. Je n'ai nullement envie de me battre et encore moins avec lui. J'étais heureuse de le voir, jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche et brise mon rêve.
-Hey ! Attends tu vas où ?
-Loin. Très très loin. De toi et du reste de l'humanité.
-Qu'est ce que je t'ai fait ?
Ses bras sont ballants et je ne peux m'empêcher de remarquer ses muscles sous sa peau bronzée. 
-Rien ! Rien comme tous les autres.
-Hey arrête !
Il me rattrape par ma manche. Il effleure le tissu du bout du pouce, son regard rivé sur son geste. Incapable de m'échapper je le laisse à son observation.
-Beau tissu.
-C'est un cadeau.
-Je vois...
Sa phrase reste en suspens et le vent souffle sur nous. L'air nous sépare un peu plus et je n'ai qu'une envie, c'est de me rapprocher de lui. Son parfum vient me chatouiller les narines et je me mets à pleurer. Il a la même odeur de mer qu'Izzya.  Il viennent tous les deux du même quartier. Et Finnick a beau ne plus vivre là-bas cela fait partit de lui.
Ses mains se posent sur mes hanches et m'attirent à lui. Instinctivement je passe mes bras derrière son cou et il me serre la taille si fort que je crois mourir. Le visage enfoui dans son cou, j'ai l'impression d'être parfaitement à ma place, que l'univers est plus grand et nous pourtant beaucoup plus fort.
Ses lèvres se posent dans mes cheveux et il fredonne une chanson de marin.
-Annie. Annie.Annie.Annie.Annie.Annie.Annie.Annie.Annie...
Je n'ai jamais aimé mon prénom, mais dans sa bouche il sonne bien.
-Annie, tu me fais mal. Je suis là, je ne vais pas partir. Le fond de l'océan est trop loin pour moi.
Je me rends compte que je le serre bien trop fort, le pauvre je lui ai légèrement griffer le cou. Je fixe son regard intense et le regarde me sourire.
-Comment ça ? Ces mots sortent de ma bouche sans véritable sens. Pourtant je veux savoir ce qu'il entend.
-Hein.
Il secoue la tête visiblement perdu ce qui me fait rire.
-Tu te moques de moi ?
 -Humhum,  je mors mes lèvres.
Il se penche vers moi, encore plus près. Il est lent, beaucoup trop. Mon regard est sur sa bouche et rien d'autre, j'entrouvre la mienne en attente. Personne ne m'a jamais embrassée, je ne l'ai jamais voulu. Quand on avait treize ans avec Izzya, on jouait avec des garçons des Docks et parfois elle se laissait voler un baiser, mais moi jamais. Pourtant en cette instant j'ai terriblement envie d'être encore plus proche de Finnick Odair.
J'attends...mais rien ne vient si ce n'est un courant d'air. Son visage s'est éloigné du mien et il m'a lâché, il doit me prendre pour une fan totalement stupide. Le grand gagnant qui possèdent chaque femme de Panem ne veut sûrement pas embrasser...moi la petite Annie du District 4.
-Je dois m'en aller.
-Annie attend. Heu..viens chez moi.
Pour me faire encore plus humilié. Certainement pas. Et puis après tout,je suis bientôt fiancé à Josiel. Je dois partir pour mon père. Pour sa réputation.
Je vais répondre que non, quand les hauts-parleurs se mettent à grésiller. Ils servent rarement et par conséquent ont tendance à être long à démarrer. L'hymne de Panem retentit, signe d'une annonce importante.
"Habitant de Panem, le Président Snow vous salue. Vous êtes priez de rejoindre votre domicile au plus vite, une coupure d'eau et de courant est prévue très prochainement. Seules les postes de garde,l'hôtel de Justice et les grilles vous protégeant des dangers extérieurs seront maintenus en activité. Tous les autres postes seront inactifs jusqu'à nouvel ordre."
Je vois Finnick frémir quand le président termine son discours. Ses poings se contracte, ainsi que sa mâchoire.
-Tu devrais rentrer Annie. On ne sais jamais c'est peut-être dangereux.
J'opine, sachant que je n'ai pas à me trouver ici. Je lui tourne le dos et avance lentement vers mon côté de la ville, le village des vainqueurs est à l'opposé. Mes pieds fonctionnent au ralentit et j'ai terriblement envie de faire demi tour et de rester dans les bras protecteurs d'Odair. Je suis vraiment stupide, une pauvre fille hystérique attirée par lui comme toutes les autres, pitoyable !

Du fond de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant