Chapitre 5

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Punie pendant une semaine ce n'est pas grand chose en sachant que j'ai cassé le nez à cette fille. Je n'ai pas dit pourquoi je me suis jetée sur elle, j'ai préféré laisser croire que j'étais complètement folle. Mon père est totalement furax mais je m'en moque. Je suis heureuse, je suis exclue de l'école pendant sept petits jours entiers et je compte bien en profiter parce que quand j'y retournerais il faudra que je croise tous ces gens et aussi que j'apprenne à nager. En attendant je passe mon quinzième anniversaire dans ma chambre toute seule, il suffit juste que j'aille m'inscrire à l'hôtel de Justice pour que mon nom soit rajouté une fois de plus dans la boule. Une fois que ce sera fait, je reviendrais m'enfermer dans ma prison dorée.
J'enfile ma robe rose pâle que ma mère m'a offerte pour mes treize ans, elle est légèrement usée au manche mais quand je la porte j'ail'impression qu'elle me serre dans ses bras. Je remarque qu'elle est de plus en plus petite et que ma poitrine bien que très plate commence à gonfler et je ne peux retenir un sourire à cette constatation. Le reflet que me renvoi le miroir est très différent de celui auquel j'ai eu droit le jour où ma tenue m'a été offerte,c'est à cet instant que je prends conscience du temps qui s'est écoulé. Une larme solitaire s'aventure sur ma joue et je l'essuie d'un revers de manche.
La ville grouille de monde, pourtant nous sommes en pleine semaine ce qui veut dire que c'est inhabituel. La rue principal est noire de monde, pourtant il va bien falloir que j'arrive à la traverser, il faut absolument que je me rende à l'hôtel de Justice aujourd'hui ,sinon je risque d'être puni pour ne pas avoir inscrit mon nom une quatrième fois pour le tirage. Comme je suis plutôt petite ,je parviens sans trop de mal à me faufiler jusque sur la grand place et je rentre dans le bâtiment gris qui me fait face.
Autant la rue est bondée, autant le bureau des enregistrements est vide. La première année de mon inscription, je me souviens que nous étions six. Quatre garçons et deux filles, j'étais la plus fortunée de tous. Ce fait est courant pour moi, je dois admettre que je n'ai pas à me plaindre de la situation financière de mon père et que je n'ai jamais eu faim de toute ma vie. Pourtant ce jour là pour la première fois de mon existence je me suis sentie mal, pour ceux qui contrairement à moi ne pouvaient pas se contenter de noter leur nom une seule fois. Face à cette constatation je n'ai plus eu peur, je me suis dit que je n'était pas la plus démunie. D'ailleurs la fille qui était présente à été tirée au sort la première année pour ses douze ans, je me souviens avoir pleuré et ensuite avoir demandé à mon père d'aider la famille de la malheureuse, comme d'habitude j'ai essuyé un refus.
Et maintenant je suis seule, les autres sont sans doute en cours et passeront s'enregistrer plus tard.
-Mademoiselle ! la femme derrière le guichet me fixe d'un œil mauvais.
-Oh, excusez moi. Je viens pour ajouter mon nom dans la boule.
-Bien ! Nom, prénom, âge, nombres de billets ?
A ces dernières paroles elle me regarde de haut en bas. Elle jauge si oui ou non j'ai besoin de prendre des tesseraes.
-Annie Cresta. J'ai quinze ans et je ne rajoute mon nom qu'une seule fois.
-Bien.
Elle prend une feuille dans un tiroir sous son bureau et commence à inscrire les informations que je viens de lui fournir. Puis elle me prend l'index de la main droite et le trempe dans l'encre avant de le presser contre la feuille du dossier.
-Et puisse le sort vous être favorable ! lance t-elle avant de partir dans un éclat de rire gras.
Je la salue avant de tourner les talons, quand je passe la porte d'entrée le jeune homme qui était présent pour ma première inscription entre. Il me gratifie d'un signe de tête et part dans le bureau que je viens de quitter. Il vient des Docks et a été obligé de devenir un Carrière pour subvenir aux besoins de sa famille.
La place c'est légèrement vidée, par contre la gare est assaillie de jeunes demoiselles. Me demandant ce qui peut attirer une telle foule je me dirige vers celle-ci. Le chemin le plus rapide étant impraticable, je passe par le chemin que font les tributs lors de la moisson. La rue que j'emprunte est presque toujours déserte, les gens n'aiment pas passer par ici, certains prétendent même que de faire cette route sans avoir été moissonnés porte malheur. Je grimpe sur les caisses de livraison de poissons pour mieux voir ce qui se passe, mais je ne vois toujours rien. Bien décidée à être au courant j'attends patiemment que la foule se dégage un peu.
Sur ma gauche j'entends des voix qui proviennent du train. Je tourne donc la tête et quel n'est pas ma surprise de découvrir Flac Naughty, Finnick Odair suivis de Mags qui descendent du dernier wagon.
N'ayant aucune envie de voir les deux premiers je commence à partir le plus discrètement du monde, mais c'est sans compter sur ma maladresse qui me fait chuter le nez dans la poussière. Rouge de honte, je tente vainement de rester immobile pensant qu'ils ne me remarqueront pas.Bien évidemment, c'est peine perdue !
-Mais qui voilà ? Oh tiens notre chère petite Sirène du District 4.Qui est-ce-qui avait raison ? N'est-ce pas Fin ! Encore une de tes groupies, toi qui pensais qu'elle était différente.
-La ferme Flac ! gronde Finnick.
Ce dernier me tend sa main pour m'aider à me remettre sur mes jambes.Je l'accepte ne souhaitant pas paraître plus ridicule que je ne le suis déjà. Sa paume est ferme et légèrement moite.
-Qu'est ce que tu fais ici ? demande t-il, l'air réprobateur.
-Je...rien...en fait je voulais savoir ce qui causait autant de vacarme. Mais maintenant que j'ai pu constater que c'est seulement toi, je vais m'en aller.
Leur tournant le dos je fait trois pas avant d'être rattrapée, par Odair qui me transperce de ses yeux vert d'eau.
-Tu disparais ? J'ai l'impression que c'est une manie chez toi. Tu apparais aussi vite que ce que tu fuis.
-Je ne m'enfuis pas ! je hurle outrée.
-Vraiment ? Et que fais-tu en ce moment ? Après tout la dernière fois qu'on s'est vu tu étais dans ma maison, habillée de mes affaires et qu'ai-je eu en échange ? Même pas un merci.
Je le déteste ! Quel prétentieux ! Et moi qui est dit qu'il était sympathique ! Mais comme j'ai été naïve ! Une vrai gourde.
-Je te prie de m'excuser, mais j'ai dû partir précipitamment. Mon père m'attendait ainsi que Josiel, je minaude comme certaines filles de mon quartier. Et puis après tout, je ne suis pas une petite poule du Capitole que tu accueilles dans ton lit.
Sur ces dernières paroles je le quitte, il est totalement médusé.Mais au fond je suis triste et...déçue, oui c'est çà je suis déçue de lui.

Du fond de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant