Nous restons ainsi pendant un temps infini et si je pouvais je resterais enlacée contre lui pour toujours et j'ai l'impression que lui aussi. Quand Mags revient nous n'avons pas bougés, c'est au moment où elle pose un plateau sur la table basse où Finnick s'est installé qu'il se détache, je me sens incroyablement vide loin de lui.
-Mange,ça va refroidir.
Mags me tend un bol de liquide vert fumant, l'odeur est succulente et je dois avouer que je suis affamée. Pendant que je me régale avec la soupe de poissons, les deux gagnants ont une conversation muette. Sans échanger un seul mot ils communiquent entre eux, m'excluant parla même occasion, je ne comprends pas mais je vois à la posture de Fin que ça ne lui plaît pas. Leur échange dure un moment car j'aile temps de terminer mon repas, on dirait qu'ils sont entrain de débattre et je pense que c'est à propos de moi. Ne voulant pas être le sujet de leur dispute je me lève et interviens :
-Je vous remercie pour tout, mais je crois qu'il est temps pour moi de rentrer...
-Tu ne vas nulle part !
Je sursaute à la voix de Finnick. Visiblement il n'est pas calmé comme je le pensais et à l'air de Mags je comprend qu'il a remporté la manche.
-Bien ! Je vais donc aller préparer la chambre de notre invitée, toi jeune homme tu dors sur le canapé.
Et sur ses mots l'ancienne gagnante monte à l'étage en jetant un regard d'avertissement à son protégé.
-Ouch !On dirait que Mags m'en veut dit-il le sourire aux lèvres mais l'air tout de même penaud.
-Je ne veux pas que vous vous disputiez pour moi ! Et je ne veux pas que tu dormes sur le canapé, c'est ridicule...
-HAHAA le rire de Finnick me coupe net.
Il se rapproche de moi l'air taquin et me prend par la taille ce qui me surprend et me fait frissonner malgré moi.
-Est ce une invitation dans ton lit ma petite Annie ?
Je sens que je suis aussi rouge qu'un écrevisse et je cache mon visage avec mes cheveux, ma réaction doit gêner Odair car il me relâche et se racle la gorge.
-Je plaisantais...hum hum...est ce que tu as encore faim ?
Je secoue la tête négativement et il repart avec le plateau sentant mon trouble.Une fois seule dans la pièce, je ressens le vent et j'entends le tonnerre gronder, j'ai une pensée pour toutes les personnes habitant les Docks et même certains autres quartiers pauvres. Si le mauvais temps dure ils ne pourront pas aller pêcher et seront donc privés de revenus. Si seulement j'avais les fonds nécessaires je pourrais aider tous ces malheureux ! Je suis malade de penser à mon père et aux privilèges que j'ai grâce à lui et je me demande comment Finnick est arrivé dans les Jeux ? Je sais déjà qu'il ne vient pas d'un secteur riche, mais ensuite ? Pourquoi mes pensées reviennent toujours à lui ? Parce qu' avec lui je me sens vivante comme avec Izzya.
-Crevette ?
Mags me touche l'épaule et je m'aperçois que pendant mes réflexions silencieuses je contemplais un portrait du célèbre vainqueur des 65éme jeux. C'est une vieille photo ternie par les années et je dirais l'usure du sel, sur celle-ci on vois Finnick bien plus jeune tenant un filet et déjà un trident. Je me détourne et souris à la vieille dame et elle m'emmène dans la salle d'eau de l'étage. Là,elle y a fait couler un bain avec des bulles roses qui explosent et qui dégagent une odeur de fleurs, plus engourdie que je le pensais elle me déshabille et m'installe confortablement dans la baignoire et commence à me brosser les cheveux en fredonnant une ancienne mélodie marine.
-J'avais une petite fille qui te ressemblais beaucoup...
Pas certaine d'avoir bien entendu je me tourne légèrement pensant avoir rêvé, mais là je constate que des larmes ont laissé des traces sur les joues de Mags. Paralysée par l'émotion, je ne bouge pas incertaine quant à la marche à suivre, comme inconsciente de mon tourment Mags continue :
-Elles'appelait Victoire et était la personne la plus joyeuse que l'on est jamais vue, elle est née le jour de mon dix-huitième anniversaire dans cette maison. Elle avait de beaux cheveux longs aussi brillant que le soleil et ses yeux était aussi clair que l'océan un jour de grand calme.
Je note qu'elle parle au passé et je sens une boule dans ma gorge se former.
-Toutes les deux nous nous entendions à merveille et vivions heureuse loin du reste du monde, à cette époque j'étais la seule gagnante du district. J'étais assez naïve pour croire que ce bonheur durerait toujours...
Sa voix se brise et je pense qu'elle ne va pas continuer quand elle reprend :
-Et puis les Jeux de l'Expiation sont arrivés...les districts ont du voter pour désigner quels enfants seraient offerts comme tributs...
Sa voix est à peine audible quand elle continue :
-Je sais que personne ne serais assez cruel pour voter pour une enfant de douze ans et encore moins pour la fille d'une ancienne gagnante...
Je m'aperçois que je pleure en avalant une larme qui glisse de mon nez à mes lèvres et Mags silencieuse derrière moi a suspendu la brosse qui jusqu'à maintenant me peignait. Son corps est si profondément meurtri en cette instant que je la reconnais à peine, prostrée à genoux sur le sol, elle tremble et la vie semble l'avoir quitter. Je sors du bain et me laisse tomber à ses cotés pour l'étreindre, elle me sert si fort que j'en est mal mais je m'enfiche, comme du fait d'être nue et de dégouliner sur le carrelage froid de personnes qui quelques semaines plus tôt étaient pour moi de parfaits inconnus et qui maintenant je le sais compte plus pour moi que ma famille.
Nous restons dans cette position un temps infini, je le sais car quand je me lève enfin je suis gelée et mes jambes sont pleines de fourmis,mais nos cœurs sont plus réconfortés que nous ne l'avons été depuis un moment. Je ne pourrais pas mettre de mot sur notre relation mais je sais que pour Mags comme pour moi c'est un peu une sorte de lien mère-fille qui s'est créé. Elle prend mon visage en coupe et essuie mes larmes.
-C'est pas bien de tant pleurer ! Il y a bien plus malheureux que nous.
Et sur ces mots elle quitte la pièce en me souriant. Pour moi je sais qu'elle a raison, j'ai eu une vie relativement facile et ne dois pas me plaindre. Il faut que je relève la tête pour toutes les personnes auxquelles je tiens. Mags est une femme si forte, je me dois de l'être aussi pour elle et pour Izzya aussi une autre grande dame ! Si seulement je n'avais qu'un peu de leur courage.
On toque à la porte.
-Hum Annie tu est là ?
Finnick !
-Surtout n'entre pas !
J'attrape rapidement la première chose qui me passe sous la main, ce qui s'avère être un peignoir beaucoup trop large pour moi mais c'est mieux que d'être nu devant Odair !
J'entrouvre la porte une fois certaine que le tissu couvre chaque partie intime de mon anatomie, je ne me savais pas si pudique.
-Oui ? Ma voix a une fâcheuse tendance à monter dans les aigus avec Fin.
-Hum...hum oui excuse-moi, je t'apporte de quoi t'habiller !
Il me lance pratiquement à la figure un pyjama vert pomme avant de claquer la porte brusquement.
C'est étrange j'ai l'impression qu'il rougissait et semblait gêné, je chasse vite cette pensée de mon esprit. C'est totalement ridicule ! Le beau et grand Finnick Odair ne serait jamais gêné par une femme et encore moins par moi ! Si on en croit les magazines, ses conquêtes se comptent par centaines et franchement ça ne me regarde pas ! Après tout il est impossible de qualifier Finnick d'inconnu à présent, mais nous sommes...amis voilà le terme juste.Et des amis ne sont pas embarrassés par la présence de l'autre et encore moins par ses romances.
Je m'habille en vitesse et retourne au salon où je pense y trouver les deux vainqueurs, pourtant installé sur le canapé converti en lit pour la nuit je ne vois que Fin. Assis la tête entre les genoux, il a l'air énervé, j'espère que ce n'est pas ma présence qui le dérange et je m'apprête à faire demi tour quand il me stoppe en fixant ses yeux dans les miens. Ce que j'y lis est un mélange de colère, de gêne et aussi de frustration. L'intensité dont il fait preuve me cloue sur place et j'ai envie de parler, de lui expliquer à quel point je suis reconnaissante envers lui pour le simple fait d'être auprès de moi, que j'en suis incapable. Pourtant comme s'il me comprenait il ouvre ses bras et je cours m'y réfugier. Ma tête posée dans le creux de son épaule me semble la chose la plus naturelle au monde et nous restons installés comme ça si longtemps que je m'endors.
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Du fond de l'océan
Fiksi PenggemarDu fond de l'océan est l'histoire du district 4, de ses habitants, ses gagnants aux jeux et surtout celle de Finnick et Annie. Leur rencontre et le début de leur histoire d'amour, les difficultés rencontrés pour être ensemble et pouvoir un jour vivr...