Chapitre 33_ Sicile 5.

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* Point de vue Naëlle*





M'étais-je douté que cette histoire se terminerait ainsi un jour ? Oui. Même si je ne pensais pas que ça arriverait si vite. J'aurais dû m'en douter pourtant, les Médéüa avaient l'art d'apparaître quand on s'y attendait le moins. Et ce qui fut vrai pour Iblis, l'est tout autant pour son frère.

Iblis ne m'avait jamais menti. Mais encore aurait-il fallu que je pose les questions pour qu'il réponde en toute honnêteté. Et ce que je n'ai pas demandé, il ne m'en a pas informé. Subtile différence expliquant tant de zone d'ombre. Ma vision de l'homme n'était pas forcément la vision qu'en avaient les autres. Il n'avait jamais été un ange, n'était pas un homme bien. Je le savais, je n'étais pas aveugle même si j'en étais vraiment amoureuse. Il m'avait permis d'avancer, mais je savais qu'il était aussi manipulateur et fourbe que je pouvais l'être. C'était le roi des connards incontestablement, et c'était ainsi que je l'avais aimé. Mais tout ça avait conduit à cette guerre et à des milliers de morts... Un gâchis ne laissant qu'un goût amer en bouche à tout le monde.

Un fils qui croyait que ses pères n'étaient que des pourritures ayant tué le père d'Iris. Une fille qui grandirait avec le fantôme de son géniteur, un demi frère qu'elle ne rencontrera peut-être jamais... Un gamin qui se retrouvait dans un monde hostile parce que la place qu'on voulait de lui ne lui correspondait déjà pas. J'avais beau étaler encore et encore les cartes devant mes yeux, même après autant de temps... Tout ça ne restait qu'un gâchis. J'aurais le temps de refaire des milliers de scénarios dans ma tête que ça ne changerait pas le cours du temps. Une simple perte de temps. Les décisions de l'époque me semblaient bonnes, et il aura fallu du temps pour comprendre que ce n'était pas le cas. Du temps pour accepter que malheureusement je ne pouvais pas tout prévoir, tout régler... Je n'étais pas divine, je n'étais qu'une humaine subissant aussi le cours des choses par moment.




Après avoir bu un verre avec les trois, je les avais laissé repartir, observant partir Aaron sur sa moto avec Carlos, devinant sans mal qu'ils discuteraient arrivés chez Carlos. Sûrement une bonne partie de la nuit où Aaron lâcherait sa vision de tout ça en vrac... Parce qu'il avait toujours suivi tout, pris le temps d'observer et d'analyser... Et il avait conscience que rien n'était blanc ou noir... Une multitude de nuance dans ce monde. Il avait toujours assumé se dresser face aux jumeaux, mais ça n'avait jamais empêché que ces deux abrutis devaient lui manquer.

Stupidité de ce monde dans lequel nous évoluons depuis tant de temps. Prendre des décisions pour notre famille sans se permettre d'y mettre notre avis personnel... Et regarder des années après toutes ces vies perdues... C'était des sacrifices qui semblaient nécessaires au moment H... Pourtant l'étaient-ils vraiment ?


C'était aussi cela non, diriger un empire pareil ?  Vivre avec autant de fantôme et de regrets. Assumer même contre ses propres sentiments.


Je sentis qu'on m'enlaçait, une tête se posant sur mon épaule.


— Où es-tu parti Izanami ? Souffla John, les lèvres contre mon cou

— Dans les dédales du passé à observer tout ces fantômes que tout ça nous a fait semer... Murmurais-je

L'Empire du Dragon _ Livre VIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant