chapitre 1 : CALEB

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J'ai attendu ce moment pendant un an. C'est vrai qu'en prison les occasions de sortir ne se présentent pas tous les jours. Au Monopoly, il suffit de lancer trois fois les dés en espérant de  faire un double, ou de payer l'amende pour être libre. Mais ici, à l'Établissement Pénitentiaire pour Mineurs de l'Illinois  l'E.P., comme on l'appelle , on ne joue pas. Oh ! il y a pire. Ok, dans le secteur réservé aux garçons, on ne rigole pas tous les jours.Mais je crois que ce n'est rien comparé à ce qui se passe du côté des adultes. Pourquoi je suis incarcéré depuis un an ? Parce que j'ai renversé une fille avec ma voiture, alors que j'étais en état d'ivresse. Et comme j'ai pris la fuite après l'accident, le juge m'a collé trois mois de plus. 

-Tu es prêt, Caleb ? demande Jerry, un des gardiens.

 -Oui, monsieur.

J'attends ce moment depuis trois cent dix jours ! Tu parles si je suis prêt. J'inspire à fond et suis Jerry jusqu'à la pièce où m'attend le comité de révision. Mes compagnons de cellule m'ont fait répéter : Assieds-toi, tiens-toi droit, l'air plein de remords, reste poli... Bref, le grand jeu. Mais je me demande si on peut se fier à des détenus qui n'ont pas encore obtenu le droit de sortir.Jerry ouvre la porte de la salle et je me sens faiblir. Les muscles de mes jambes sont sur le point de m'abandonner. Une sueur froide envahit mon bleu de travail prêté par l'État,mes chaussettes prêtées par l'État et, je l'avoue, mon slip de l'État. Et si je n'étais pas tout à fait prêt, finalement ? 

 -Veuillez-vous asseoir, Caleb, ordonne une femme à lunettes, l'air sévère.

 La scène a l'air de sortir d'un mauvais film. Sept individus me font face, assis derrière des tables de deux mètres de long, en ligne devant une unique chaise métallique.Obéissant, je m'installe sur le métal froid et dur.

-Comme vous le savez, nous allons juger votre capacité à quitter l'établissement pour vivre en citoyen responsable. 

-Oui, madame, je le sais et je suis prêt à sortir.

Un type balaise, qui se prend pour le méchant, m'interrompt d'un geste. 

-Holà ! du calme ! Nous avons quelques questions à vous poser avant de prendre une décision.

Ça commence mal.

-Désolé, monsieur.

Le Balaise étudie mon dossier, une page après l'autre. 

-Parlez-moi de la nuit de l'accident.

De toute ma vie, c'est la seule que je rêve d'effacer pour de bon. Rassemblant tout mon courage, je me lance : 

-Je suis allé à une soirée et j'ai trop bu. J'ai voulu rentrer chez moi en voiture, mais j'ai perdu le contrôle de mon véhicule. Quand j'ai compris que j'avais percuté quelqu'un, j'ai paniqué et je suis retourné à la fête. 

 -Connaissiez-vous la fille que vous avez renversée ?

Soudain, les souvenirs m'assaillent.

 -Oui, monsieur. Maggie Armstrong... ma voisine. 

C'était la meilleure amie de ma sœur jumelle, mais je préfère ne pas en parler.

— Et vous n'êtes pas descendu de voiture pour voir si votre voisine était blessée ?

Je me tortille sur ma chaise, mal à l'aise, j'imagine que je n'avais pas toute ma tête.

-Vous imaginez ? intervient un autre membre du comité. 

-Si je pouvais revenir en arrière, je vous promets que je le ferais. Je changerais tout.

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