Je monte à petits pas dans ma chambre. Surtout, éviter d'être vue par mon père. Ma mère dort encore dans la chambre. Ne pas faire de bruit dans le couloir.
Le but, passer innaperçue. Je suis maître dans ce domaine.
En une minute, je rejoins ma petite chambre. Je crois que c'était supposé être un dressing à la base. Il y a à peine de place pour le matelas qui me sert de lit.
Je m'installe en vitesse et commence mes devoirs. Ne pas laisser mes notes descendre en dessous de la moyenne. Rester normale. Ne pas leur montrer que je peux faire mieux. Faire des erreurs...
Ok.
J'entend des pas résonner dans l'escalier et me tourne vers la porte. Mon père. Je sais pertinnement ce qui m'attend. Une baffe, une claque, peut-être qu'il va encore m'arracher des cheveux... Mais pas d'abus sexuels pendant que ma mère est là. Tant mieux. Encore un délai jusqu'à ce soir. A force d'être abusée tous les soirs, j'ai l'habitude. C'est juste que je n'apprécie pas ce moment. Je préfère qu'il soit repoussé. Heureusement que mon père est devenu stérile. Sinon, vous imaginez les problèmes ? Enfin bref... La porte s'ouvre d'un coup et je me recroqueville imperceptiblement contre le mur du fond. Mon paternel s'approche de moi et m'ordonne de me lever. J'obéis. La baffe. Je porte ma main à ma joue, même s'il le fait plusieurs fois chaque jour, ça reste douloureux. Je secoue la tête pour me débarrasser de la douleur mais il en profite pour me jeter à terre avec une puissante claque à l'arrière de mon crâne démuni. Alors que je suis tombée, il se penche et attrape mes cheveux pour me relever. Je l'entends parler, mais je ne fais pas attention à ce qu'il dit. La douleur est insupprotable. Mes cheveux s'arrachent petit à petit. D'un coup, mon père me lance dans le couloir. Je tombe de nouveau par terre. Une unique larme passe la frontière de mes paupière et s'écrase au sol. Mon père me traîne dans les escaliers. Qu'est-ce qu'il va faire ?
La panique monte peu à peu en moi. Je me débat pour échapper à sa poigne, mais il me conduit dans la cuisine. Il me pose sur une chaise.
" - Tu sais on est quel jour aujourd'hui ? "
Il me demande. Je réfléchis. Mon anniversaire... Mais il ne s'en est s'en doute pas rappeler. Je ne répond pas.
" - Ca fait exactement seize ans qu'on te garde ta mère et moi ! "
Il s'en est souvenu ! Mais ça s'annonce mal.
" - Seize années qu'on t'offre une vie convenable et toi, même pas capable d'être reconnaissante ! "
Il me montre un papier. Une convocation chez le directeur. Mais... Pourquoi ?? Je n'ai jamais rien fait de mal ! Mon père attrape un lourd couteau et se dirige vers moi. Prise de peur, je n'ose pas bouger.
" - J'en ai assez de toi ! "
Le couteau fuse vers moi, mais dans un réflexe de survie, sûrement, je réussis à sauter sur le côté. Je cours jusqu'à la porte et sors dehors. Mes pieds nus mattraquent le pavé et j'entend mon père hurler derrière moi. Je cours plus vite. Evidemment que je suis plus rapide que lui ! Mais la peur me donne des ailes. J'arrive finalement dans un parc où je me laisse tomber sur un banc. Le temps passe et j'essaie de faire de l'ordre dans mon esprit. Que vais-je faire ? La nuit tombe et le froid d'octobre pénètre mes vêtements. Peut-être puis-je aller demander de l'aide au commissariat ? J'ai des bleus partout sur le corps. Ils me croiront.
Mais je ne peux pas. Pas maintenant. Pour le moment, je désire seulement être seule. Alors que la nuit passe, je me met à déambuler dans les rues. Soudain, au loin, j'aperçois une forme qui court. La police semble à ses trousses. Un cambrioleur ? Le couvre-feu étant passé, je ferai mieux de ne pas être vue. Je me faufile dans une ruelle et m'adosse au mur. Mes yeux se ferment.
J'entend des pas feutrés se diriger vers moi. Non... Ca doit être mon imagination. J'ouvre délicatement les paupières. Un homme se tient devant moi. Cheveux noirs, peau blanche... Mais le plus inquiétant, son sourire coupé au couteau. J'écarquille les yeux de stupeur. Il tient à la main un couteau qu'il dirige vers moi.
" - Go to... "
Je ne lui laisse pas le temps de finir et éclate en sanglots. A mi-chemin entre le rire, quelle ironie, et la tristesse, mon père a voulu me tuer, je me laisse aller devant la mort. Cet inconnu recule d'un bond et m'offre un regard plus qu'étonné. Personne n'a du jamais rire et pleurer en même temps devant lui. Un sourire sadique étend encore plus ses lèvres. Il croit que j'ai peur de lui.
" - Ce... C'est pas ce que tu crois ! Je pleure... Je pleure pas parce que j'ai peur... Je me disais juste que... C'est bizarre... Et aussi... Que c'est une belle ironie... "
Il lève un sourcil interrogateur. Un issue ?
" - Enfin, je veus dire... Tu comptais me tuer avec ce couteau, non ? Mon père vient d'essayer de faire pareil... Alors c'est bizarre de se dire que j'ai fuis pour au final, mourir de la même façon... Quelques heures plus tard... "
Pourquoi est-ce que je lui dis ça comme ça ? Les hommes sont bizarres face à la mort.
" - Excuse-moi... Pas beaucoup de gens doivent t'avoir enchaîné un discours... Mais c'est amusant de se dire que j'ai tapé la discute avec quelqu'un qui veut me tuer... Pas beaucoup de gens peuvent s'en vanter. Les autres auraient sans doute eu tellement peur qu'ils auraient hurlé. Je me demande à quoi ressemble ta voix... Je n'ai jamais parlé à quelqu'un comme toi... Enfin, ta voix quand tu dis des choses normales... C'est bête ! Je te connais même pas... Et voila que je te raconte ma vie. "
Il est tellement étonné par mon monologue qu'il ne m'attaque pas. Soudain, on entend des pas précipité. Je le pousse d'un coup derrière les ordures, dans le fond de la ruelle. En une fraction de secondes, je me plaque contre le mur et essuie mes larmes pour prendre un air choqué et étonné. Un homme d'une trentaine d'année (un policier) entre dans la ruelle.
" - Mademoiselle ! Tout va bien ? "
Je me rue vers lui, comme une dégénéré. J'accentue énormément ma comédie, mais ça me rend plus crédible.
" - Un homme est passé ici et m'a poussé contre le mur. Il a sauté par-dessus le muret du fond et s'est enfui ! "
Pourquoi je ne le dénonce pas ? Allez savoir... Je viens d'avoir la peur de ma vie. Et je lui ai tapé un monologue. Je lui dois bien ça. Personne n'aime m'entendre parler. Ca doir être ma voix. Pourtant, on m'a souvent fait la remarque que je chante bien. Mais bon, le fait est que j'ai l'habitude de me taire.
" - Quel âge avez-vous, que faîtes-vous ici à cette heure ? "
Me demande la policier.
" - J'ai 17 ans. J'attend juste ma mère. Elle doit passer me chercher. Je n'ai pas les clés de chez moi. Ne vous en faîtes pas. "
Il me fait un mince sourire et disparait plus loin en disant à ces hommes de faire le tour et d'aller piéger le criminel plus loin. Le garçon sort de l'arrière de la ruelle.
" - Pourquoi tu m'as couvert ? "
J'hausse les épaules.
" - Tu ne m'as pas encore tué. Je n'ai rien contre toi. Pas encore en tout cas. "
Il me fait un "sourire" étrange et reviens vers moi.
" - Jeff. "
Il me tend la main et je la serre timidement.
" - Lana. Ravie de faire ta connaissance... Je crois... "
Il a un semblant de rire.
" - T'es bizarre. "
Un sourire perce mes lèvres.
" - Toi aussi. "
Il saisis ma main et m'entraîne dans la rue.
" - Tu fais quoi là ? "
Je demande sans pour autant essayer de me dégager.
" - Ton père a essayé de te tuer. Tu peux pas rentrer chez toi. Alors viens chez moi. "
Je ne sais absolument pas si je peux lui faire confiance. Mais quelque chose me dit que je ne vais pas regretter ce voyage. Et de toute façon, je n'ai nulle part où aller. Je le suis.
Voila comment je suis entrée dans le monde des cauchemars.
Je ne le regrette pas.
Je me demande pourquoi ce jour-là il ne m'a pas tué.
C'est bizarre. Il l'aurait sûrement fait pour n'importe qui.
Et ce n'est pas mon monologue qui l'a fait changer d'avis.
Et tout ça, c'est plus tard que je le saurais.
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Rencontre avec mes cauchemars [Livre 1]
FanficLana habite à Londres. Sa mère la frappe et son père abuse d'elle. Lana est une fille détruite depuis longtemps. Son esprit habitué à de telles tortures, lui permet de rester forte. Sa santé mentale n'est que très peu atteinte. Détachée du monde rée...