Chapitre 22 partie 2, ou l'histoire de son ego surdimensionné

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Je l'ai dit. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise choix, mais les mots ont jailli de ma bouche et c'est trop tard. Je scrute son visage avec une pointe d'appréhension je l'admet.

Ses traits d'abord surpris se détendent instantanément devant ma mine anxieuse.

-Je sais que je suis irrésistible. Évite de le crier sur tout les toits s'il te plait, je n'en peux plus de toutes ces groupies qui m'assaillent en permanence. C'est pas facile tout les jours, tu t'en doute. Tu sais, les gens ont tendance à ne se préoccuper plus que des apparences... je suis réduit à mon corps de dieu !

Il continue, l'air faussement outré.

-Je suis un être humain, qui réfléchit et qui vit en dehors de ses somptueux muscles ! Je ne veux pas être résumé à ma carrure d'athlète. Je sais que c'est difficile à entendre pour quelqu'un comme toi, mais tu dois essayer de comprendre les demi-dieux, même si tu fais partie du commun des mortels, ça s'appelle l'empathie.

Je lève les yeux au ciel. Il m'avait manqué ! Avec son humour tout pourri, ses blagues faussement, enfin je l'espère, narcissique, ses petits piques ...

-Le commun des mortels ? Excuse moi, petite princesse, mais je te rappelle que j'ai du soulever ta carrure incroyable à deux reprises, car monsieur était tombé dans les pommes à cause de deux trois égratinures. Alors, qui a une carrure de dieu ici ? 

Il fait la moue  et à sa mine tellement enfantine je m'attends presque à ce qu'il me tire la langue, mais il s'abstient. Il débarasse ses couverts, et passe derrière moi, silencieux. Aurais-je gagné le petit duel du jour ? Pour une fois ! Le bruit de sa conserve résonne sur le plan de travail, toujours dos à moi. Je ne résiste pas à la tentation de le taquiner encore un peu. Malheur à moi ! J'aurais dû deviner bien avant qu'il ne comptait pas rester sur ça. Mais que voulez-vous, tête brûlée un jour, tête brûlée toujours !

-Oh, mais te vexes pas, petit crapaud ! C'est pas donné à tout le monde de tenir la vue du sang...

Il fait volte-face, et je m'aperçois soudainement qu'il n'était pas si loin de moi, mais vraiment pas si loin. Il y a moins de cinquante centimètre entre nos deux torses, et je sens mon pouls battre aux quatre coins de mon crâne. Mon coeur s'emballe tandis qu'il plonge son regard dans le mien, mais je suis toujours impassible, mettant un point d'honneur à faire l'indifférente. Il s'approche toujours, presque dans une démarche féline. Nos deux visage ne sont plus qu'à une dizaine de centimètre. Je panique là, ça y est. Que fait-il ? Ce n'est pas ça, qu'il se passe entre nous ! AH oui ? Et bien, que se passe t-il entre vous, ma chère Olympe ? commence la voix dans ma tête. Pour être honnête, je n'en ai aucune idée. Mais ce n'est pas du tout ça que je m'imaginais ! Je m'imaginais plus une amitié indéfectible, composée de vacheries et de coups bas, mais plus solide qu'un roc ! Je ne m'imaginais pas qu'il me ...enfin... vous avez saisi. 

Je recule d'un pas, lui envoyant un signal assez clair, et bute contre la table en verre. Il continue de noyer ses magnifiques yeux dans les miens. Apparement, ce n'était pas assez clair pour monsieur. Bon, qu'est ce qu'on va utiliser avec le crapaud ? 

Après moult réflexions et diverses tergiversations, je choisis de lui parler. Avec des mots. Oui, je sais ce que vous vous dites. Mais qu'elle est stupide, ce mec manie les mots mieux que quiconque, mais à quoi pense t-elle, etc... Je n'ai pas le choix, c'est bon pour vous ? 

-Qu'est ce que tu fais, le crapaud. 

Ma voix ne sonne pas du tout comme une question. Et elle ressort bien plus grave que ce à quoi je m'attendais. Pitié, que quelqu'un calme mes hormones en folie ! Ça en devient gênant là ! J'active le mode "pilotage automatique" de mon cerveau pour faire taire les multiples voix qui me conseillaient toutes une stratégie différente. Il s'approche encore de moi, et passe son bras... à côté de moi. 

PerseusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant