-Et d'une douche. C'est non négociable, dis-je en me dégageant de son étreinte. Allez! J'ai l'impression d'être avec un gosse que je suis obligé de trainer à la douche, je gémis.
-Je sens bon. Ne m'envie pas, c'est déjà assez compliqué comme ça d'être parfait je trouve!
Je roule des yeux avant de quitter la pièce, réjouissant Vic et Gabi enlacés sur les matelas.
-On ne vous décolle plus, vous! C'est dingue!
-M'en parle pas. Dès que je laisse two secondes il se remet à s'agiter partout et à sautiller comme un enfant ! Me dit mon amie, en désignant la bouille endormie de son copain.
-Je t'entends, mon chou.
Mon chou ! Ils sont passés à l'étape supérieure, les tourteraux! Je ne peux pas cacher mon sourire attendri quand Victoire commence à lui caresser le visage pour qu'il se rendorme tranquillement. Ils sont incroyables. C'est comme si ils se connaissaient par cœur, qu'ils lisaient dans les pensées de l'autre. Parfois, je me dis que la Victoire est la plus terre à terre d'entre nous, la plus posée. Je dois avouer qu'elle m'impressionne vraiment. Supporter Gabriel et ses excès, ses folies, ses éclats de vie, de colère, de joie, de rire ne dois pas être de tout repos ! Je m'apprête à lui parler quand l'hologramme de l'insupportable secrétaire apparait de manière impromptue.
-Bonjour mes jeunes piverts, aujourd'hui, épreuve spéciale. Pas de questions, vous connaissez la règle, jeune homme. Vous devez vous changer dans l'autre pièce, le matériel adéquat vous y assistez. Je n'ai rien d'autre à vous dire, vous comprenez bien assez vite, je l'espère pour vous.
Cette mégère n'a aucune once de solidarité, c'est officiel. On se rue vers la pièce aux matelas sans faire attention à sa présence virtuelle. Nous découvrons quatre tenues disparates. En effet, nos tenues, à Victoire et moi, sont bien plus légères que celles des garçons. Les garçons sont pourvus de treillis militaires plutôt épais qui les couvrent de la tête aux pieds, alors que Victoire et moi n'avons qu'une maigre combinaison métallique, qui épouse parfaitement nos formes, mais qui paraissent très légères.
-Je ne mettrai pas ça, vous pouvez en être sûrs et certains. On est là pour des épreuves, pas pour des strip-tease !
-Tout à fait d'accord, acquiesce Victoire.
-Je n'aime pas ça les filles, mais alors pas du tout. C'est Marius qui comme à son habitude, rayonne d'optimisme.
-Keep calm, on a qu'à échanger nos tenues, hausse Victoire.
Gabriel et Marius la regarde avec de yeux ronds. Je tente quant à moi de les imaginer portant des combinaisons ultra-moulantes, et je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.
Je doute qu'ils acceptent, et je les comprend. Quel humain normalement constitué se porterait volontaire pour porter cette chose affreuse ? Finalement, Gabriel finit par éclater de rire avant de lâcher un "vendu ! " tonitruant, à ma plus grande surprise et à celle de Marius, si j'en crois sa mine étonnée.-Vous n'avez qu'à les mettre sous vos treillis. Nous, on ne se change pas, je propose.
-Bonne idée ma belle, bonne idée, me répond Gabriel, fusillé du regard par Marius et Victoire.
-Si il ne vous faut que ça pour être heureuse, mesdemoiselles, soupire théâtralement Marius.
J'ai failli lui sauter dans les bras. Je suis trop heureuse qu'il accepte, pour moi c'était important qu'il fasse une concession pour nous. C'est peut être ridicule, mais mon monde tourne tellement autour de lui en ce moment que j'apprécie qu'il se soucie au minimum de moi. Il me lance un regard interloqué devant ma mine satisfaite. Je crois que d'un point de vue extérieur, ma joie à l'idée qu'ils portent des combinaisons ultra-moulantes peut paraître étrange. Il faut que je me calme. Je redescend sur terre quand j'entends Marius expliquer à Gabriel que "son charme fou à encore fait perdre le contrôle de ses hormones à une demoiselle en détresse". Je le fusille du regard et entend à peine la réponse de Gabriel, sans doute quelque chose comme "Tu parles ! Tu lui mange dans la main, à cette demoiselle en détresse. Et puis, c'est plutôt toi la demoiselle en détresse, entre vous deux. "
Je pouffe bruyamment, ce qui a pour effet d'alerter Marius sur mon éventuelle présence dans les parages. Il fusille Gabriel du regard mais moi j'ai le droit à un long regard, un vrai, lourd de significations. Je m'approche de lui et lui murmure à l'oreille, exactement comme il me l'avait fait dans la cuisine.
- Il a pas tord, mon coeur.
Il est totalement déstabilisé, ses joues deviennent toutes rouges et ses mâchoires se contractent, je peux le voir à travers sa fine peau blafarde. Je lui pique un léger baiser sous le lobe, au creux du cou avant de faire semblant de me désintéresser de lui, sous les yeux médusés de Victoire, qui n'a rien loupé de la scène.
-Ça devient hot entre vous ! me glisse t-elle plus ou moins discrètement.
-Si tu le dis ! je lui réponds en haussant les épaules, l'air faussement blasé. En réalité, tous mes hormones d'ado frustrée, comme dirait Gabriel, sont en alerte. Je viens vraiment de faire ce que j'ai fais ? Mais que m'arrive t-il !
Je choisis de feindre le désintéressement total, bien que cela tourne à mille à l'heure sous ma peau. Marius me lance des regards qui en dise long, mais je fais tout pour les éviter. Les garçons finissent de se préparer, quand Victoire empoigne la main de Gabriel et nous entraîne tous à sa suite dans le studio. Les consignes défilent sur l'écran. Cette fois-ci, c'est à nous de trouver la salle. Nous avons dix minutes, sinon ce sont eux qui s'en occupent, et on risque de moins apprécier. Nous nous jetons d'un même mouvement vers la porte du studio, déverouillée pour l'occasion.
Le couloir est encore plongé dans la pénombre. Fait-il nuit ? Fait-il jour ? On ne peut pas vraiment le savoir, si je me fie aux Fenonoctem qui graduent le couloir tous les vingts mètres. Je me penche à l'une d'elle. Cette nuit, on ne voit pas les étoiles, elles sont éclipsées par le splendide habit scintillant revêtit par demoiselle Lune. Je reste à l'observer quelques instants, bien que ce ne soit qu'une piètre imitation.
Marius me rejoint, il ne fait aucun commentaires. Lui aussi, il contemple.
-Quand elle est là, on ne voit presque plus les étoiles, tu ne trouves pas ça triste ?
-Je te raconterai, quand on sera libres. Quand on la verra en vrai.
Il n'ajoute rien et acquiesce silencieusement. Gabriel gambade, Victoire rit et nous rêvons. Je les aimes.
Nous continuons d'avancer en lisant chacune des inscriptions sur les portes. J'arrive la plupart du temps à les déchiffrer, bien qu'elles ne soient pas écrites dans ma langue, j'en suis sûre. Gabriel a un peu plus de mal que nous, et doit souvent nous appeler pour l'aider à comprendre. Je ne sais pas pourquoi Victoire, Marius et moi nous comprenons presque tout, et je n'ai pas vraiment le temps de me poser la question, car Victoire nous appelle, l'air grave. Elle nous désigne l'inscription gravée sur la porte massive qui se tient devant elle. Elle est deux fois plus large que nous quatre mis bout à bout ! Je traduis instantanément pour Gabriel.
-"salle d'épreuve Sekhmêt des sujet de la zone d'Ys"
Sekhmêt. Zone d'Ys. Tout ça me dit quelque chose. J'ai déjà vu ces mots. J'en suis sure. A l'hôpital, il me semble. Ma fiche de transfert ! Ces mots figuraient sur ma fiche de transfert, j'en suis certaine ! Je n'ai pas le temps de faire part de ma découverte à mes amis, car la lourde porte grise vient d'ouvrir par magie ses battants. Elle fait au moins un mètre d'épaisseur ! Ce qui est dans cette salle doit le rester, ils ont pris leur précaution ! Je prend un peu peur, sans pour autant le verbaliser ; je ne peux pas me permettre d'effrayer mes amis.
Marius prend ma main et celle de Victoire, qui tiens elle même celle de Gabriel. Je suis fière de lui, il a compris. On est ensemble, pour toujours, contre tout le monde. Une brusque vague de chaleur me fait reculer d'un pas, mais je me heurte aux battants clos de l'énorme porte.
Oh mon dieu. Cette fois-ci, je pense que c'est la dernière.
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Perseus
Science FictionNous sommes de ceux qui comptent bien devenir capable de tout encaisser, nous sommes de ceux qui établissent des stratégies dans l'obscurité pour reprendre la main, jouer selon leur propres règles et forcer le destin. Dans un futur proche, quatre ad...