Chapitre 4 : Le balcon

434 19 8
                                    

        La journée avait été particulièrement chargée pour un samedi. Je m’étais levée tard dans la matinée, et mes parents m’avaient retenu une bonne heure au téléphone s’inquiétant du déroulement de ma rentrée. Ils furent surpris de me voir arrêter la natation et tentèrent de me persuader qu’il s’agissait d’une erreur. Ma mère était dans tous ses états, me diagnostiquant presque une dépression. Lorsque je lui annonça que je comptai faire du théâtre elle se calma un peu en m’interrogeant sur ce choix inattendu. Mes explications durent la satisfaire car elle finit par raccrocher en promettant de rappeler la semaine prochaine. Je profita du reste de l’après-midi pour aller au centre commercial. Je m’acheta une paire de running pour remplacer mes anciennes, une petite robe bleue, une écharpe, quelques bijoux... Le shopping est certainement un des meilleures passe-temps qui puisse exister, mais la vérité c’est que je redoutais de me retrouver à rien faire. C’est pour ça que je me maintenais constamment en activité. J’avais peur de me retrouver seule face à mes pensées. Pourtant, inévitablement, je devrai m’y confronter à un moment ou un autre. Je le savais. Mais ce que j’ignorai c’est que ça m’arriverai plus tôt que prévu…

Il devait être  21h30, j’étais parti courir dans les rues. Je me laissai porter par la musique qui filtrait à travers mes écouteurs. Ça ne faisait pas longtemps que je m’étais mise à courir, seulement quelques mois. Avant je détestais ça, mais progressivement ça devint un exutoire. Je courais comme je souffrais, comme je riais, comme je pleurai, comme je vivais… C’est toujours intense, fort.

Ma gorge me brûle, j’entends les notes de cette chanson,  notre chanson avais tu dis. J’intensifie ma foulée comme pour échapper à ces souvenirs, mais ça ne sert à rien on n’échappe pas à sa mémoire. Elle nous poursuit comme un murmure assourdissant et permanent. Il ne faut pas pleurer, il ne faut pas se rappeler : c’est du passé. Ce n’est rien qu’une bride de ta vie qui te brûle et te consumes. L’amour n’est beau que lorsqu’il vit, la mort d’un amour est à une statue affreuse, un monstre, un spectre hideux. Rien n’est plus mort qu’un amour sans vie. Pourquoi as-tu cessé de m’aimer ?

-          Oh belle princesse rebelle ! Dit une voix dans la nuit

Je regarda autour de moi, je ne voyais personne. Je tendis l’oreille  et n’entendis rien à part le son des basses puissantes qui s’élevait de mon immeuble. Il devait y avoir une fête. J’allais rentrer chez moi lorsque la voix repris :

-          Tu as changé d’avis ? M’interrogea-t-on dans l’obscurité

Dans un geste vif je leva les yeux vers le ciel. Au balcon du deuxième étage se tenait le garçon qui m’avait proposé de rejoindre le BDE.

-          Je me trompe ou tu es du genre à avoir trop d’espoir ? Lui répondis-je acerbe encore bouleversée.

-          Je ne crois pas. Tu es là après tout. Me lançât-il dans un sourire satisfait

-          T’enflammes pas, j’habite ici. Je ne suis pas venue pour ta fête.

-          Je dois dire que c’est à la fois une déception et une satisfaction. J’ai cru un instant que tu rejoindrais nos rangs chère voisine.

-          Voisine ? S’exclamai-je. C’est chez toi ?

Les âmes damnéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant