Chapitre 11. "Insomnie"

49 1 0
                                    

Promesse.

"Insomnie. Singulier état où l'acuité des sens s'accroit, où les souvenirs s'accumulent jusqu'à devenir parfois intolérables, où le temps qui s'écoule, pourtant au ralenti, permet à la pensée de galoper follement."

De Yves Naubert / Les Pierrefendre



Je comprends totalement le sens de cette phrase. J'ai passé la nuit les yeux grands ouverts fixant le plafond sans aucune envie de dormir. Je me demande encore pourquoi j'ai dit ça. Je suis vraiment stupide, non pas que Terrence n'est pas séduisant mais c'est que je ne veux pas tomber sous son charme alors que c'est faux ! En plus de ça, je me suis séparée de mon idiot d'ex, il y a seulement 2 mois et d'après des études, il faut environ 3 mois pour oublier une personne. Je ne veux pas faire comme si je mettais mon ancienne affection sur Terrence. Et puis, s'il y arrivait ? Est-ce que l'on serait en couple ou alors on reprendrait nos vies comme avant en restant en bons termes ? Et si je tombais vraiment amoureuse de lui, malgré que sa méthode soit à revoir ? Comment je vais faire, nous allons nous croiser tous les jours, et on va se voir au lycée tous les jours. Je ne veux pas que ça se passe comme ça... Je vais lui dire quand il va venir dans un peu plus de trois heures.

Pour le moment, il faut que j'essaye de m'endormir au plus vite sinon je vais encore dormir en cours et en général, même si certains professeurs sont plutôt sympas et me laissent dormir, d'autres n'ont aucun scrupules et me réveillent avec un supplément exclusion de cours. Et malgré que je sais que mes parents ne vont pas y faire attention, Prio quant à lui, il va me sermonner bien comme il le faut.

— Pourquoi je ne réfléchis pas assez avant de parler !

Je prends un oreiller et me couvre la tête avec. Peu de temps après, je me découvre du coussin qui me donne vachement chaud. Je me lève et sors de ma chambre, je suis censée me réveiller dans deux heures trente. Je descends les escaliers et me rends dans la cuisine où je me munis d'une cuillère et d'un dessert à la vanille. Je l'engloutis en quelques cuillères et range tout ça.

J'éteins la lumière dans la cuisine et m'installe sur le canapé allongée, fixant le plafond et repassant la soirée dans ma tête. Je suis vraiment une couillonne, fait chier.



— Promesse même si tu es magnifique avec tes cheveux en bataille et que tu devrais te laver les dents parce que tu as une haleine de phoque ou de poney au choix, tu es quand même sur la bonne voie pour être en retard pour les cours, alors lève toi.

J'ouvre les yeux et fais face au beau regard bleu de Terrence. C'est fou comme il est canon ! Je me redresse et m'accoude sur le canapé. Il est accroupi devant moi, un sourire resplendissant venant me faire sourire également.

— Il faut que je te dise un truc.

Il fronce les sourcils. Et m'incite de ses prunelles de continuer, qui sont somptueuses au passage. Je commence à être fan de lui.

— Tu sais ce que je t'ai dit hier soir, on peut pas le faire. Je lève la main pour qu'il ne m'interrompt pas dans mon monologue, je suis très sérieuse sur le fait que ta technique de drague est à revoir mais tu ne peux pas la faire sur moi. Si je venais à tomber réellement amoureuse de toi, que va-t-il se passer ? Est-ce que l'on pourra redevenir comme avant ou on devra s'éviter parce que toi tu ne ressentiras rien pour moi ? Et puis, cela ne fait pas si longtemps que j'ai rompu avec mon ex et du coup je sais pas... je suis perdue... Pour toi c'est peut-être un jeu très amusant mais pour moi, c'est différent... Tu n'as pas encore essayé mais je préfère te prévenir.

Il s'assoit à côté de moi et me prend dans ses bras. Gourgandine ! Qu'est-ce qu'il sent bon non d'une chèvre unijambiste en tutu rose !

— Je n'aurai pas accepté si tu ne me plaisais pas. Et je pense que si tu tombes amoureuse, je le serai tout autant que toi.

Il m'embrasse le haut du crâne et se lève, en allant en direction de la cuisine. Je rougis comme une pivoine. Je me lève à mon tour et monte à l'étage me changer mais je suis à peine au milieu des escaliers, que Terrence m'interpelle:

— Promesse ! Si tu rougis à chaque fois que je vais avoir un contact physique avec toi, je vais prendre un malin plaisir à me coller à toi le plus souvent possible.

Il sourit de toutes ses dents. Je reste paralysée à cet endroit. Rougissant encore plus. Il s'approche de moi.

— Tu recommences à rougir ! Il s'approche de moi et me mordille gentillement la joue droite, ce qui me provoque une vague de sentiments dans le bas ventre, tu me donnes très envie de toi quand tu es comme ça.

Il se recule et scelle son regard au mien. Je cours à l'étage sous la douche, comment il peut faire ça... Même avec mon ex petit ami, il n'arrivait pas à me faire rougir...Mon dieu... Terrence me fait de l'effet, c'est sûr mais autant ! Je vais perdre... le souci n'est pas là mais plutôt c'est est-ce que Terrence va être sincère jusqu'au bout ? Mais le pire dans tous ça c'est que son plan de drague commence à fonctionner ! Alors que c'est cul-cul la praline.

Je redescends après avoir enfilé une combinaison marron crème avec une ceinture de la même couleur, des chaussettes blanches dans lesquelles je rentre mes bas de combinaison. J'enfile une paire de basket blanche. Je me coiffe d'une queue de cheval. Et je redescends doucement.

J'arrive dans la cuisine à petit pas et le vois dos à moi. Je toussote, il se retourne avec un bol de céréales dans les mains. De céréales... MES céréales !

Je fonce sur lui et lui arrache le bol des mains.

— Ce sont MES céréales !

— Ton nom n'est pas marqué dessus ! Me dit-il en essayant de reprendre le bol que je cache.

— Les céréales sont dans MA maison, dans MA cuisine, dans MON placard, que j'ai acheté avec MON argent !

— C'est pas plutôt l'argent de tes parents ?

— Non ce n'est pas le cas, et là n'est pas la question. Et puis, on n'a pas le temps de prendre un bol de céréales alors on dit go et on prendra de quoi boire au Roseliquot.

Il rigole, prend nos sacs et passe un bras par-dessus mes épaules.

— Me dis pas que tu fais déjà la première partie du plan de drague ?

— Bien-sûr que si. Je t'ai dit que j'allais le faire et que grâce à ça tu vas me tomber dans les bras. Et pour informations le plan à déjà commencer depuis longtemps.

J'enlève son bras de là où il se trouve et prends mon sac. Je me mets à marcher plus vite, et entre dans le Roseliquot rapidement après avoir semé mon cher collègue. Une fois la commande passée, je vais m'installer à la même table qu'hier avec le même nom de commande.

Terrence me rejoint, toujours son splendide sourire collé sur son magnifique visage. Un ange déchu. Il est certes beau, mais je n'en oublie pas le ballon dans le nez, deux fois qui plus est. Il déplace sa chaise pour la mettre à côté de la mienne et prend ma main dans la sienne, que je retire aussitôt. Il me fait de l'effet, cependant je ne vais pas le laisser gagner aussi facilement, il faut savoir être désirable. C'est la base de tout.

Et ce fût comme cela toute la journée. À la cantine, il s'est mis à côté de moi, pendant le cours il n'arrêtait pas de m'embêter et de me parler. En plus de ça, même pendant les pauses il venait vers moi pour me prendre dans ses bras, j'ai même dû me cacher entre des casiers et des groupes d'élèves. Ce qui a bien fait rire Sephora et Gaspard, je pense même que cela amusait Terrence. Mais c'est la fin de journée donc normalement je ne dois le supporter que pour le trajet du retour...normalement...

La fenêtre de ma chambreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant