Du bord de ma manche, j'essuyais le miroir poussiéreux de la salle de bain.
J'eus tellement du mal à me reconnaître tant ces derniers jours m'avaient fatiguée, et c'était sans compter cette couche de saleté déplorable : il fallait que je me lave.
Une à une, je décrochais les sangles du sac à dos qui m'avait pesé lors de cette marche solitaire depuis la capitale. Mes épaules douloureuses étaient recouvertes de brûlures, mais ça n'avait pas vraiment d'importance : j'étais contente d'avoir trouvé une station-service avec un fond d'essence ; les gars du convoi pourraient être fiers ! Mais de là à faire le plein des camions, c'était une autre histoire.
Sur le chemin, j'avais également fouillé une bonne dizaine de maisons, sans rien dénicher à part quelques conserves. C'est l'arme à la main que je m'étais mise en sécurité dans la dernière maison visitée. Le plus long n'était pas d'en faire le tour, mais plutôt de barricader consciencieusement les portes et les fenêtres : car pour éviter les mauvaises rencontres, c'était plus que nécessaire.
J'ouvris l'eau : elle tardait à venir.
Dehors, le soleil déclinait, laissant peu à peu la place à une atmosphère sinistre. Par la lucarne de la chambre, j'observai la rue et ses environs ; au loin, un petit groupe s'était formé et d'autres silhouettes errantes se détachaient sur le crépuscule. Dans un réflexe, mais aussi par jeu, j'en mis une en joue dans la lunette de mon fusil — je savais qu'à cette distance, et avec la pratique acquise, j'aurais fait mouche à coup sûr — mais pour l'instant, rien ne m'inquiétait vraiment, et le lit, dans le coin de la pièce, me faisait sérieusement de l'œil. Épuisée, j'allais peut-être succomber à son appel pour profiter d'une vraie nuit de sommeil.
Enfin tranquille ! jusqu'à demain...
VOUS LISEZ
Marguerite
TerrorMarguerite fuit un monde cauchemardesque dévasté par un terrible virus. Sa mission : éclaireuse. Seule, elle assure sa survie et celle d'un convoi qu'elle doit mener à bon port. Mais qu'en est-il de ce grand manoir de l'autre côté de la rue ? L'occa...