Chapitre 5 : Me laisser une chance de t'aimer

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Ace papillonna des yeux, tandis que le sommeil le quittait lentement. Il était bien. A vrai dire, il ne s'était pas senti aussi bien, aussi serein, depuis des années. Il était au chaud, entouré par les corps de ses frères. Il ouvrit les yeux pour tomber sur une tête brune qui bavait allègrement sur son tee-shirt. Luffy, entouré des bras de Sabo.

... ... Attendez une minute !

Si Sabo et Luffy étaient devant lui, à qui appartenait le corps qu'il sentait dans son dos et qui l'entourait de ses bras ? Pris d'une soudaine panique, il voulut se débattre, se défendre ! La voix qui lui parvint alors que l'étreinte se resserrait doucement sur lui le calma instantanément.

« Du calme, petit prince, tout va bien. » lui murmura-t-elle. « Tu es en sécurité, personne ici n'a l'intention de te faire du mal. »

Ace inspira doucement, laissant l'odeur douce qui l'entourait le détendre alors que ses souvenirs de la veille ? revenaient peu à peu. Il repoussa délicatement Luffy, qui grommela avant de se retourner pour nicher son visage dans le cou de Sabo.

Pendant une fraction de seconde, Ace pensa à se laisser aller dans l'étreinte, avant de se mettre une claque mentale. Non mais qu'est-ce qu'il lui prenait. Il se dégagea brusquement des bras qui le tenaient, avant de se retourner pour fixer du regard la jeune femme.

Celle-ci s'assit, un air triste mais compréhensif sur le visage.

« Bonjour Ace. » le salua-t-elle. « Comment te sens-tu ? »

Il ne répondit pas, continuant de fixer la jeune femme. Les souvenirs tournoyaient dans son esprit. Il revit les sourires, l'étreinte, les murmures à son oreille, ses larmes. Et puis le lâcher prise. Il savait qu'il ne devait pas y repenser, il savait qu'il devrait avoir honte d'avoir pleurniché comme un bébé.

Pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher, tout au fond de lui, de vouloir que la jeune femme l'enlace encore. Il secoua la tête. Non, il ne devait pas ! Il n'était pas faible ! Et cette femme qui débarquait de nulle part, il n'avait pas besoin d'elle ! Même si elle était bel et bien sa sœur, ça ne changeait rien. C'est ce dont il essayait de se convaincre.

Yûna, elle, ne disait rien. Le brun finit par relever les yeux et leurs regards se croisèrent. Tendresse, compréhension, douceur, face à méfiance, hésitation et une pointe de peur. Peur de quoi, aucun des deux ne sauraient le dire.

Le silence s'étirait et Ace n'osait plus détourner le regard. Où était passé le gamin fort et fier, le gosse hargneux persuadé que personne ne pouvait l'aimer ? Il ne savait plus. Tout ce qu'il savait, c'est que personne ne l'avait jamais regardé comme la brune le faisait. Et pour la première fois de sa vie, le miroir de ses certitudes se brisa.

Ils ne se connaissaient pas, avaient passé dix ans loin l'un de l'autre et pourtant, l'amour qu'il voyait briller dans les yeux de la brune ne trompait pas. Et face à cet amour inconditionnel qu'elle semblait lui porter, le brun ne savait pas comment réagir. Difficile d'appréhender ce genre de réaction lorsque les seules auxquelles on n'ait jamais fait face étaient le mépris, l'indifférence et la haine.

Et sans que le plus jeune le réalise encore, cet échange de regard était une conversation, un millier d'aveux à lui seul. Finalement, sans détourner les yeux, Yûna ouvrit les bras. Ace se figea, hésitant. Il avait le choix, il le savait. Celui de tout rejeter en bloc, ou celui d'accepter. Céder un peu. Laisser une chance.

Lentement, il amorça un mouvement. Un pas, puis un autre. La distance entre eux lui semblait infinie. Pourtant il la franchie, pas à pas. Mais lorsque qu'il arriva devant elle, si proche qu'il pouvait presque entendre battre son cœur, il se figea. Baissa la tête, incapable d'aller plus loin.

Gol D. Nightmare Yûna, ou si Ace avait eu une sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant