J-29

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- Assieds-toi, dit-elle.

Le blond, qui venait d'entrer dans le bureau, s'exécuta silencieusement. Vêtu d'une chemise à carreaux, ce dernier avait laissé ses longs cheveux tomber en cascade sur son front.

- J'ai étudié ton dossier, continua-t-elle en se levant et en commençant à faire les cent pas. J'ai besoin tout d'abord de ton avis sur les accusations qu'ils portent à ton égard.

Il hocha la tête, signe qu'il comprenait.

- Complice de meurtre prémédité.

- Ils font allusion au soir où Albus Dumbledore a été tué dans la tour d'astronomie.

- Qu'as-tu à dire pour ta défense ?

Il écarquilla les yeux.

- Tu ne pensais tout de même pas que j'allais te mâcher le travail. Il faut que tu apprennes à te défendre aussi, plus nous serons au front, mieux ce sera.

Il fit mine de comprendre. Pendant un instant, le blond parut pensif, le regard rivé sur ses doigts qui s'entremêlaient nerveusement.

- Pour montrer ma fidélité à Voldemort, je devais tuer le directeur de Poudlard, Albus Dumbledore, mais je ne l'ai pas fait, c'est le Professeur Rogue qui l'a tué.

Hermione prit un crayon et se mit à gribouiller une feuille froissée qui traînait sur son bureau. Elle releva la tête en sa direction :

- Très bien, nous pourrons nous appuyer sur l'idée que tu ne l'as pas fait.

Il accepta d'un signe de tête vif, attendant la suite des instructions. Hermione resta un instant silencieuse, le visage pâle.

- Discrimination envers les sorciers de sang impur.

Le regard de Drago se mit aussitôt à luire, comme envoyant des messages de détresse. La brune le fixa en attente de réponses, mais rien ne sortit de la bouche du blond, complètement figé.

- Malefoy, tu dois coopérer si tu veux que je te sorte de là.

- C'est personnel.

Elle tapa bruyamment ses mains sur son bureau, se penchant en sa direction sévèrement. Elle le fusilla du regard, serrant les poings pour éviter de le frapper :

- Écoute-moi bien, j'ai accepté cette affaire parce que je ne pense pas que tu mérites de partir à Azkaban ; pas que je te crois innocent, simplement que je pense que tu n'es pas comme toutes ces personnes qui étaient les collaborateurs de Voldemort. Je ne te connais pas, mais j'en ai assez vu pour comprendre que tu n'avais pas rejoint cette armée par choix, mais plutôt par imposition familiale. Cela ne signifie pas que j'accepte toutes les choses que tu as pu faire, mais que j'accepte de t'aider à les contrer. Alors soit tu coopères, ce qui signifie tout me dire, soit tu sors de ce bureau et tu ne remets jamais les pieds ici.

Un long silence suivit ce monologue. Hermione se jeta sur son fauteuil, le faisant légèrement reculer. Le regard clair de Drago était figé sur elle, sa bouche entre-ouverte ne laissait sortir aucune parole. Elle haussa les sourcils, soupirant. Elle attendit longuement avant que le blond n'ose enfin répondre à sa question.

- J'ai été élevé dans la haine des sangs impurs. Mon père... Mon père nous maltraitait, ma mère et moi.

- En quoi cela t'incitait-il à discriminer tes camarades ? Demanda-t-elle avec un pincement au cœur. Approfondis.

Hermione sentit au raclement de gorge du garçon que ce dernier allait aborder un sujet sensiblement douloureux. Elle lui laissa le temps de réfléchir à la façon de dire les choses, puis il se lança enfin, après quelques secondes d'attente :

- Je n'ai jamais été le meilleur de ma classe. Tu l'étais à ma place. Mon père, à chaque vacance, me battait parce qu'une San... Une née moldu était meilleure élève que moi. Alors j'ai commencé à haïr toutes ces personnes à cause desquelles rentrer chez moi devenait un enfer, j'ai commencé à te détester. Ce n'était pas dans mes intentions, mais c'était plus fort que moi ; j'ai ressenti ce besoin de vous faire souffrir tout autant que je souffrais. J'avais ce besoin de vous briser le cœur autant que le mien l'était. Je voulais vous entraîner dans mon enfer, dans ma chute.

La brune ne bougea pas. Son corps se raidit, laissant un courant de frissons le parcourir. Elle prit une grande inspiration, sentant son cœur battre rapidement. Jamais elle n'aurait imaginé que le quotidien du blond, à l'époque, était un tel calvaire. Lui qui était riche, sang-pur, intelligent et beau garçon. Il fallait croire que toutes ces choses ne faisaient pas une bonne famille, et encore moins un bon père. Ce père que Drago défendait, dont le nom ressortait dans toutes les conversations quand il avait un problème, était bien loin d'être celui qu'Hermione s'était imaginé durant toutes ces années.

- "Mon père en entendra parler" ? Demanda-t-elle. Tu m'expliques ?

Il grimaça :

- Vous n'aviez pas la même image que moi de mon père. Quand je vous disais ça, je pensais aux nombreux coups de poings, de pieds, ou pire qu'il pouvait parfois donner sous la colère. Je voulais vous faire peur comme il me faisait peur.

Elle lui adressa un sourire désolé, ne sachant quoi dire de plus.

- Je suis désolé, Hermione.

- Le passé est ce qu'il est. Notre priorité pour l'instant est de nous concentrer sur ton futur.

Il lui adressa un sourire, qu'elle s'efforça de lui rendre. Il baissa de nouveau les yeux, nerveux. Hermione savait qu'il avait envie de pleurer ; les contractions de sa mâchoire, ses doigts qui se tordaient douloureusement et son regard perdu dans le vide ne trompaient pas.

- On peut continuer ?

Il hocha la tête.

- Complice de crime contre le monde magique.

Il fronça les sourcils :

- Qu'est-ce que cela signifie ? Je ne connaissais pas cette accusation.

- Elle a récemment été ajoutée à ton dossier. Cette expression a été empruntée aux moldus, qui eux utilisent celui de crime contre l'humanité ; il est assez difficile de résumer une telle accusation, ce que je peux te dire en revanche c'est qu'ils pensent que tu as contribué à une violation des droits magiques qui concernent des individus de notre monde. Ces violations concernent principalement les races, c'est-à-dire les plusieurs types de sorciers, mais aussi les différentes créatures.

Il secoua la tête :

- Je n'ai tué personne lors de cette guerre, comment peuvent-ils dire cela.

- Cette accusation condamne la moitié des accusés dans cette affaire, et concerne la totalité de la liste du juge. Elle est grave, mais nous pouvons tout de même tenter de la contrer.

- Mais comment ? S'énerva Drago. Comment veux-tu prouver que je n'ai tué personne ?

Elle lui fit signe de se calmer.

- Nous trouverons, il nous reste du temps. La dernière accusation est celle de trahison, qui rejoint la précédente. Ils t'accusent d'avoir trahi Poudlard, selon le règlement intérieur de l'école. Ne vois-tu pas de quoi ils parlent ?

Il hésita un instant :

- Si. Du soir où j'ai fait rentrer les mangemorts dans le château, pour tuer Albus Dumbledore et prendre le contrôle de l'école...

Elle hocha la tête.

- On a du pain sur la planche, Malefoy. Mais on va te sortir de là.

Libère-moi ⎮ DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant