DISCRIMINATION ENVERS LES SORCIERS DE SANG-IMPUR

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Le moment qu'Hermione redoutait le plus arriva. Le juge se redressa, et, empoignant la dernière feuille du dossier, annonça froidement :

- Nous arrivons à la dernière accusation. Monsieur Malefoy, vous êtes accusé d'avoir discriminé des sorciers de sang-impur, par insultes et violences. Souhaitez-vous prendre la parole ?

Le blond jeta un coup d'œil en direction de l'avocate. Elle lui fit un signe de tête lui annonçant qu'il pouvait aller à la barre.

- Oui, maître.

Drago Malefoy se redressa pour la première fois. Assis depuis des heures, il eut du mal à se relever de sa chaise, comme si elle ne faisait plus qu'un avec lui. Il ajusta son costume beige et se dirigea vers la barre.

Hermione observait ses faits et gestes. Le blond, bien qu'il n'eût pas l'air très à l'aise à l'idée de prendre la parole, avait fière allure. Parfaitement coiffé, son costume clair faisait ressortir ses yeux profonds dans lesquels elle se noya quelques secondes.

- Jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ? Demanda le juge.

Drago leva la main :

- Je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

Le juge hocha la tête :

- Nous vous écoutons.

Drago resta silencieux quelques secondes, à observer la foule qui lui faisait face. Hermione priait intérieurement pour que cela ne le déconcentre. Sentant le malaise qui s'emparait du garçon, elle se redressa et se mit à interroger son client, comme pour le diriger dans cette dure épreuve :

- Monsieur Malefoy, pouvez-vous nous dire pourquoi vous agissiez ainsi envers les personnes de sang-impur ?

Il baissa les yeux, honteux.

- Je n'ai jamais détesté qui que ce soit. Certes, il y a eu de la jalousie, mais rien d'autre. Mon père...

Il marqua une pause. Hermione sentit son cœur accélérer, elle qui savait ce qu'il allait annoncer.

- Mon père me battait, dit-il haut et fort.

- En quoi cela a-t-il influencé votre comportement envers les personnes de sang-impur ?

Drago serra la mâchoire.

- Mon père me battait à chaque fois que je rentrais à la maison, à chaque fois à cause d'une personne de sang-impur. Si je perdais un match dans lequel une personne qui n'était pas de sang pur avait gagné, il me frappait. Si j'avais une moins bonne note qu'un élève qui n'était pas de sang pur, il me mettait des coups de poings... J'avais peur de rentrer, peur de l'affronter... À cause de lui, je me suis mis à haïr toutes ces personnes à cause de qui ma vie était devenue un enfer.

La pièce était silencieuse. Le juge aussi. Hermione, le regard froid et triste, s'approcha de la barre où se tenait son client.

- Vous avez développé une sorte de syndrome qui vous poussait à les haïr ?

Il hocha la tête :

- Je voulais qu'ils vivent ce que je vivais à cause d'eux.

- Ainsi, vous nous dites que ce comportement n'était pas le vôtre mais celui d'un être souffrant, qui avait besoin d'aide ? Lui demanda-t-elle.

- Je ne hais personne, j'avais simplement besoin qu'ils me comprennent. Qu'ils comprennent mon quotidien, celui de vivre dans une famille que l'on ne choisit pas.

- Souhaitez-vous ajouter quelque chose ? Demanda le juge en le regardant.

Drago dirigea son regard vers la foule :

- Je présente mes excuses aux personnes que j'ai blessées par le passé. Merci.

Il se redressa et regagna sa place. Le visage sévère du juge parut se détendre légèrement.

- Bien. Quelqu'un souhaite témoigner contre ?

Le pouls d'Hermione s'accéléra, pourtant, rien ne se passa. Elle se retourna pour diriger son regard en direction du roux. Ce dernier plongea ses yeux dans les siens et lui adressa une grimace, l'air désolé. Elle haussa les sourcils.

- Maître Granger, quelque chose à ajouter ?

Elle prit une grande inspiration :

- Oui, maître. J'invoque l'article trois du décret de mille huit-cent quatre-vingt-deux selon lequel un avocat a le droit de prendre la parole en tant que témoin dans sa propre affaire.

Ces mots furent la goutte d'eau qui fit déborder le vase. La foule siffla, hurla, hua la femme qui alla se placer derrière la barre. En face d'elle, Drago affichait un air à la fois choqué et apeuré. Personne ne savait que la Gryffondor prendrait la parole, ce qui visiblement entraînait surprise et colère.

- SILENCE ! Maître Granger, nous vous écoutons.

Elle se positionna fièrement derrière la barre, le torse bombé, les épaules droites.

- Mesdames, messieurs, je vais désormais non plus parler en tant qu'avocate, mais en tant qu'ancienne élève de Poudlard. Je tiens à préciser que je n'ai jamais entretenu de relation amicale avec mon client, ni plus, ce qui fait que je suis totalement dans les règles de défenses. Aujourd'hui, mesdames, messieurs, je m'adresse à vous en tant que victime des propos de mon propre client.

Un blanc s'installa nettement dans la pièce. Tous les regards étaient rivés sur elle. Drago fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'Hermione était en train de faire. Elle reprit :

- J'ai été scolarisée de ma première à ma dernière année à Poudlard, en même temps que Drago Malefoy. Je suis ce que l'on appelle vulgairement une "Sang de Bourbe", c'est-à-dire une sorcière née de parents moldus. Autant vous dire qu'en sang-impur, on ne peut pas faire pire. Lors de mes premières années à Poudlard, j'ai eu plusieurs différents avec mon client, monsieur Malefoy, en raison justement de ce statut que je portais à ses yeux.

Elle marqua une pause.

- Mesdames, messieurs, je suis une Sang de Bourbe, et je défends aujourd'hui une personne qui, par le passé, a pu me blesser par ses paroles. Mesdames, messieurs, ce que vous ne savez pas, c'est que moi aussi, j'ai blessé Drago Malefoy. Indirectement.

Tous se mirent à froncer les sourcils.

- Les insultes et violences que m'envoyaient Drago était au départ très petites, mais au fil du temps, il est vrai que j'ai remarqué une aggravation de cette discrimination envers moi. À aucun moment je ne me suis demandé ; pourquoi ? À aucun moment je ne me suis dit : Hermione, ce garçon a besoin d'aide.

Le public face à elle était dans l'incompréhension totale.

- Vous êtes sûrement en train de vous demander où je veux en venir, n'est-ce pas ?

Certains hochèrent la tête.

- Ce que je cherche à dire là, c'est que ces violences contre moi ont débuté uniquement parce que j'étais meilleure élève que lui. Comme mon client l'expliquait il y a quelques minutes, ses violences verbales et physiques ont commencé uniquement à cause de son père. En première année, Drago est devenu méchant, froid, moqueur uniquement après les vacances de Noël. Est-ce un hasard si, juste avant ces vacances-là, mon bulletin avait été meilleur que le sien ?

Hermione passa nerveusement la main dans ses cheveux :

- Je ne suis pas en train de dire que je méritais ces insultes, je suis simplement en train d'expliquer un fait : mon client est une personne bien. Avant que son père ne lui fasse vivre un cauchemar, Drago Malefoy faisait sa vie, et moi la mienne. Nos quotidiens n'étaient liés que par des cours en communs, mais aucune dispute ne nous divisait.

Le juge haussa les sourcils :

- Pensez-vous que monsieur Malefoy aurait été différent avec vous si son père n'avait pas été là ?

- J'en suis profondément convaincue.

Elle se tourna vers son client :

- Drago, pardonne-moi pour cet enfer que tu as vécu à cause de moi. Je te pardonne.

Les yeux du blond se mirent à briller de larmes.

Libère-moi ⎮ DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant