Mensonges et confidences (XXVII)

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Nous marchions côte à côte, en silence. Hoseok était revenu à moi après son tour de salle et, sans s'arrêter, m'avait aimanté du regard. Mon corps s'était décollé du mur et mes pieds l'avaient suivi.

A présent, difficile de définir qui suivait l'autre. Hoseok avait enfilé un sweat et rabattu la capuche sur sa tête. Ses mains restaient enfouies dans la poche ventrale.

- T'allais craquer, hein ?

Je lui jetai un coup d'œil interrogateur. Je n'étais pas d'humeur à jouer aux devinettes. 

- Tu m'aurais laissé t'embrasser, rectifia-t-il.

Son air goguenard m'agaça. Je haussai les épaules.

- Oui. C'est juste un baiser, ça veut pas dire grand chose.

J'étais surpris de ma propre désinvolture. Pourtant, je ne feignais pas. Le trouble où Hoseok m'avait plongé semblait passager. Je sentais mon cœur froid, comme si le désir qu'il m'inspirait n'avait pas su monter jusque là.

- C'est ce que tu pensais quand t'as embrassé Yoongi ?

- Je n'ai pas embrassé Yoongi, c'est lui qui l'a fait.

- Tu laisserais n'importe qui t'embrasser ?

Il attaquait enfin.

- Pourquoi pas ? provoquai-je. 

En un an, j'avais embrassé plus de gens qu'en dix-neuf ans d'existence. Qu'on ne mette pas tout sur le compte de la vie de débauche des étudiants : les affres du désespoir amoureux m'avaient poussés dans les bras de nombreuses inconnues, surtout après l'anniversaire de Lisa. Dans les bras de Yoongi aussi.

- Il y a des gens pour qui ça compte, déclara Hoseok. Pas moi, enfin pas vraiment, je serais mal placé...

- Pourquoi ?

- J'ai toujours trompé mes copains. Je résiste mal aux beaux garçons.

Il rit.

- Pas Yoongi, par contre, jamais. Je l'aime trop fort.

Je mordais mes lèvres.

- Tu réussis à te projeter et à construire quelque chose avec un gars aussi instable ?

- Sans problème ! C'est lui qui a du mal. Si ça ne tenait qu'à moi, on se fiancerait !

Se fiancer à Yoongi. Finalement, ils étaient deux à être des pros de l'autodestruction.

- Je ne crois pas que c'est le genre de personne avec qui on envisage des gosses et un chien, soupirai-je.

- Moi, j'y arrive, répliqua-t-il en sortant les mains de ses poches pour s'étirer. Je ne suis pas le candidat idéal non plus, regarde. Un orphelin alcoolique...

- Ex-alcoolique, repris-je.

Il me fixa un moment, sans rien dire, et laissa un sourire étrange monter sur ses lèvres. Un sourire lucide. Son visage s'éclaira au lieu de s'assombrir.

- Ça n'existe pas, ex-alcoolique. Je suis un alcoolique qui ne boit plus.

- C'est chouette que le bar accepte de ne pas servir d'alcool, fis-je pour chasser l'ambiance glauque qui arrivait.

- C'est le deal, ça me permet de sortir sans rester tard, dans un environnement clean, et de leur côté ils savent qu'après onze heures les gens vont consommer autre chose que du jus de fruit sucré.

Quand la nuit tombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant