14. Je t'aime, pour toujours

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La noirceur. Je vis dans une totalement noirceur. Aucune lumière. Aucun visage. Seul le sien me hante. Chaque nuit, chaque heure. Pas une seule seconde où mon cœur ne se prend pas de pique par les autres. Pas une seule minute où son esprit quitte le mien. La solitude d'un manque. D'un frère. D'un être. La douleur bat de plus en plus son rythme, m'emmenant dans des sentiments inconnus, mais totalement atroce. Plus aucune raison de me battre, plus aucune raison de me laisser vivre sans lui. Il me manque. Je suis seule, dans un endroit que je ne reconnais plus. Je suis sans aucun repère, aucune carte, aucune main ne met tendue pour que je m'en sorte. Deux jours. Deux affreux jours qu'il est parti. Deux longs jours dans lequel je me noie petit à petit. Je suis sans vie, sans but. Je me laisse crever par le temps et la douleur, sans oublier que personne n'est là pour me rattraper avant que je me fracasse la gueule. Personne.

« Silver, on va y aller, m'avertit mon père au pied de ma chambre. »

« J'arrive. »

Je le vois se retourner dans le miroir, et reporte une nouvelle fois mon regard sur mon reflet. J'inspire fort avant de tout relâcher. La seule chose à laquelle je vais devoir face aujourd'hui, ce sont les larmes. Ces stupides et cruelles larmes, que je hais à chaque passage sur ma peau, reflétant le visage d'Alec. Aucun scrupule, aucune morale. Juste du dégoût et de la haine. Je passe une dernière fois ma main sur ma robe. J'espère que de là où tu te trouves Alec, tu vois l'état de notre journée.

Je soupire me rendant compte de chaque stupidité que je sors. J'enfile mon cavant, et glisse mon mobil dans la poche droit de mon manteau de couleur bleu marine. Alec adorait le bleu marine. Je sors définitivement de ma chambre, lorsque mon regard fractionne avec la porte de la chambre d'Alec. Cette porte que j'ai si souvent claquée, autant que je l'ai ouverte. Cette porte qui me reliait à son univers. Tout est devenu étincelle, en un fragment de balle irrécupérable.

J'inspire une nouvelle fois, bombant mes poumons d'aire fraîche inondée par la douleur, mais j'en ai besoin, pour ne pas m'effondrer. Je descends les marches une par une, laissant ma main glisser sur la rambarde. Ma mère est plantée comme un piquet devant la cuisine, ses paupières sont gonflées et son visage est dur que ça me raille encore plus. Elle relève la tête, et me regarde avant de me lancer un faible sourire. Un sourire qui montre que tout va bien, alors qu'au fond, elle crève.

« Tu es prête ? me demande-t-elle. »

« Oui. »

« Ton père nous attend dans la voiture. »

J'hoche la tête, et la rejoins à l'entrée de la cuisine. Il faut seulement être fort. Ne pas sombrer pour deux. Je serre mes mains autour d'elle, pour sentir ses mains se poser autour de mon dos. Je me retire, et remarque les deux trois larmes qui viennent lui glisser au coin de l'œil. Je me mors la lèvre inférieur, n'aillant jamais vu cette horreur-ci.

« Ca va aller, je te le promets, essayant de m'en convaincre moi-même. »

« Nous n'avons pas le choix, dit-elle d'une voix brisée. »

« Faisons-le pour lui maman, rendons ce choix facultatif en son honneur. »

Elle bouge sa tête de bas en haut doucement et tapote doucement sur les larmes qui ont osé se pointer. Je lui attrape la main, et nous sortons tous les deux, ensemble, de la maison. Elle ferme la maison à clé avant d'échapper un sourire, mais je lui presse délicatement pour lui montrer que tout va bien se passer. Nous nous retournons ensemble, lorsque j'aperçois Justin à deux mètres du perron les mains dans les poches, avançant vers nous. Ma mère me regarde sous l'incompréhension.

FATAL POISONING (W/ J.B) || TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant