8. Tu n'es qu'une sale menteuse!

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Inspirer. Expirer. Ne pas pleurer. Tout s'en va. Chaque souvenir, chaque sourire, chaque moment, chaque cri, chaque baiser, chaque repas. Tout part, comme si ça n'avait jamais existé, comme si c'était complètement irréel. Le plus dure dans tout cela c'est d'être impuissante. De regarder tout se détruire, et rien pouvoir sauver, comme si j'étais dans une cage, et que la seule chose que je pouvais faire, c'était de regarder la scène comme ma propre punition. Je me lève, sentant mes jambes trembler dans mon jean, mon cœur se noue comme si on le pressait telle une orange. Je frotte mes doigts, se glaçant lorsqu'ils sentent encore le morceau de papier. Moi qui te croyais parti.

« Tu ne me laisseras pas dans le secret, me lance Justin dans l'oreille. »

« Laisses tomber, ça n'a aucune importance. »

« Ca ? dit-il en montrant la maison du doigt, ça, ça n'a aucune importance ? La maison dans laquelle tu vivais vient littéralement d'exploser, et tu oses me dire que ça n'a aucune importance ? dit-il en haussant le ton. »

Je ne réponds pas, me concentrant sur le son de sirène qui retentit dans tout le quartier. Je vois le camion se garer en plein milieu de la rue. Une dizaine d'hommes sortent précipitamment de l'engin, alors que je ne cesse de fixer ma maison. Il est bien de trop tard, tout est déjà fini. Tout est parti. Pourquoi ne me laisses-tu pas tranquille ? Pourquoi faut-il toujours que tu reviennes ? Je veux juste que tu t'en ailles. Tu m'as pris ce que j'aimais le plus, ça ne te suffit pas ? J'ai payé pour tout ce que j'avais fait, je ne te laisserais pas faire plus de mal autour de moi, que ce soit à ma famille, à mes amis ou bien même à Justin ... Justin. Il ne faut pas qu'on reste là. J'attrape sa main et je m'avance vers sa voiture.

« Tu fais quoi là ? »

« On s'en va. »

« On va où exactement ? »

« Arrête avec tes questions. »

« Je suis pas ton pote ok ? Dit-il en m'attrapant le bras alors que je m'apprêtais à me retourner. »

« Rentre sur Dallas, je me débrouillerais toute seule. »

Je me retourne, fourre mes mains dans les poches de ma veste, et avance sur le trottoir du quartier. Je souffle fortement alors que je sens la douleur revenir mais je ne veux pas avoir mal, je veux juste croire que ce n'est qu'un pincement sans importance. Mon père m'a toujours dit que sur une blessure seulement trente pourcent de la douleur est réel et que le reste n'est juste qu'une imagination. Je glisse mon regard vers la gauche, reconnaissant ses moments nombreux que nous avons passés ensemble, tous les trois, le plus souvent le weekend ou après les cours. Je cligne des yeux, les baissant vers le sol alors que je sens mon cœur laisser filer un peu de douleur, laissant échapper cette souffrance, ce manque interminable.

Je ne suis pas faible, je ne veux pas l'être mais j'en ai besoin pour ne pas exploser, pour ne pas me laisser sans fin. Je prends le virage, reconnaissant parfaitement chaque centimètre carré de ce qu'il se tient devant moi. Je prends une forte inspiration, alors que le jour s'affaiblie à son tour, laissant la nuit prendre sa place pour presque douze heures.

Je fixe la maison devant moi. Comment oublier ? Comment oublier tout ce que nous avons fait dans cette maison ? Tout ce que nous avons vécu ? Ce que nous avons construit, ou bien même détruit. C'est complètement ineffaçable. Je souris, alors que je sens mon cœur se nouer. J'élance mon premier pas, alors que je ressers mes points dans mes poches. Mon sang valse contre les parois de mon corps, mes os se fragilisent, c'est une sensation que j'avais eu la dernière fois que je les revoyais, mais aujourd'hui, c'est différent, aujourd'hui, Ryan est plus là.

FATAL POISONING (W/ J.B) || TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant