16. Je ne veux pas m'en sortir

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Sept heures. Longues voire complètement interminables. Je suis là, dans cette pièce blanche, écoutant la mer s'éclater au loin contre le sable. Mon cœur cogne contre ma poitrine doucement, et les poilent de mes jambes s'hérissent à chaque coup de vent qui s'introduit par la fenêtre. La tête relevée contre le mur où mon dos s'appuie, je reste là, à fixer le sol, me demandant quand la prochaine visite sera. Ou du moins, la première qu'on m'autoriserait. Je suis là, depuis sept heures, et je n'ai aucune nouvelle de personne. Je les entends murmurer au loin, mais mon ouïs n'est pas assez développé pour me permettre d'écouter leurs paroles. Je soupire fortement avant de passer une main chaude sur mon front, la remontant dans mes cheveux, laissant mes doigts glisser le long de leur fine masse.

A l'entende de la poignée, je me redresse sur mes deux mains, collant mon dos encore plus contre la paroi du mur. La porte s'ouvre doucement. Je reconnais ses baskets courtes, et le vent qui balaie son odeur dans la pièce vient me chatouiller les narines. Justin. Son visage apparaît et je croise son regard si cru. J'avale difficilement ma salive et le regarde refermer la porte avant de prendre une chaise en bois et de s'installer en face de moi, glissant ses jambes de chaque côté du dossier. La bouteille d'eau qu'il tient dans les mains se pose délicatement sur la couette du lit. Je visionne la pièce une nouvelle fois et finit par poser mon regard sur lui, resserrant mes bras autour de mes jambes.

« Où est-ce que nous sommes ? Demandais-je faiblement sans le quitter du regard. »

« Là où on peut te sauver, me répond-t-il sans aucune faille. »

Je détourne le regard sans même le vouloir. Les paroles de mon père se bloquent en boucle dans mon esprit, pointant mon cœur du bout d'une aiguille. Tout est fini. Il ne veut plus de moi. La personne avec qui moi et Alec avions l'habitude d'aller voir des matchs refuse littéralement de moi. Il me renie, et je suis impuissante. Je tente de garder les yeux ouverts, même si j'aimerais plaquer mes mains de chaque côté de ma tête et dire stop, mais je ne peux pas. Je dois garder la souffrance de mon erreur.

Un bras étranger se pose le long de mon cou, jusqu'à coller ma tête contre son torse. Je ferme les yeux. Je craque. J'ai tout perdu et je ne peux pas m'en sortir, tout est finit, tout est une histoire mortelle.

« Ca va aller, je te le promets, me chuchote-il dans l'oreille. »

Je veux y croire, je jure que je veux y croire, mais tout me semble fou, tout résonne faux. Mais je ne veux pas avancer, car tout est mieux là où la douleur perce. Nous vivons dans une souffrante vie. Nous vivons de cette douleur pour avancer, mais parmi nous, certains arrivent à surmonter la peur d'être heureux, d'autres reculent encore sans prendre la peine de faire le premier pas. J'ai essayé tout s'est écroulé, je ne veux pas reprendre le risque. La chute est trop dure.

Je pose ma main sur son torse et relève doucement la tête, tombant sur ses lèvres. Ses fines et roses lèvres. Les battements de mon cœur bourrinent agréablement dans ma poitrine. L'envie d'y re-goûter me tord l'esprit. Je cligne des yeux, et monte vers son regard. C'est la première fois que je prends cette peine-là. La couleur clair de ses yeux m'envoute pleinement. Ils sont si beaux, et si doux voire calmes, tendres et reposants. Je rapporte à nouveau mon regard sur ses deux lèvres, inspirant fortement. Je le sens, j'en ai envie.

Sa main glisse le long de mon ventre, laissant sous-voler mon tee-shirt de tissue fin blanc. Mon corps coulisse le long du mur et se trouve agréablement allongé sur le lit. Je tiens fermement le col de son marcel noir, et sens son corps, se placer à côté du mien. Sa main remonte vers ma poitrine, mais s'arrête juste en dessous. Son visage se tient au-dessus du mien, à quelques centimètres. Je resserre ma main au bord de son teeshirt. Je crois que j'en ai besoin.

FATAL POISONING (W/ J.B) || TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant